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Christine Le Boeuf (Traducteur)
EAN : 9782742766802
121 pages
Actes Sud (27/09/2007)
3.61/5   48 notes
Résumé :

Un écrivain. Martin Frost, profite de l'absence des Restau, un couple d'amis partis en voyage en Inde, pour s'installer dans la maison que ceux-ci lui ont prêtée afin qu'il puisse y jouir d'un peu de repos et de concentration, loin du rythme épuisant de la vie new-yorkaise.


A peine arrivé dans cette maison isolée au milieu des bois, il découvre qu'il n'y est pas seul : une mystérieuse jeune femme, Claire, qui prétend être la nièce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
C'est mon 1er livre de Paul Auster et je fais connaissance avec l'auteur au travers d'un entretien qui précède son roman.
J'y découvre un auteur qui est passionné de cinéma.
Pour lui, les scenari de cinéma sont des extensions de ses romans.
Et c'est justement le cas avec ce livre, écrit de façon tout à fait originale.

Ce roman, avant d'être un livre, était un film.
C'est la curieuse histoire d'un homme, qui écrit l'histoire d'un homme, qui écrit une histoire, et l'histoire dans l'histoire.
Dit comme ça, cela peut paraître compliqué, mais non, avec ces indications de départ, on entre facilement dans l'histoire et on y est vite happés !

C'est donc avec Martin Frost, un écrivain, que démarre ce roman-scénario,
« La vie intérieure de Martin Frost ».
Il a besoin d'un lieu isolé pour bien intérioriser son oeuvre. Il dispose, grâce à des amis, d'une maison au milieu de nulle part. Il décide d'y rester jusqu'à l'aboutissement de son travail.
J'ai bien aimé de suite l'atmosphère intimiste qui entoure cet écrivain avec sa vieille machine à écrire et les bûches qui se consument dans la cheminée…

Un matin, à son réveil, il découvre stupéfait qu'il n'est pas seul ! Une jeune femme est au lit avec lui !
Rêve ou réalité ?
Cette jeune femme se présente. Elle est la nièce des amis qui ont prêté leur maison à notre héros écrivain. Elle s'appelle Claire. Elle est venue pour s'y consacrer à sa thèse de philo.
Pour cet écrivain, la présence de Claire s'apparente à une intrusion à sa tranquillité.
Au début, Claire lit du philosophe Berkeley : « On objectera qu'il y a une grande différence entre une brûlure rêvée, imaginée et une brûlure réelle ». Cette phrase pour moi, tient tout son sens dans l'histoire de Martin Frost !

Comme on est dans un roman-scénario, on assiste successivement à différentes scènes où l'on découvre nos deux personnages, plan par plan, avec les mouvements de la caméra et les prises de vue en gros plans (ou non) sur leurs attitudes, leurs comportements, leurs déplacements… il y a les scripts que l'on lit : « Gros plan de la feuille de papier dans la machine à écrire », et en voix off, le narrateur : « -Ce n'était peut-être pas l'équipement le plus moderne du monde, mais ça marchait. »
Les indications fournies par les scripts sont sommaires, ce qui laisse la part belle à l'imagination.
Successivement, de la lumière on passe à l'obscurité, et du familier on passe à l'étrange …

Claire, devient de plus en plus attirante pour Martin.
De garçon manqué, telle une chrysalide qui se transforme en papillon, elle se métamorphose en une ravissante jeune femme.
J'ai aimé la jolie progression dans les approches de Martin vers Claire. Une progression toute graduelle.
Mais comment peut-on aimer quelqu'un dont on se méfie ?
Claire est une énigme.

« -Toute histoire a une forme…
-… et la forme de chaque histoire est différente…
-… de celles de toutes les autres histoires. »

Ces trois morceaux de phrases du narrateur en voix off, sont une belle manière de dire au lecteur que cette histoire, est bien singulière.

On est troublé par ce personnage féminin, cette inconnue au départ pour Martin, et qui devient peu à peu, une personne importante dans sa vie. Elle est captivante, mystérieuse et troublante.
Une sorte d'aura l'entoure.
Mais elle semble cacher un passé douloureux…

Cette jeune femme avec son charme et son mystère est une allégorie de l'amour.
Elle est la muse de Martin Frost. « On m'envoyait toujours à des peintres et à des musiciens. Et puis … on m'a changé d'affectation. »
Martin est envoûté par Claire.
Mais va-t-il résoudre l'énigme du trouble de Claire ?

A partir du moment où Martin Frost a terminé l'écriture de son roman, l'atmosphère devient surnaturelle.
L'écriture est-elle une arme dangereuse ? Peut-elle tuer ?

Je n'en dirai pas plus sur les événements qui vont se passer à partir de ce moment… qui sont énigmatiques. Les images évoquées par le script prennent un aspect irréel.

Claire a-t-elle des pouvoirs sur les choses et les êtres ?
Ou bien est-ce que quelqu'un a des pouvoirs sur elle ?

Il semble que Martin et Claire aient un destin qui les lie à jamais…
Une porte fermée semble être le symbole de leur impossibilité de se réunir… (On apprécie la jolie photo de la 1re de couv. du livre, les représentant tous les deux)
On sent Martin fondre littéralement pour Claire, qui est dans les tourments.

Flashbacks lents avec une série d'images en N/B…
Rêve ou réalité ? En tout cas, l'atmosphère est onirique.

A la fin du livre, Martin Frost apparaît comme étant désoeuvré.
Une nouvelle histoire va débuter pour lui, semble-t-il…
Une invitation vers un voyage initiatique…
C'est très beau. J'avais l'impression en me mettant dans sa peau, de me sentir en équilibre instable, comme un acrobate sur un fil.

C'est un livre singulier, que je referme, en voulant conserver et prolonger encore les émotions et les images qu'il m'a procurées, en gardant les yeux clos, un moment encore…

Je tiens à remercier ici, une amie babéliote, qui se reconnaîtra facilement !
J'ai découvert grâce à elle, non seulement un livre particulier, mais aussi un auteur de talent, à la riche carrière, Paul auster, dont je veux maintenant davantage connaître l'oeuvre.
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Les histoires de Paul Auster sont toujours d'une complexité surprenante. C'est toujours – ou souvent – l'histoire d'un homme qui écrit une histoire, et cætera, et cætera… Oui, on te l'a déjà faite, celle-là c'est comme l'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme. le principe est le même. Tu ouvres un tiroir qui ouvre sur un autre tiroir.

« La Vie Intérieure de Martin Frost » n'est pas tout à fait un roman. A l'origine, une idée de moyen-métrage qui n'a pas abouti. L'histoire dans sa tête lui plaisait, les moyens moins. Il l'a remis au fond d'un tiroir, avant de l'ouvrir quelques années plus tard et de développer un peu plus en profondeur. Cela deviendra un film. Ambiance minimaliste, décor unique ou presque, une chambre au milieu d'une maison isolée et quatre protagonistes : David Thewlis, Irène Jacob, Michael Imperioli et Sophie Auster. Un film, et donc un script que j'ai entre les mains.

Mais avant…

Oui parce qu'avant, il y a une préface. Une petite interview de Paul Auster qui nous explique sa vision du cinéma, son film et ses choix. de la genèse au montage, du choix des costumes et des lieux aux acteurs. Puis, il dérive sur son métier, de l'écriture à la réalisation et sur ses rapports avec ses proches, pourquoi sa fille, pourquoi ce film… Je te rassure, il n'est en rien barbant comme peut l'être certaines interviews. Je me rends compte que je ne suis pas objectif et par conséquent peu crédible. Il y a Paul Auster et les autres.

Donc après un bourbon et cette digression ; Martin Frost est un écrivain. Tu l'auras deviné : c'est l'homme qui écrit l'histoire d'un homme qui écrit une histoire… Martin s'installe dans une maison isolée pour jouir du calme de la campagne et achever son dernier roman. Il tape à la machine, avec frénésie et sérénité. Il boit un café, part se coucher et se réveille en sursaut ; une femme dort à côté de lui. Claire qu'elle dit s'appeler. Gentleman qu'il est, il n'en profite même pas (pourtant, la belle endormie n'est autre qu'Irène Jacob). Qui est-elle, d'où vient-elle, dans quel état j'erre ? ou du moins de quel tiroir de son imagination sort-elle ?

[...]
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Croyez-vous aux Muses ? D'où vient l'inspiration chez les artistes ? Si vous répondez : "Non" et "En réfléchissant peut-être...", alors passez votre chemin, ce livre n'est pas fait pour vous.



Il faut s'appeler Paul Auster pour écrire ce récit, parler des muses comme si elles faisaient partie de la vie, et vous faire croire qu'il existe des "gardiens" envoyés pour vous épauler dans votre quotidien tourmenté ou affligeant.

Là, il n'est question que du quotidien de ceux qui écrivent, mais pourquoi ne pas envisager que cela se pourrait se produire également pour le commun des mortels , Enfin, on peut se prendre à rêver....


Bref, Paul Auster nous offre là un scénario autour de ce sujet : un homme écrit, sa muse s'introduit dans son quotidien sans qu'il s'en doute et le quittera, une fois le roman rédigé et c'est au moment où il comprendra la raison de cette rencontre et qu'il devra faire un choix... qu'il fait très vite et sans hésiter d'ailleurs. Et puis... l'histoire n'est pas finie...

Je pense qu'il y a plusieurs pistes possibles pour lire ce récit, tout dépend de la place de l'esprit cartésien et du monde imaginaire de chacun.

Il y a une trame et on construit ce qu'on veut autour.




J'ai d'abord lu le scénario avant de lire l'entretien donné par Paul Auster. Oui, je sais , j'ai pris le livre à l'envers mais je voulais savoir de quels moments du film ou de quelles difficultés de montage, il allait parler. Et c'est comme si on s'asseyait pour écouter Paul Auster raconter l'histoire de l'histoire qu'il raconte dans son scénario. C'est passionnant : il explique par exemple qu'il a voulu faire un récit "à la" Nathaniel Hawthorne ( et l'on reparle d'un écrivain qu'il admire beaucoup !), il explique le pourquoi des acteurs, où et comment s'est déroulé le tournage, les contretemps, les difficultés mais aussi la solidarité, l'entente de tous les participants et l'investissement fougueux qui a été le leur pour réaliser ce film dans les délais et avec les moyens possédés.



Encore une belle leçon d'humanité, de belles rencontres, un beau partage, autour d'un écrivain fabuleux qui me passionne et m'instruit à chaque fois !
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Par curiosité, j'ai fait une autre sorte d'incursion dans le monde « austérien », un voyage qui s'est révélé bien décevant.
Car, cette fois, le livre La vie intérieure de Martin Frost n'est que le script d'un film réalisé par Paul Auster en 2006.

Ce film aborde un des thèmes récurrents de l'oeuvre de l'auteur, à savoir la frontière entre la réalité et la fiction, le rôle performatif de l'écriture.

La transcription d'un film pose toujours le problème évident que toute la partie visuelle, musicale en est absente, et donc qu'elle est, je trouve, une version appauvrie du projet de l'auteur et réalisateur. J'ai déjà ressenti cela avec les versions écrites de films de Duras.

En plus, et désolé pour mon cher Paul Auster, un écrivain que j'aime beaucoup, mais j'ai trouvé que l'histoire racontée, qui est l'histoire d'un écrivain qui écrit une histoire, est plutôt naïve et trop simple, et elle ne m'a pas convaincu.

C'est celle de « l'incarnation » de Claire, l'héroïne du roman que Martin Frost, un auteur qui est saisi par la fièvre d'écrire, alors qu'il venu pour se reposer dans la maison de ses amis partis en vacances. Claire va vivre une histoire d'amour avec son « créateur », mais va progressivement tomber malade et mourir quand Martin aura fini l'écriture de son roman. Mais, voyant cela, l'écrivain brûle le manuscrit et Claire réapparaît, mais inaccessible. Arrivent ensuite deux autres protagonistes qui ajoutent un peu de mystère à cette histoire..
Mais, bon, on est à des années lumière des grands romans d'Auster.

Par ailleurs, près de la moitié du livre est constituée d'une interview de l'écrivain qui raconte les anecdotes liées à la genèse du film, aux détails du choix des actrices et acteurs, et aux péripéties de la réalisation. L'interview n'apporte pas grand chose à ce livre, et à ce que j'ai lu, le film n'a eu aucun succès.

Donc, en conclusion, une grande déception, je me demande pourquoi Paul Auster s'est engagé dans cette voie, lui, l'auteur de tant de chefs-d'oeuvres.
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voici un livre écrit sous la forme d'un synopsis, d'un scénario pour un court métrage. Avec des explications sur les mouvements de caméra, ainsi que sur l'image. C'était original, mais personnellement je n'ai vraiment pas "accroché" au style, ni à l'histoire.
Paul Auster serait-il en train de faire les fonds de tiroirs ?
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L’écriture peut certainement être dangereuse. Dangereuse pour le lecteur – si quelque chose est assez puissant pour transformer sa vision du monde – et dangereuse pour l’écrivain. Pensez au nombre d’écrivains assassinés par Staline : Ossip Mandelstam, Isaac Babel, d’autres qu’on ignore. Pensez à la fatwa contre Salman Rushdie. Pensez à tous les écrivains emprisonnés aujourd’hui dans le monde. Mais l’écrit peut-il tuer ? Non, pas au sens propre. Un livre n’est pas une mitraillette, ni une chaise électrique. Et pourtant...
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Je suis la fille que tu ne peux pas voir / Je suis la fille qui n’est pas moi / Je sillonne les sept mers de mon cœur / Et où finit l’amour, c’est là que je commence / En Chine, à Londres, à Rio, en France / Je vivrai la vie et je danserai la danse / Et même si tu montais à bord, mon ami / Je ne te donnerais pas une seconde chance / Parce que je suis la fille que tu n’as pas pu voir / Parce que je suis la fille qui n’était pas moi.

(p.139-140)
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Ce soir-là, Martin prit l'une des décisions les plus importantes de sa vie. Il décida de ne plus poser de questions. Claire lui demandait un acte de foi et, au lieu de continuer à la harceler, il décida de fermer les yeux et de sauter. Il n'avait aucune idée de ce qui l'attendait en bas, mais il ne craignait plus de courir le risque. Et il se laissa donc aller...
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MARTIN. — Je suis juste un ami. J'habite chez eux pendant qu'ils sont partis.
FORTUNATO. — Juste un ami. Et d'où vous venez, l'ami ?
MARTIN. — New York.
FORTUNATO. — La ville de New York ?
MARTIN. — La ville de New York.
FORTUNATO. — Ça fait de vous comme un étranger, pas vrai ?
MARTIN. — Comment ça ?
FORTUNATO. — J'ai lu un jour quelque part que New York n'est qu'une île au large de l'Europe. Elle ne fait pas vraiment partie de l'Amérique.
MARTIN. — Vous lisez beaucoup, dirait-on.
FORTUNATO. — Tout le temps. De tout ce qu'on peut faire au monde, lire est ce que je préfère.
MARTIN. — J'espère que vous aimez réparer les chaudières.
FORTUNATO. — Ça ne me déplaît pas, mais ce n'est pas ce que j'appellerais une passion. Vous voyez ce que je veux dire ?
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« La vie de Martin Frost est une histoire très curieuse. L’histoire d’un homme qui écrit l’histoire d’un homme qui écrit une histoire… »
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Yann de la librairie le Divan partage ses lectures : "Histoire d'un amour profond, voyage mental d'un homme au regard de sa vie"
Notre mot sur, écrit par Paul Auster, traduit par Anne-Laure Tissut et publié aux éditions Actes Sud : https://www.librairie-ledivan.com/livre/9782330188757
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