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Christine Le Boeuf (Traducteur)
EAN : 9782253135036
218 pages
Le Livre de Poche (01/03/1994)
3.72/5   732 notes
Résumé :
“Paul Auster est devenu écrivain parce que son père, en mourant, lui a laissé un petit héritage qui l'a soustrait à la misère. Le décès du père n'a pas seulement libéré l'écriture, il a littéralement sauvé la vie du fils. Celui-ci n'en finira jamais de payer sa dette et de rembourser en bonne prose le terrifiant cadeau du trépassé.”
Là se trouve – Pascal Bruckner le note d'emblée dans sa lecture – la clef de voûte du système Auster. L'Invention de la solitud... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
3,72

sur 732 notes
Je vais finir par manquer de qualificatifs pour exprimer mon ressenti concernant le style envoûtant de Paul Auster, je continue à être impressionné, subjugué, bref j'adore !
"L'invention de la solitude" nous plonge dans les souvenirs de l'auteur, des souvenirs personnels, il fallait oser se révéler aussi intimement.
Deux parties, la première concerne le père, son père qui vient de mourir.
Parler du père comme d'un sujet philosophique est une chose, parler de son père et de son influence sur les relations familiales et la construction/déconstruction qui en découle en est une autre.
Et justement la façon qu'il a d'évoquer son père est fascinante, la distanciation, la froideur presque clinique qu'il met dans ce récit est troublante, à tel point que l'on s'interroge constamment sur la profondeur de ses sentiments pour son géniteur...
Cette évocation est déconcertante et pourtant elle a le goût d'un vécu que nous partageons tous à différents niveaux, le père ce n'est pas rien, il peut nous rendre fort ou nous détruire par le regard qu'il nous renvoie, par les attentes qu'il comble ou non.
Auster avec son style inimitable nous aspire complètement dans ses observations a posteriori, dans ses analyses rétrogrades, il donne la sensation de comprendre sans juger, d'accepter sans trop regretter, de trouver une cause pour chaque effet en nous relatant nombre de ses souvenirs, souvenirs qu'il rend plus marquants en y intégrant la touche émotionnelle qui y est associée.
On peut parler de quelqu'un en disant ce qu'il est, mais aussi en disant ce qu'il n'est pas, je dois dire que cette approche m'a impressionné.
Ca nous emmène loin, beaucoup se reconnaîtront dans ces évocations c'est une certitude, ce fut parfois mon cas.

Dans la deuxième partie l'auteur parle de lui, là encore son parti pris est surprenant dans la mesure où il met encore une distanciation, il ne dit jamais "je", j'ai mis quelques pages avant de comprendre que "A" le désignait.
Cette partie n'a pas la même texture, même si c'est toujours assez intime avec quelques anecdotes qu'il fallait oser rapporter. Il est possible que l'auteur nous révèle en partie son mode de fonctionnement, son mode de pensée qui est, comment le dire ? Faute de mieux je dirai analytique à l'extrême, mais aussi intuitive et onirique, mais toujours avec un recul évident, une forme d'acceptation de ce qui est, car explicité, donc logique et normal.
Beaucoup de souvenirs évoqués encore, en plusieurs parties thématiques, arts, littérature, amitiés, sans oublier son propre rôle de père, qui peuvent nous donner une idée de la façon dont Paul Auster voit et comprend le monde dans lequel il vit. J'ai trouvé cette deuxième partie plus complexe, j'ai peur d'avoir parfois perdu le fil car ne rentre pas dans la tête de Paul Auster qui veut ;)
Une nouvelle et très belle expérience de lecture !
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Pour ma 500ème critique, j'ai décidé de relire le livre qui a changé ma vie : L'invention de la solitude de Paul Auster que j'ai découvert en 1992.

Bien sûr, avant ce livre il y a eu de très bon livres comme Les dames du lac de Marion Zimmer Bradley, le Moine de M.G. Lewis et le Parfum de Patrick Süskind (pour ne citer qu'eux).

Mais avec ce livre, c'était différent. Pour la première fois je me suis dite - à l'instar d'Agnès Desarthe  : « Tiens, pour une fois, je comprends quelque chose à ma vie... »

J'avoue que j'ai eu très peur de me lancer… et si un quart de siècle plus tard il ne me plaisait plus ? J'ai été très émue de l'apprécier encore plus que la première fois. Il s'en passe des choses dans un quart de siècle d'une vie… cela ouvre de nouvelles perspectives.

Le livre est divisé en deux parties : Portrait d'un homme invisible et le livre de la mémoire. C'est autobiographique mais comme le dit le Maître :

« J'ai moins l'impression d'avoir d'y avoir raconté l'histoire de ma vie que de m'être servi de moi pour explorer certaines questions qui nous communes à tous. »

Tout est dit dans cette phrase, tirée de la Lecture de Pascal Bruckner.

Dans Portrait d'un homme invisible, Paul Auster rend hommage à son père et raconte un peu l'histoire de sa famille paternelle.

Le livre de la mémoire est une sorte d'inventaire de ses sources d'inspiration raconté à la troisième personne. Je suis tombée sur des passages très bouleversants. Si je ne devais qu'en retenir qu'un ce serait :

« C'est un monde perdu. A. se rend compte avec un choc que c'est un monde perdu pour toujours. le petit garçon oubliera tout ce qui lui est arrivé jusqu'ici. Il n'en restera rien qu'une vague lueur, peut-être moins encore. Les milliers d'heures que A. lui a consacrées pendant les trois premières années de sa vie, les millions de mots qu'il lui a dits, les livres qu'il lui a lus, les repas qu'il lui a préparés, les larmes qu'il a essuyées – tout cela disparaîtra à jamais de la mémoire de l'enfant. »

Mon fils, 11 ans, avait 5 ans quand son père est mort. À la dernière fête des pères il m'a avoué qu'il n'avait plus de souvenirs. Cela m'a brisé le coeur.

Ce livre donne tellement d'intensité à la vie avec toutes ces petites choses qui ont l'air de pas grand-chose.

Pour la petite histoire, mon exemplaire a été paraphé par Paul Auster lui-même le 18 juin 2008 à Bruxelles. C'était mon rêve quand j'ai commencé à lire ses livres : le rencontrer. Moment inoubliable que j'ai partagé avec le père de mes enfants.

Voilà, et pendant que je vide la boîte de kleenex je vous laisse sur cette chanson de Billie Holiday, Solitude (tirée du livre).


https://www.youtube.com/watch?v=8eLl84iMsrQ


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Un récit initiatique à la construction déroutante. Ce n'est pas le genre de livre avec lequel on se laisse bercer par l'histoire. C'est plutôt elle, qui nous malmène. Pas que ce soit gore ou larmoyant, c'est juste… particulier.

Le déclencheur est le décès du père du narrateur/auteur, qui va l'amener peu à peu à extirper son moi profond sous le palimpseste de la mémoire, un travail de destruction incessant, bride par bride, couche par couche, dans le but de parvenir à s'effacer pour se trouver enfin.

Je ne suis pas certaine cependant qu'aborder cet auteur pour la première fois avec ce livre (mon cas) soit la meilleure approche. Même si Pascal Bruckner dans la postface affirme qu'il s'agit de « l'ouvrage fondateur de Paul Auster. Qui veut le comprendre doit partir de là et tous ses autres livres ramènent à celui-ci. » Je reste sceptique. D'une part, détenir les clés pour décoder un auteur ne m'intéresse pas outre mesure et d'autre part, je suis malgré tout loin d'être certaine d'avoir tout saisi !
Il y a en effet de multiple de clés d'entrée : le deuil, les interconnections de la mémoire à travers les hommes, les lieux, les objets, l'art (c'est ce que j'ai préféré), la nature du hasard, ces coïncidences qui riment, donnent du sens là où il n'y en a pas, sur l'inutilité de voyager pour faire venir le monde à soi, sur la paternité, et tant, tant d'autres. A chacun de trouver les siennes, je suppose.

Mais la construction (ou déconstruction) est déroutante, m'a déroutée en tout cas. le livre se divise en deux parties. La première partie (Portrait d'un homme invisible) est assez « classique ». L'auteur/narrateur nous fait entrer dans son intimité. Il explore ce père qui, déjà de son vivant, brillait par son absence, un père inaccessible, à l'instar d'un « bloc d'espace impénétrable ayant forme humaine ». Une énième tentative pour tenter de le comprendre et le faire exister, le faire naître peut-être, en se basant sur les faits dont il dispose. Même si « les faits ne disent pas toujours la vérité. » Bien que ce soit écrit avec distance, de manière analytique, sans affect pour ainsi dire, comme un témoin des événements, j'ai malgré tout parfois eu la sensation de m'immiscer dans des pensées qui ne me regardaient pas.

Dans la deuxième partie en revanche (Le Livre de la mémoire), Paul Auster nous fait entrer dans son esprit, son cheminement de pensée. En ce qui me concerne, cela a été bien plus chaotique. Je ne voyais pas où il voulait en venir avec son obsession pour la chambre. Franchement, pendant au moins une bonne cinquantaine de pages, si ce n'est plus, à peu près jusqu'au livre 5 (la deuxième partie se subdivise en 13 livres de la mémoire), je me suis demandé ce que c'était que truc. L'auteur parle de lui à la troisième personne en se désignant, lui comme les autres, par une initiale. Un souvenir le conduit sans transition à un autre. C'est décousu, presque écrit de façon mnémotechnique. (Bon d'accord, nettement plus élaboré que mes propres notes.) Ce n'est qu'une fois que ses réflexions commencent à émerger plus distinctement, à mesure qu'il s'efface, qu'il s'enfonce sous les strates de la mémoire, que cela devient intéressant.

Selon moi, ce livre se lit comme une errance, une errance intérieure à travers la mémoire, celle de l'auteur et celle des autres, une errance qui inspire et expire le monde. S'il bouscule par sa forme, il a aussi la particularité de continuer à infuser lentement une fois refermé et se gorger d'arômes inattendus.
« La mémoire non tant que le passé contenu en nous mais comme preuve de notre vie dans le présent. »
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Tout commence par la mort du père. Un père absent, un père solitaire, un père « invisible ». Et son fils, Paul Auster, veut aller à sa rencontre, veut enfin le trouver. Difficile... Il nous relate tout ce qu'il sait de lui, ses manies, sa façon de marcher, de parler (ou de ne pas parler, plutôt), ses relations avec les autres. Il nous dévoile aussi, avec difficulté, la cause probable de son comportement étrange, un secret de famille horrible.
Sa prise de parole est difficile, oui. C'est étonnant pour un écrivain aussi talentueux que lui. Mais c'est compréhensible aussi, puisqu'il s'agit du très intime.
J'ai beaucoup aimé cette première partie intitulée «Portrait d'un homme invisible » , tout entière sincère et naturelle.

Par contre, la seconde partie, « le livre de la mémoire » m'a complètement déconcertée : la narration en je a fait place à celle à la 3e personne, et les personnages n'ont plus d'identité, ils s'appellent « A » (ici, ce A représente l'écrivain, en l'occurrence), S, T....Et je ne comprends vraiment pas où ce A veut en venir. Ce sont des réflexions décousues, de toutes sortes, mais où le thème de la mémoire revient continuellement. Même s'il fait preuve d'érudition, ce qui est très intéressant, je suis désolée de dire que j'ai abandonné, la rage au coeur. Peut-être y reviendrais-je un jour, quand mon taux de bienveillance sera au beau fixe. Ce n'était pas le moment pour moi d'opérer un recul sur les choses, sur Auster, sur moi-même.

Je ne conseille donc pas ce livre (très bon dans la 1e partie mais décousu dans la 2e) à ceux qui veulent faire connaissance avec l'univers austérien. Qu'ils se tournent plutôt vers des romans comme « Brooklyn Follies », « Invisible », « Moon palace », à la fois érudits, explosifs, sacrément sensés et très habiles.
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Lire ce roman aujourd'hui lui donne une nouvelle dimension très particulière, qui n'aurait pas été pour déplaire à Paul Auster si ce n'avait pas été si tragique. En 1979, alors qu'encore jeune homme et père d'un petit garçon de deux ans, l'auteur perd son père très brusquement. Par ce livre, dans lequel il essaie de dessiner le portrait de ce père "invisible", absent, et dont il essaie d'imaginer le moment de sa mort, il s'interroge sur son double statut de père et de fils, évoquant régulièrement Daniel qu'il observe avec amour. Tout le roman oscillera ainsi entre des histoires de père et de fils, s'éloignant petit à petit de son histoire personnelle pour en citer d'autres, construisant une histoire universelle.
Or, quarante ans plus tard, aujourd'hui donc, c'est Paul Auster lui-même qui est hospitalisé et proche de la mort, se retrouvant dans les pas de son propre père comme il tentait de l'imaginer dans son roman, et son fils Daniel est mort très tragiquement il y a un peu plus d'un an. Une boucle se referme sur cette relation que Paul Auster a essayé de décortiquer dans ce roman sombre, désespéré, celui qui le fera connaître et qui tient en germe les romans qui suivront.
Je l'avais lu, peut-être pas fini, il y a longtemps. Je le comprends mieux maintenant et je n'ai cessé de faire des allers-retours, dans mes pensées, entre ce livre et tous les autres que j'ai pu lire de lui: c'est clairement un roman fondateur.
Tous ses thèmes de prédilection y sont: le hasard, la déchéance totale avant la résurrection, l'écriture, Paris, New York, et bien sûr le base-ball.
Lire ce livre aujourd'hui en pensant à lui luttant contre la mort m'a vraiment touchée, et je me dis encore une fois que c'est vraiment un très grand écrivain, capable de nous entraîner dans d'autres sphères de pensée.
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Citations et extraits (128) Voir plus Ajouter une citation
Il trouve extraordinaire, même dans l’ordinaire de son existence quotidienne, de sentir le sol sous ses pieds, et le mouvement de ses poumons qui s’enflent et se contractent à chaque respiration, de savoir qu’il peut, en posant un pied devant l’autre, marcher de là où il est à l’endroit où il veut aller. Il trouve extraordinaire que, certains matins, juste après son réveil, quand il se penche pour lacer ses chaussures, un flot de bonheur l’envahisse, un bonheur si intense, si naturellement en harmonie avec l’univers qu’il prend conscience d’être vivant dans le présent, ce présent qui l’entoure et le pénètre, qui l’envahit soudain, le submerge de la conscience d’être vivant. Et le bonheur qu’il découvre en lui à cet instant est extraordinaire. Et qu’il le soit ou non, il trouve ce bonheur extraordinaire.
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On a parfois l’impression d’être en train de déambuler sans but dans une ville. On se promène dans une rue, on tourne au hasard dans une autre, on s’arrête pour admirer la corniche d’un immeuble, on se penche pour inspecter sur le trottoir une tache de goudron qui fait penser à certains tableaux que l’on a admirés, on regarde les visages des gens que l’on croise en essayant d’imaginer les vies qu’ils trimbalent en eux, on va déjeuner dans un petit restaurant pas cher, on ressort, on continue vers le fleuve (si cette ville possède un fleuve) pour regarder passer les grands bateaux, ou les gros navires à quai dans le port, on chantonne peut-être en marchant, ou on sifflote, ou on cherche à se souvenir d’une chose oubliée. On a parfois l’impression, à se balader ainsi dans la ville, de n’aller nulle part, de ne chercher qu’à passer le temps, et que seule la fatigue nous dira où et quand nous arrêter. (…) en réalité, ce qu’on fait quand on marche dans une ville, c’est penser, et on pense de telle façon que nos réflexions composent un parcours, parcours qui n’est ni plus ni moins que les pas accomplis, si bien qu’à la fin on pourrait sans risque affirmer avoir voyagé et, même si l’on ne quitte pas sa chambre, il s’agit bien d’un voyage, on pourrait sans risque affirmer avoir été quelque part, même si on ne sait pas où.
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Il a rêvé toute sa vie de devenir millionnaire, l'homme le plus riche du monde.
Ce qu'il convoitait n'était pas tant la fortune que ce qu'elle représente : non seulement le succès aux yeux des autres mais aussi une possibilité de se sentir intouchable. Avoir de l'argent, ce n'est pas seulement pouvoir acheter : cela signifie être hors d'atteinte de la réalité. L'argent en tant que protection, non pour le plaisir. Parce que dans son enfance il en avait été démuni, et donc vulnérable aux caprices de l'existence, l'idée de richesse était devenue pour lui synonyme d'évasion : échapper au mal, à la souffrance, ne plus être une victime. Il ne prétendait pas s'acheter le bonheur mais simplement l'absence de malheur. L'argent était la panacée, la matérialisation de ses désirs les plus profonds, les plus difficiles à exprimer. Il ne voulait pas le dépenser mais le posséder, savoir qu'il était là. Moins qu'élixir qu'antidote : la petite fiole à emmener au fond d'une poche si on va dans la jungle-au cas où on serait mordu par un serpent venimeux.
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Que je réussisse ou non ne comptait guère pour lui. J'existais pour lui en fonction de ce que j'étais, non de ce que je faisais, et cela signifiait que jamais la perception qu'il avait de moi ne changerait, nos rapports étaient déterminés de façon inaltérable, nous étions séparés l'un de l'autre par un mur. Je comprenais surtout que tout cela n'avait pas grand-chose à voir avec moi. Lui seul était en cause. Comme tous les éléments de son existence, il ne me voyait qu'à travers les brumes de sa solitude, à grande distance. L'univers était pour lui, à mon avis, un lieu éloigné où jamais il ne pénétrait pour de bon, et c'est là-bas, dans le lointain, parmi les ombres qui flottaient devant lui, que j'étais né et devenu son fils, que j'avais grandi, apparaissant et disparaissant comme une ombre de plus dans la pénombre de sa conscience.
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Chaque éjaculation représente plusieurs milliards de spermatozoïdes – soit à peu près le chiffre de la population du globe –, ce qui signifie que chaque homme contient en lui-même cette population en puissance. Et cela donnerait, si cela se réalisait, toute la gamme des possibilités : une progéniture d’idiots et de génies, d’êtres beaux ou difformes, de saints, de catatoniques, de voleurs, d’agents de change et de funambules. Tout homme est donc un univers, porteur dans ses gènes de la mémoire de l’humanité entière. Ou, selon l’expression de Leibniz : “Chaque substance simple est un miroir vivant perpétuel de l’univers.” Car en vérité nous sommes faits de la matière même qui a été créée lors de la première explosion de la première étincelle dans le vide infini de l’espace. C’est ce qu’il se disait, à cet instant, tandis que son pénis explosait dans la bouche d’une femme nue dont il a oublié le nom. Il pensait : L’irréductible monade. Et alors, comme s’il saisissait enfin, il a imaginé la cellule microscopique, furtive, qui s’était frayé un chemin dans le corps de sa femme, quelque trois ans plus tôt pour devenir son fils.

Le Livre de la mémoire, Livre cinq.
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Notre mot sur, écrit par Paul Auster, traduit par Anne-Laure Tissut et publié aux éditions Actes Sud : https://www.librairie-ledivan.com/livre/9782330188757
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