AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CasusBelli


Je vais finir par manquer de qualificatifs pour exprimer mon ressenti concernant le style envoûtant de Paul Auster, je continue à être impressionné, subjugué, bref j'adore !
"L'invention de la solitude" nous plonge dans les souvenirs de l'auteur, des souvenirs personnels, il fallait oser se révéler aussi intimement.
Deux parties, la première concerne le père, son père qui vient de mourir.
Parler du père comme d'un sujet philosophique est une chose, parler de son père et de son influence sur les relations familiales et la construction/déconstruction qui en découle en est une autre.
Et justement la façon qu'il a d'évoquer son père est fascinante, la distanciation, la froideur presque clinique qu'il met dans ce récit est troublante, à tel point que l'on s'interroge constamment sur la profondeur de ses sentiments pour son géniteur...
Cette évocation est déconcertante et pourtant elle a le goût d'un vécu que nous partageons tous à différents niveaux, le père ce n'est pas rien, il peut nous rendre fort ou nous détruire par le regard qu'il nous renvoie, par les attentes qu'il comble ou non.
Auster avec son style inimitable nous aspire complètement dans ses observations a posteriori, dans ses analyses rétrogrades, il donne la sensation de comprendre sans juger, d'accepter sans trop regretter, de trouver une cause pour chaque effet en nous relatant nombre de ses souvenirs, souvenirs qu'il rend plus marquants en y intégrant la touche émotionnelle qui y est associée.
On peut parler de quelqu'un en disant ce qu'il est, mais aussi en disant ce qu'il n'est pas, je dois dire que cette approche m'a impressionné.
Ca nous emmène loin, beaucoup se reconnaîtront dans ces évocations c'est une certitude, ce fut parfois mon cas.

Dans la deuxième partie l'auteur parle de lui, là encore son parti pris est surprenant dans la mesure où il met encore une distanciation, il ne dit jamais "je", j'ai mis quelques pages avant de comprendre que "A" le désignait.
Cette partie n'a pas la même texture, même si c'est toujours assez intime avec quelques anecdotes qu'il fallait oser rapporter. Il est possible que l'auteur nous révèle en partie son mode de fonctionnement, son mode de pensée qui est, comment le dire ? Faute de mieux je dirai analytique à l'extrême, mais aussi intuitive et onirique, mais toujours avec un recul évident, une forme d'acceptation de ce qui est, car explicité, donc logique et normal.
Beaucoup de souvenirs évoqués encore, en plusieurs parties thématiques, arts, littérature, amitiés, sans oublier son propre rôle de père, qui peuvent nous donner une idée de la façon dont Paul Auster voit et comprend le monde dans lequel il vit. J'ai trouvé cette deuxième partie plus complexe, j'ai peur d'avoir parfois perdu le fil car ne rentre pas dans la tête de Paul Auster qui veut ;)
Une nouvelle et très belle expérience de lecture !
Commenter  J’apprécie          10012



Ont apprécié cette critique (90)voir plus




{* *}