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Critique de Piatka


Quel bouquin inouï !

Après 1016 pages de lecture, c'est un peu court comme avis, j'en conviens. Mais comme il est hors de question que je me perde dans un résumé de toute façon impossible, voici le pitch minimal : « Quatre variations biographiques pour un seul personnage, quatre répliques de Ferguson (le personnage principal) qui traversent d'un même mouvement l'histoire américaine des fifties et des sixties. »
Passons à l'essentiel maintenant : les raisons pour lesquelles j'ai beaucoup aimé ce roman, même si j'aurais préféré que quelques passages soient moins longs.

1.4 C'est d'abord et avant tout un formidable récit à la construction très originale. Une aventure vivante, foisonnante, gargantuesque comme on en lit peu. Quatre scénarios pour un héros, jeune garçon juif de Newark né en 1947 (comme Auster), ses amours, ses amis, sa famille, dont les vies sont diversement impactées par les aléas rencontrés dans le labyrinthe narratif imaginé par Paul Auster. Mais attention, ces possibilités ne se succèdent pas basiquement en quatre parties, mais en sept qui se déclinent en quatre variations, quatre destinées différentes qui s'entremêlent. C'est beaucoup plus sioux à suivre, intellectuellement palpitant. Au début, j'ai cherché à regrouper chaque scénario au fil de ma lecture pour finir par admettre que l'aléatoire avait un charme certain et qu'il valait mieux me laisser embarquer, quitte à me perdre pour mieux me retrouver plus tard.
Et ça fonctionne !

1.3 Ça fonctionne parce que Paul Auster a un incontestable talent de conteur, une agilité d'écriture qui m'épate, bref une grande maitrise du job d'écrivain. En même temps qu'il s'amuse autour de ce que j'appelle « Les variations Ferguson », à hauteur d'hommes et de femmes, il revisite l'histoire de son pays et les principaux évènements marquants depuis la seconde guerre mondiale jusqu'à la fin des années soixante. Ses personnages les traversent, les impactent. C'est très habilement fait, même si, de mon point de vue, le fait de s'apesantir parfois sur des évènements historiques nuit au rythme du roman et à sa souplesse singulière. Comme ceux par exemple des révoltes étudiantes, sur lesquelles il revient à plusieurs reprises.

1.2 « Quelle idée intéressante de penser que les choses auraient pu se dérouler autrement pour lui, tout en restant le même. » C'est bien le coeur du roman selon moi : la quête de l'identité véritable du héros, l'illustration de sa fragilité aussi, soumis à des variations de destinée. Selon que son père meurt, fait faillite ou réussit, pour ne prendre qu'un exemple parmi les multitudes de variations mineures ou majeures.
Roman multiple, certes, mais très autobiographique. Les références personnelles qu'elles soient littéraires, cinématographiques, sportives (le baseball évidemment) abondent et éclairent sur « Les passions Auster ».
C'est le roman d'une vie !

1.1 L'« Austeur » n'est donc jamais loin, devenant finalement comme Ferguson, ou Ferguson comme lui, un personnage de fiction. Quand vous aurez croisé Les variations Ferguson avec Les passions Auster, au terme de plus de mille pages de lecture (oui, je sais c'est énorme et lourd à porter, mais tellement passionnant), vous en saurez peut-être un peu plus sur vous-mêmes car comme le disait déjà Paul Auster dans La pipe d'Oppen :
« L'être humain a besoin d'histoires. Sans elles, il est impossible d'imaginer la vie. »
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