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Critique de Glaneurdelivres


C'est mon 1er livre de Paul Auster et je fais connaissance avec l'auteur au travers d'un entretien qui précède son roman.
J'y découvre un auteur qui est passionné de cinéma.
Pour lui, les scenari de cinéma sont des extensions de ses romans.
Et c'est justement le cas avec ce livre, écrit de façon tout à fait originale.

Ce roman, avant d'être un livre, était un film.
C'est la curieuse histoire d'un homme, qui écrit l'histoire d'un homme, qui écrit une histoire, et l'histoire dans l'histoire.
Dit comme ça, cela peut paraître compliqué, mais non, avec ces indications de départ, on entre facilement dans l'histoire et on y est vite happés !

C'est donc avec Martin Frost, un écrivain, que démarre ce roman-scénario,
« La vie intérieure de Martin Frost ».
Il a besoin d'un lieu isolé pour bien intérioriser son oeuvre. Il dispose, grâce à des amis, d'une maison au milieu de nulle part. Il décide d'y rester jusqu'à l'aboutissement de son travail.
J'ai bien aimé de suite l'atmosphère intimiste qui entoure cet écrivain avec sa vieille machine à écrire et les bûches qui se consument dans la cheminée…

Un matin, à son réveil, il découvre stupéfait qu'il n'est pas seul ! Une jeune femme est au lit avec lui !
Rêve ou réalité ?
Cette jeune femme se présente. Elle est la nièce des amis qui ont prêté leur maison à notre héros écrivain. Elle s'appelle Claire. Elle est venue pour s'y consacrer à sa thèse de philo.
Pour cet écrivain, la présence de Claire s'apparente à une intrusion à sa tranquillité.
Au début, Claire lit du philosophe Berkeley : « On objectera qu'il y a une grande différence entre une brûlure rêvée, imaginée et une brûlure réelle ». Cette phrase pour moi, tient tout son sens dans l'histoire de Martin Frost !

Comme on est dans un roman-scénario, on assiste successivement à différentes scènes où l'on découvre nos deux personnages, plan par plan, avec les mouvements de la caméra et les prises de vue en gros plans (ou non) sur leurs attitudes, leurs comportements, leurs déplacements… il y a les scripts que l'on lit : « Gros plan de la feuille de papier dans la machine à écrire », et en voix off, le narrateur : « -Ce n'était peut-être pas l'équipement le plus moderne du monde, mais ça marchait. »
Les indications fournies par les scripts sont sommaires, ce qui laisse la part belle à l'imagination.
Successivement, de la lumière on passe à l'obscurité, et du familier on passe à l'étrange …

Claire, devient de plus en plus attirante pour Martin.
De garçon manqué, telle une chrysalide qui se transforme en papillon, elle se métamorphose en une ravissante jeune femme.
J'ai aimé la jolie progression dans les approches de Martin vers Claire. Une progression toute graduelle.
Mais comment peut-on aimer quelqu'un dont on se méfie ?
Claire est une énigme.

« -Toute histoire a une forme…
-… et la forme de chaque histoire est différente…
-… de celles de toutes les autres histoires. »

Ces trois morceaux de phrases du narrateur en voix off, sont une belle manière de dire au lecteur que cette histoire, est bien singulière.

On est troublé par ce personnage féminin, cette inconnue au départ pour Martin, et qui devient peu à peu, une personne importante dans sa vie. Elle est captivante, mystérieuse et troublante.
Une sorte d'aura l'entoure.
Mais elle semble cacher un passé douloureux…

Cette jeune femme avec son charme et son mystère est une allégorie de l'amour.
Elle est la muse de Martin Frost. « On m'envoyait toujours à des peintres et à des musiciens. Et puis … on m'a changé d'affectation. »
Martin est envoûté par Claire.
Mais va-t-il résoudre l'énigme du trouble de Claire ?

A partir du moment où Martin Frost a terminé l'écriture de son roman, l'atmosphère devient surnaturelle.
L'écriture est-elle une arme dangereuse ? Peut-elle tuer ?

Je n'en dirai pas plus sur les événements qui vont se passer à partir de ce moment… qui sont énigmatiques. Les images évoquées par le script prennent un aspect irréel.

Claire a-t-elle des pouvoirs sur les choses et les êtres ?
Ou bien est-ce que quelqu'un a des pouvoirs sur elle ?

Il semble que Martin et Claire aient un destin qui les lie à jamais…
Une porte fermée semble être le symbole de leur impossibilité de se réunir… (On apprécie la jolie photo de la 1re de couv. du livre, les représentant tous les deux)
On sent Martin fondre littéralement pour Claire, qui est dans les tourments.

Flashbacks lents avec une série d'images en N/B…
Rêve ou réalité ? En tout cas, l'atmosphère est onirique.

A la fin du livre, Martin Frost apparaît comme étant désoeuvré.
Une nouvelle histoire va débuter pour lui, semble-t-il…
Une invitation vers un voyage initiatique…
C'est très beau. J'avais l'impression en me mettant dans sa peau, de me sentir en équilibre instable, comme un acrobate sur un fil.

C'est un livre singulier, que je referme, en voulant conserver et prolonger encore les émotions et les images qu'il m'a procurées, en gardant les yeux clos, un moment encore…

Je tiens à remercier ici, une amie babéliote, qui se reconnaîtra facilement !
J'ai découvert grâce à elle, non seulement un livre particulier, mais aussi un auteur de talent, à la riche carrière, Paul auster, dont je veux maintenant davantage connaître l'oeuvre.
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