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Critique de Floyd2408




Le titre le parfum des poires anciennes et le dessin de la première de couverture du format de poche m'ont magnétisé, une attraction d'émotion, j'ai une vraie passion pour la nature et son paysage quadriphonique et tridimensionnel, cet univers est une terre de paix, un horizon apaisant par sa simplicité magnanime de la beauté. le quatrième de couverture était de seconds choix, j'oeuvrais à la rencontre de la nature selon l'auteur Allemand Ewald Arenz, à travers une intrigue commerciale ayant fait ses preuves, le rencontre de deux âmes en peines dans, une adolescente en fugue et une femme solitaire en fuite de son passé.

L'écriture a été comme les roulis des vagues, un va-et-vient de simplicité presque paresseuse, un virus sociétal de la littérature moderne et un lyrisme léger sublimant ces instants bucoliques. Au début du roman, j'ai été déçu par cette prose entremêlant les pensées des personnages, interjetée par des jurons d'adolescents. Des phrases assez courtes, il n'y avait pas de linéarité de la lecture, le livre a failli tomber de mes mains pour chuter à terre et rester inerte dans ce brouhaha inaudible à mon cerveau, j'ai insisté pour m'y habituer et percevoir des éclaircies de temps à autre, un soleil réchauffant mes émotions !

J'ai aimé ces passages de cette campagne allemande rurale, avec son clocher, ces champs, sa rivière, ces vignes et cette météo changeante, cette vie de ferme avec ce travail de tous les instants, les journées sont pleines, où le silence côtoie la nature de ce paysage rurale, laissant la solitude de l'instant séduire les âmes en fuites comme cette jeune adolescente, proche de sa majorité, soumise à la loi du sang de ses parents, prisonnière de son mal-être, ces liens invisibles qui vous attachent dans cet inconfort de vie, une cage oppressante vous isolant des autres et de vous-même, votre regard déformant se distille lentement dans les pores de votre chair pour le sculpter dans une trame intime perfectionniste qui devient la seule maitrise comme cette fugue vers une nouvelle rédemption. Sally est plutôt une fille de la ville, cette beauté brute, sauvage, divine comme le dit Émile Zola, le paysage de la campagne va doucement percer la muraille que cette adolescente, c'est fabriquer au fil du temps, petit à petit, le voile invisible de son regard s'évapore dans la réalité de la vie qui l'environne, accompagner par Liss, cette femme solitaire recluse dans sa ferme, attachée malgré elle par des chaines invisibles à cette terre de son enfance. Liss avec un caractère brut, sans filtre va pouvoir créer une relation réelle avec cette jeune fugueuse de 17 ans, cette rencontre au coeur des champs, des vignes plus être plus précis vont sceller l'intrigue de ce roman, un entrelacement de ces deux êtres solitaires avec cette Nature que Liss façonne depuis son jeune âge par ces mains et son savoir-faire, cet héritage lourd offert par ce père tyrannique par son penchant psychorigide.

Les passages de la découverte du jardin sauvage qui émerveille Sally, celui de la planification de pain de seigle avec l'écrasement de la céréale de seigle avec ce vieux moulin où Sally reste dans la curiosité d'un coeur pur, Liss aimant cette odeur de l'épi vert, le ramassage des pommes de terre dans ce travail manuel rude poussant la jeune Sally dans ses retranchements, celui de la ruche et du sucrage des abeilles pour tuer les acariens, puis le moût de poire avec cette odeur si caractéristique de la fermentation, les vendanges avec les saisonniers et le goût des poires anciennes qui envoute le palais de la jeune fugueuse, prise d'un sortilège de velouté, le parfum est une explosion de saveurs, Sally est subjuguée par cette nouvelle sensation, il y a peu de passage sur cette dégustation des poires, Ewald Arenz la cristallise par le titre de son roman, le parfum des poires anciennes.

Sally et Liss vont l'une et l'autre être le remède de l'autre, Sally va apprendre à ne plus être tout le temps dans la révolte, avoir cette patience des autres et de soi, aimer être dans cette campagne qui lave les émotions et attise les sens, le rythme est celui des saisons et des récoltes, vivre de ces mains, avoir les gestes innées des paysans qui cultivent la terre, Sally va oser devenir cette jeune femme qui respire la vie, Liss de son côté aura la chance de se pardonner des mauvais choix pour enfin accepter de vivre aussi le présent sans cultiver le passé pour un avenir funeste de solitude et de regret, Liss va pouvoir sourire à la vie et avoir cet espoir d'effacer la malédiction de ces erreurs.

Un roman inégal par l'écriture, l'intrigue et une paresse dans la description des paysages, une approche sensible et pudique sur le désarroi de ces deux femmes, cette rencontre a été plaisante, surtout avec le personnage de Liss qui est de mes âges.
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