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EAN : 9782330129835
1213 pages
Actes Sud (08/01/2020)
4.1/5   951 notes
Résumé :
À en croire la légende familiale, le grand-père nommé Isaac Reznikoff quitta un jour à pied sa ville natale de Minsk avec cent roubles cousus dans la doublure de sa veste, passa Varsovie puis Berlin, atteignit Ham- bourg et s’embarqua sur l’Impératrice de Chine qui franchit l’Atlantique en essuyant plusieurs tempêtes, puis jeta l’ancre dans le port de New York au tout premier jour du XXe siècle. À Ellis Island, par une de ces bifurcations du destin chères à l’auteur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (210) Voir plus Ajouter une critique
4,1

sur 951 notes
Quel bouquin inouï !

Après 1016 pages de lecture, c'est un peu court comme avis, j'en conviens. Mais comme il est hors de question que je me perde dans un résumé de toute façon impossible, voici le pitch minimal : « Quatre variations biographiques pour un seul personnage, quatre répliques de Ferguson (le personnage principal) qui traversent d'un même mouvement l'histoire américaine des fifties et des sixties. »
Passons à l'essentiel maintenant : les raisons pour lesquelles j'ai beaucoup aimé ce roman, même si j'aurais préféré que quelques passages soient moins longs.

1.4 C'est d'abord et avant tout un formidable récit à la construction très originale. Une aventure vivante, foisonnante, gargantuesque comme on en lit peu. Quatre scénarios pour un héros, jeune garçon juif de Newark né en 1947 (comme Auster), ses amours, ses amis, sa famille, dont les vies sont diversement impactées par les aléas rencontrés dans le labyrinthe narratif imaginé par Paul Auster. Mais attention, ces possibilités ne se succèdent pas basiquement en quatre parties, mais en sept qui se déclinent en quatre variations, quatre destinées différentes qui s'entremêlent. C'est beaucoup plus sioux à suivre, intellectuellement palpitant. Au début, j'ai cherché à regrouper chaque scénario au fil de ma lecture pour finir par admettre que l'aléatoire avait un charme certain et qu'il valait mieux me laisser embarquer, quitte à me perdre pour mieux me retrouver plus tard.
Et ça fonctionne !

1.3 Ça fonctionne parce que Paul Auster a un incontestable talent de conteur, une agilité d'écriture qui m'épate, bref une grande maitrise du job d'écrivain. En même temps qu'il s'amuse autour de ce que j'appelle « Les variations Ferguson », à hauteur d'hommes et de femmes, il revisite l'histoire de son pays et les principaux évènements marquants depuis la seconde guerre mondiale jusqu'à la fin des années soixante. Ses personnages les traversent, les impactent. C'est très habilement fait, même si, de mon point de vue, le fait de s'apesantir parfois sur des évènements historiques nuit au rythme du roman et à sa souplesse singulière. Comme ceux par exemple des révoltes étudiantes, sur lesquelles il revient à plusieurs reprises.

1.2 « Quelle idée intéressante de penser que les choses auraient pu se dérouler autrement pour lui, tout en restant le même. » C'est bien le coeur du roman selon moi : la quête de l'identité véritable du héros, l'illustration de sa fragilité aussi, soumis à des variations de destinée. Selon que son père meurt, fait faillite ou réussit, pour ne prendre qu'un exemple parmi les multitudes de variations mineures ou majeures.
Roman multiple, certes, mais très autobiographique. Les références personnelles qu'elles soient littéraires, cinématographiques, sportives (le baseball évidemment) abondent et éclairent sur « Les passions Auster ».
C'est le roman d'une vie !

1.1 L'« Austeur » n'est donc jamais loin, devenant finalement comme Ferguson, ou Ferguson comme lui, un personnage de fiction. Quand vous aurez croisé Les variations Ferguson avec Les passions Auster, au terme de plus de mille pages de lecture (oui, je sais c'est énorme et lourd à porter, mais tellement passionnant), vous en saurez peut-être un peu plus sur vous-mêmes car comme le disait déjà Paul Auster dans La pipe d'Oppen :
« L'être humain a besoin d'histoires. Sans elles, il est impossible d'imaginer la vie. »
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J'ai fini le roman "4321" de Paul Auster, j'ai ralenti tant que j'ai pu ma lecture mais voila l'histoire est finie.
Vous connaissez surement la trame du roman, la vie d'Archibald Ferguson et ses quatre destins.
Il y a une phrase que tout le monde s'est posé au moins une fois dans sa vie; " Qu'aurait été mon existence si j'avais rencontré telle personne, si j'avais pris telle chemin..."
La vie est faite de hasard heureux et malheureux.
Archie est un personnage attachant, il est bosseur, fidèle en amitié pas très heureux en amour. Sa vie suit son petit bonhomme de chemin, du New-Jersey à New-York de l'université de Princeton à celle de Columbia, son amour des livres, de la musique ou encore du cinéma. Bien sur la vie lui fait des crocs en jambes, des accidents de la vie, des retours de manivelles.
Pendant plus de 1000 pages on déambule dans les couloirs du temps, de la guerre froide aux assassinats des frères Kennedy, des émeutes raciales au meurtre de Martin Luther King pour finir à la guerre du Viêt-Nam.
Paul Auster a su encore une fois me surprendre et m'étonner.
"4321" n'a rien à voir avec ses romans précédents, le style a changé, des phrases plus longues un point de vue politique intéressant dans cette Amérique en pleine effervescence.
j'ai adoré ce roman à tiroir, je vous le recommande vivement.
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Depuis le temps que j'attendais cela (7 ans en fait) : Paul Auster a enfin sorti un nouveau roman, 4 3 2 1, un beau pavé de 1016 pages.

Je suis émue tellement j'ai savouré ces deux semaines en compagnie d'Archie Ferguson. Un énorme coup de coeur. Quand on est fan depuis un quart de siècle, ça fait du bien ! Quel pied !

Le 1er janvier 1900, Isaac Reznikoff arrive en Amérique. Suite à l'erreur d'un fonctionnaire, il va devenir Ichabod Ferguson « Un Juif russe transformé en presbytérien écossais de quinze traits au stylo sortis de la plume d'un autre. » Ichabod est le grand-père d'Archie.

Archie est né le 3 mars 1947 (un mois après Paul Auster ^_^ ) et c'est son histoire en quatre déclinaisons que Paul Auster nous propose. Au début, j'ai eu un peu de mal à resituer chaque Archie dans son contexte (vu que les histoires se chevauchent) mais en fin de compte, c'est tellement mieux que s'il avait découpé son roman en quatre parties distinctes. Quoi qu'il en soit, il est plus que probable qu'un jour je relise chaque vie séparément… juste comme ça, pour le plaisir.

On y retrouve tout ce qui fait l'univers de l'auteur : l'immigré juif, l'absence du père, la chance/le hasard (au choix), le base-ball, New York, etc. Mais aussi il y a tous ces petits clins d'oeil qui m'ont ravie : Laurel et Hardy (cfr sa pièce Laurel et Hardy vont au Paradis), Anne Frank, Paris, la traduction de poètes français, l'écriture, le Moon Palace et ces personnages qui sont venus faire une apparition : David Zimmer (Le livre des illusions) et Marco Fogg (Moon Palace).

C'est aussi un livre sur l'histoire de l'Amérique jusqu'en 1970. Bon, il y a avait quand même quelques passages un peu trop longs (sur les troubles survenus à l'Université de Columbia en 1968 par exemple) mais dans l'ensemble c'était quand même intéressant.

Le seul petit bémol (qui ne me fera pas baisser ma note de 5 étoiles) est que j'ai été un peu déstabilisée

C'est un roman remarquable avec une galerie impressionnante de personnages qui se croisent (ou pas) d'une vie à l'autre.

J'ai vraiment adoré la fin, que je n'avais pas vue venir (c'est encore mieux).



Challenge pavés 2018 (2-3)
Challenge multi-défis 2018 (69)
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4 grands thèmes récurrents : l'écriture, la judéité, le sexe, l'engagement.
4 trajectoires de vie possibles.
4 Archie Ferguson
4 personnages-clés, au premier ou second plan: la mère en majesté; la figure paternelle, souvent père de substitution; le pote/ le double/ l'alter ego ; l'"Amy" perdue ou retrouvée,.

3 lieux pivots: les limbes- banlieue, camps de vacances- , New York: le nombril du monde, Paris: paradise lost ou paradise regained.
3 passions annexes : le baseball, le cinéma, le journalisme.
3 générations d'Ichabod à Archie, en passant par Stanley.

2 blagues juives fondatrices aux 2 endroits stratégiques.
2 décades prodigieuses et 2 morts ...

..+ 1 finalement...nolens volens..

____________
= 1 roman de 1000 pages haletant, passionnant, plein d'empathie et d'ironie, plein de tourment et de piment, si personnel et pourtant si universel.

4 3 2 1 : Magnifique come back du grand Paul Auster!
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Découvert ce livre juste après la sortie de son édition originale anglaise (et lu dans cette langue donc, la traduction française n'étant pas encore disponible, Actes Sud a annoncé 2018) bien en évidence sur la table des nouveautés d'une librairie anglophone bruxelloise alors que j'attendais une amie pour aller dîner au restau d'en face. Une découverte de l'existence de ce livre somme toute très austérienne car le complet fruit du hasard. En effet si j'ai pas mal lu Auster il y a quelques années, j'ai un peu décroché récemment et n'avais aucune idée que ce livre était sorti et était visiblement très attendu (d'après de que j'ai pu glâner sur internet après son achat).
Certains décrivent ce livre comme son "chef-d'oeuvre". Je serais plus réservée car je préfère le Paul Auster des oeuvres plus anciennes, où sa "petite musique du hasard" s'alliait à une sorte de poésie confinant au fantastique. Les livres plus récents d'Auster m'ont moins emballée car si sa petite musique y est toujours présente, sa narration est devenue simplement réaliste et ce livre-ci n'y fait pas exception.
Cependant je comprends par ailleurs ceux qui y voient un livre majeur dans l'oeuvre d'Auster. Car il s'agit sans doute de son bouquin le plus personnel et, au surplus, sorti alors qu'il célèbre ses 70 ans, sans doute un livre "bilan", en quelque sorte.
J'ai lu quelque part qu'Auster était sorti "épuisé" de son écriture. Ca se comprend car "la bête" est i m p r e s i o n n a n t e, 866 pages d'un format assez grand et couvertes de caractères relativement petits pour une édition originale "harcover". L'édition française dépassera sans nul doute allègrement les 900 pages.
Une telle longueur, vraiment inhabituelle chez Auster, s'explique par le fait que ce livre est un "4 en 1" car il s'agit de raconter la vie d'un certain Archibald ("Archie") Isaac Ferguson (ou plutôt sa jeunesse, de sa naissance à l'âge de 23 ans) en quatre versions différentes. Il s'agit bien du même personnage entouré de la même famille mais un événement affectera son père dans sa petite enfance qui changera le cours de son existence. le père, doté d'un certain esprit d'entreprise mais, malheureusement pour lui, également encombré de deux frères "parasites", ouvre un magasin d'appareils ménagers. Dans la première vie d'Archie le magasin de son père est le théâtre d'un cambriolage orchestré par ses deux frères en manque d'argent. Dans la seconde vie d'Archie le magasin part en fumée à la suite d'un incendie provoqué par ses frères. Dans la troisième vie d'Archie, la même chose se passe que dans la seconde sauf - détail capital - que son père meurt dans l'incendie en question. Enfin dans la quatrième vie d'Archie, tout se passe bien du moins en ce qui concerne les affaires de son père rapidement débarrassé de ses frères toxiques.
Partant de ces prémisses, la vie d'Archie va prendre des orientations forcément très différentes, qu'il s'agisse des lieux où il va grandir, de l'évolution de ses parents et en particulier de sa mère (qui survit dans les quatre versions) rejaillissant sur lui, des écoles et universités qu'il va fréquenter, des amitiés et amours nouées etc. Toutefois il y aura deux constantes quel que soit l'Archie considéré : son attachement pour une certaine Amy et sa prédisposition pour l'écriture...
Comme je le disais il s'agit indubitablement de l'oeuvre d'Auster la plus inspirée par sa propre jeunesse. Comme Auster Archie est né en 1947 de parents juifs dans le New Jersey. Comme Auster ses Archie (à une intéressante exception près) vivront la vie de banlieusards aspirant à rejoindre New York pour y vivre la vie trépidante du citadin immergé dans la culture. Comme Auster, ses Archie passeront des périodes de leur jeunesse en France. Certaines anecdotes (j'ai lu ça ensuite dans des interviews) ou événements jalonnant l'enfance de ses Archie sont également inspirés de faits vécus par Auster (notamment lors de ses camps de vacances d'été). Le plus pénible pour un européen continental est que comme Auster ses Archie sont passionnés par le baseball. Il s'agit là d'un tic de plus en plus omniprésent, me semble-t-il, dans les bouquins d'Auster et, franchement, on baille profondément lorsqu'il consacre des pages à narrer les exploits d'obscurs héros baseballeurs des années 30 aux années 60 et on s'empresse de sauter le passage... Heureusement le décrochage des phases baseball ne nuit pas à la lecture et à la compréhension du reste (du moins je l'espère)....
Un conseil : n'entamez pas la lecture de ce livre si vous n'êtes pas sûr de pouvoir vous libérer des périodes de lecture significatives et rapprochées s'étirant sur plusieurs semaines. En d'autres termes il est à mon sens impossible d'en entamer la lecture, de le poser quelques jours et de le reprendre ensuite. La narration parallèle de l'histoire des quatre Archie n'est pas des plus aisées à suivre, d'autant plus que les différences de parcours entre eux sont parfois assez subtiles. Au début je me suis demandée si je ne devrais pas établir des fiches résumant l'histoire de chacun des Archie afin de ne pas tout mélanger (la structure est celles de chapitres se subdivisant en sous-chapitres pour chacun des Archies, on passe donc constamment de la vie de l'un à celle des autres). Puis je me suis dit que le mieux était probablement de me "laisser aller" et que, de toute façon, s'il s'avérait nécessaire de faire des fiches cela voudrait dire qu'il s'agit d'un mauvais bouquin. Mon intuition a été la bonne car une fois que l'on a pu passer les deux premières chapitres on s'habitue au mode de narration et que si l'on mélange probablement un peu cela ne prend pas des proportions gênantes et, après, tout il s'agit bien du même personnage en quatre déclinaisons. Il faut dire que la tâche se trouve au surplus facilitée du fait de la disparition très rapide (malheureusement pour lui) de l'un des quatre Archie (dès le second chapitre), ce qui nous laisse trois Archie pour l'essentiel du bouquin et, perso, j'ai trouvé trois Archie beaucoup plus gérables que quatre.
Au final quelle appréciation ?
Personnellement je regretterai sans doute toujours les oeuvres plus anciennes d'Auster. Ce bémol étant fait il s'agit d'un bouquin plus que "solide" et qui dépasse de très loin en qualité la plupart des livres sortis (trop rapidement et trop aisément encensés) aujourd'hui. Evidemment cette nouvelle variation sur la petite musique du hasard, qu'Auster a lui-même popularisée, ne surprend plus aujourd'hui (du moins si on a déjà lu du Auster) mais que l'auteur se l'applique désormais à ce point à lui-même ne manquera pas d'intéresser ses fidèles lecteurs. Quant à ceux qui ne le connaissent pas encore, il seront probablement impressionnés. Pour ma part, sans être totalement convaincue je suis contente de l'avoir lu. Au-delà de l'histoire d'Archie d'ailleurs j'ai particulièrement apprécié le récit des faits historiques (les années 60 contestataires, révélatrices d'une crise dont on dirait que celle-ci n'a jamais cessé depuis, personnellement je ne savais pas que les prémisses de notre "mal" actuel remontaient au-delà des années 70; à en croire le récit d'Auster il semblerait bien pourtant que ce soit le cas) accompagnant la petite histoire d'Archie. A ce niveau Auster, qui a connu l'époque mais qui a aussi pris le soin d'une recherche historique soigneuse - contrairement à pas mal d'auteurs plus jeunes -, nous distille une autre petite musique, celle du caractère circulaire de l'histoire et que, sans nul doute, notre époque gagnerait beaucoup à se réintéresser au passé pour en tirer les leçons appropriées...
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critiques presse (9)
LesEchos
06 février 2023
L'histoire du jeune Archie Ferguson, petit-fils d'immigrant venu de Minsk, y est racontée à quatre époques de son existence déclinées en quatre alternatives qui constituent autant de possibilités déterminées par le cours des choses.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeJournaldeQuebec
16 février 2018
C’est sans conteste le plus grand – pour ne pas dire le plus gros ! – événement littéraire de ce début d’année. Parce que ça faisait sept ans qu’on attendait un nouveau Paul Auster, et parce que ce nouveau Paul Auster est tout simplement génial !
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeFigaro
13 février 2018
Son dernier roman, 4321, est truffé de références à la France comme souvent dans son œuvre.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
31 janvier 2018
L’auteur de "La Musique du hasard" imagine quatre variantes d’une vie. Derrière son héros, il retrace sa jeunesse dans son roman le plus politique.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Lexpress
22 janvier 2018
L'auteur de la Trilogie new-yorkaise, star des lettres américaines dans les années 1980-1990, publie un magnifique roman somme, 4 3 2 1. Mille pages, pas moins.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Bibliobs
18 janvier 2018
Le plus francophile des écrivains américains revient avec "4321". Il est au sommet de sa forme.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Culturebox
10 janvier 2018
Auster inaugure un dispositif narratif inédit en déclinant 4 scénarios possibles pour son personnage, dont la somme dessine un portrait d'une grande profondeur, l'histoire des Etats-Unis en toile de fond. "4 3 2 1" est un roman exceptionnel.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LePoint
08 janvier 2018
Dans « 4 3 2 1 », l'écrivain invente quatre vies à son héros, signant un roman sur l'impact de nos choix.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeMonde
08 janvier 2018
Le romancier américain est convaincu de la place centrale du fortuit dans toute vie. Il pousse cette obsession à son comble en imaginant quatre destins divergents au héros de « 4 3 2 1 ».
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (197) Voir plus Ajouter une citation
Ce n’est pas parce qu'on a
les moyens de s’acheter une chose qu’il faut se offrir. J’aime bien notre maison et je pense qu’on devrait y rester. Si nous avons plus agent que nécessaire, on peu le donner à quelqu'un qui en a plus besoin que nous. Quelqu'un qui meurt de faim, un vieillard infirme, une personne qui n'a pas du tout d'argent. Le depenser seulement pour nous ce n'est pas juste. C'est égoiste.
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D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Ferguson avait toujours regardé la fille dessinée sur les bouteilles de White Rock. C'était la marque de l'eau de Seltz que sa mère achetait quand elle faisait ses courses deux fois par semaine au magasin A&P, et comme son père était fermement convaincu des vertus de l'eau de Seltz, il y avait toujours une bouteille de White Rock sur la table du dîner. Ferguson avait donc étudié la fille des centaines de fois, et il gardait la bouteille à proximité pour pouvoir observer l'image en noir et blanc de son corps à moitié nu sur l'étiquette, cette fille séduisante, d'une élégance sereine avec ses petits seins nus, un pagne blanc drapé autour des hanches qui s'ouvrait pour dévoiler sa jambe droite dans toute sa longueur, la jambe qui figurait au premier plan et qu'elle avait repliée sous elle tandis qu'elle se penchait en avant, prenant appui sur ses mains et ses genoux pour regarder dans une vasque d'eau le rocher en surplomb sur lequel elle était perchée et qui portait justement le nom de White Rock, et ce qu'il y avait de curieux et même d'improbable à propos de cette fille c'est qu'elle avait deux ailes diaphanes dans le dos, ce qui signifiait qu'elle était plus qu'humaine, que c'était une déesse ou une sorte d'être enchanté et comme ses membres étaient si frêles et qu'elle donnait l'impression d'être si petite, elle avait plus l'air d'une fille que d'une femme adulte si on ne tenait pas compte de ses seins - les seins en bourgeons d'une jeune fille de douze ou treize ans -, et avec ses cheveux soigneusement relevés qui laissaient à nu la peau lumineuse de son cou et de ses épaules, c'était le genre de fille qui pouvait sérieusement inspirer un garçon et quand celui-ci devenait un peu plus grand, disons vers douze, treize ans, la fille de White Rock pouvait très bien se transformer en un véritable fantasme érotique, un appel vers un monde de passion charnelle et de désirs brûlants, et quand cela arrivait à Ferguson, il s'assurait que ses parents ne le regardaient pas tandis qu'il contemplait la bouteille.
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Elle s'appelait Julie.
Il avait déjà payer ses vingt-cinq dollars à la grosse Mme M. qui fumait comme un pompier (pas de réduction pour jeunes débutants), et comme Terry avait lourdement et crûment claironné que la bite de Ferguson n'avait jamais connu la chatte, ce n'était pas la peine de faire semblant d'avoir déjà pris cette route, la route en l’occurrence étant un étroit couloir qui menait à une petite chambre sans fenêtre meublée d'un lit, d'un lavabo et d'une chaise, et tandis que Ferguson empruntait ce couloir en suivant l'admirable derrière ondulant de la jeune Julie, la bosse de son pantalon ne cessait de grossir à tel point qu'arrivés dans la chambre, quand Julie lui demanda de se déshabiller elle regarda sa bite et lâcha : Ben dis donc tu bandes vite, petit, et cela plut énormément à Ferguson de savoir qu'il était assez viril pour avoir une érection plus rapide que la plupart de ses clients adultes, et tout à coup il se sentit heureux, plus du tout angoissé ni effrayé même s'il ne maîtrisait pas parfaitement les règles de base de la rencontre comme lorsqu'il essaya de l'embrasser sur la bouche et qu'elle rejeta la tête en arrière en disant, pas de ça, chéri, garde ce truc pour ta petite amie mais elle le laissa poser ses mains sur ses seins menus et l'embrasser sur l'épaule, et comme c'était bon quand elle lui lava la bite au lavabo avec du savon et de l'eau chaude et c'était encore meilleur quand il accepta ce qu'elle appelait un moitié-moitié sans savoir ce que c'était (fellation + copulation) et ils s'allongèrent sur le lit et la première moitié du moitié-moitié fut tellement agréable qu'il eut peur de ne pas tenir le coup jusqu'à la deuxième moitié, mails il y arriva malgré tout et ce fut la meilleur partie de toute l'aventure, celle qu'il espérait depuis si longtemps, dont il rêvait depuis si longtemps, la pénétration si longtemps différée dans le corps d'une autre personne, l'acte d'accouplement, et les sensations d'être à l'intérieur d'elle furent si puissantes que Ferguson ne put se retenir et qu'il jouit presque immédiatement, si vite qu'il regretta de ne pas s'être mieux contrôlé, de ne pas avoir été capable de différer l'orgasme au moins de quelques secondes.
On peut recommencer ? demanda-t-il.
Julie éclata de rire, un gigantesque accès d'hilarité qui rebondit sur les murs de la minuscule chambrette. Puis elle dit : Tu jouis, t'es fini, petit rigolo, à moins que tu n'aies vingt-cinq dollars de plus.
J'ai à peine vingt-cinq cents, dit Ferguson.
Julie se remet à rire. Je t'aime bien, Archie, dit-elle. Tu es beau garçon et tu as une belle queue.
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A Thanksgiving, il n'avait plus aucun doute : c'était bien l'amour. Il avait déjà connu de nombreuses toquades par le passé, à commencer par ses béguins à l'école maternelle, Cathy Gold et Margie Fitzpatrick quand il avait six ans, suivi par un furieux tourbillon de badinages avec Carol, Jane , Nancy, Susan, Mimi, Linda et Connie à douze et treize ans, les boums du week-end, les séances de baisers dans les jardins au clair de lune ou des recoins du sous-sol, les premières avances hésitantes sur la voie de l'expérience sexuelle, les mystères de la peau et des langues enrobées de salive, le goût du rouge à lèvres, l'odeur du parfum, le bruit des bas nylon frottés l'un contre l'autre, et à quatorze ans enfin la percée, le brusque saut de l'enfance à l'adolescence, une vie nouvelle dans la peau d'un corps étranger, en mutation permanente, les érections spontanées, les rêves humides, la masturbation, les désirs érotiques, les rêves nocturnes lascifs mettant en scène les ombres du théâtre sexuel qu'il avait désormais dans la tête, les cataclysmes somatiques de la jeunesse mai, toutes ces transformations physiques et ces bouleversements mis à part, ce qu'il recherchait fondamentalement avant et après le début de sa nouvelle vie avait toujours été de la quête spirituelle, la recherche d'un lien durable, d'un amour réciproque entre deux âmes compatibles, des âmes incarnées dans les corps, évidemment, heureusement incarnées dans des corps, mais c'était l'âme qui importait le plus, qui serait toujours la plus importante et malgré tous ses flirts avec Carol, Jane, Nancy, Susan, Mimi, Linda et Connie, il découvrit rapidement qu'aucune de ces filles ne possédait l'âme qu'il recherchait, et l'une après l'autre il s'était désintéressé d'elles et les avait laissés disparaître de son cœur.
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Le mot psyché signifie deux choses en grec, lui dit sa tante. Deux choses très différentes mais intéressantes. Papillon et âme. Mais si on prend le temps d'y réfléchir attentivement, papillon et âme ne sont pas si différents, après tout, tu ne trouves pas ? Le papillon débute dans la vie sous la forme d'un vilain vermisseau insignifiant et terre à terre, puis un jour la chenille fabrique un cocon, au bout d'un certain temps le cocon s'ouvre et il en sort un papillon, la plus belle créature du monde. Il en va de même pour l'âme, Archie. Elle se débat dans les profondeurs de l'obscurité et de l'ignorance, elle traverse dans la douleur des épreuves et des malheurs, et petit à petit elle est purifiée par ces souffrances, aguerrie par les difficultés qu'elle rencontre et un beau jour, si cette âme est digne de ce nom, elle sort de son cocon et prend essor dans les airs comme un magnifique papillon.
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