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Critique de AlexianeTh


Le temps d'une étoile est le premier roman autoédité de l'auteur. Ce texte a remporté le prix Wattys « Lecture captivante ».


En 2518, Helio Gargan, vingt-cinq ans, est un professeur d'Histoire aux rêves de plume. Écrivain lors de ses heures solitaires, il dépeint les vices de la société dans laquelle il vit, crache sur le papier cette liberté à laquelle il aspire, mais qui lui semble pourtant lointaine. Dans un monde contrôlé, régis par des puces, droïdes, et nourriture moléculaire, nous apprenons grâce à lui comment l'Humanité en est arrivée là depuis cinq cents ans. En bon professeur, il nous explique les grands axes de l'évolution — les cinq métamorphoses ­-, et pourquoi au 26e siècle, l'espérance de vie ne dépasse plus les quarante ans.

L'intrigue démarre en lettre ouverte, un dialogue où nous sommes l'interlocuteur silencieux et attentif, prêt à entendre ce qui nous est raconté. le narrateur, Helio, pose les bases de son univers et le contexte dans lequel il nous entraine. Une intimité se crée rapidement, un peu comme si nous nous installions avec le héros, dans un sofa, très intéressé par ce qu'il a à nous dire. Pour comprendre une histoire, il faut en connaître les piliers. D'un rapide résumé des faits et des arcs historiques de l'Humanité, nous nous préparons à la suite.


À ce fameux jour où un flash de lumière aveugle l'Humain et réduit l'espérance de vie de cinq ans.

La Limite, ce fléau qui tranche dans les masses pour déblayer, indifférent à l'identité de tous ceux qu'elle fauche.

Pour Helio, le compte à rebours devient plus pressant. Les heures, les minutes défilent. Il compte combien de temps il lui reste à vivre. Tout se chamboule, tout bascule lorsque la Limite accélère et devient le battement de coeur de l'Humanité avant l'arrêt cardiaque.


Nous sommes ainsi entrainés derrière le héros, un peu perdu et qui tente, comme beaucoup, de comprendre ce qui se passe. le cadran est noir et le tic-tac sinistre ; mais sa rencontre avec une femme étonnante pourrait bien bouleverser davantage l'existence qui lui reste à vivre – ou pas.

La bobine de l'intrigue se divise en phase d'introspections très poétique, en phase d'actions et en twists apportant leur lot de réponses comme de nouvelles interrogations.

Nous pourrions estimer trois arcs majeurs dans ce roman. Trois arcs qui divisent l'histoire en rythme différent et à la teneur qui ne cesse d'aller crescendo en termes de richesse narrative et imaginative.

Boum, boum.

Bouboum, Boumboum.

Boubouboum, boubouboum…


Jusqu'au grand final où il reste à savoir si l'électrocardiogramme sonnera son glas ou s'il continuera ses farandoles.

L'univers est très bien construit et nous nous prêtons au jeu de cette ville immaculée, au confort de vie indécente et au fait que manger de la véritable nourriture est une perte de temps : autant avaler quelques pilules qui suffisent à sustenter notre corps tout en nous apportant toutes les valeurs nutritives indispensables. Nous découvrons les modes de vie, le fonctionnement politique, et constatons à quel point la technologie empiète encore sur notre quotidien : c'est même extrême.


Il peut être intéressant « d'oublier » à quel point les citadins sont jeunes. La maturité n'est plus jugée sur l'âge, mais les personnalités et la physionomie. Par ailleurs, nous connaissons rarement l'âge des autres, sauf précisions voulues, et nous nous surprenons à estimer l'âge d'un homme d'une cinquantaine d'années quand il n'a en réalité que trente ans, par exemple. Son élocution, sa posture, son allure… Volontaire ou non de la part de l'auteur, cela peut nous pousser à nous interroger sur l'impact du temps sur nos consciences, notre mode de vie et notre apparence.

L'auteur sait ce qu'il veut raconter et dans quel monde ses personnages évoluent.


Helio est un jeune homme très attachant. Son background est bien travaillé, assez pour clarifier son caractère, ses réactions ainsi que ses réflexions. En plus de la complicité — intimité — qui se construit dès le départ entre le lecteur et lui, plonger dans son quotidien et sa tête introduit une nouvelle proximité. L'on s'accroche à lui, tels des petits angelots sur son épaule, témoins impuissants de ce qui lui arrive ou bienheureux de ses petits bonheurs.

Pour les autres protagonistes, nous ne les aborderons pas par souci de maintenir le plaisir de la surprise et de la lecture, comme toujours. Cependant, nous nous permettons de souligner leurs bonnes constructions et leurs rôles essentiels dans l'histoire, tant dans l'évolution du personnage d'Helio que pour l'avancée de l'intrigue.


La mise en page est réfléchie, calculée. Quelques apartés, mais aussi des chapitres dans les chapitres, scindés en jour et heure. Inutile cependant de vous accrocher absolument à ces informations qui, si elles sont importantes, sont toutefois rappelées dans la narration. Grâce à la typographie, vous avons aussi des indices sur les termes importants, comme par exemple « Rouge ». Nous avons une immersion supplémentaire grâce à la forme du récit.

L'écriture est poétique — on ne le voit pas souvent dans un genre dystopique -, et à la fois ciselée : elle taille là où elle faut, ponce les émotions, creuse dans les coeurs et va chercher l'essence de l'humain : ce qu'il y a de plus beau, mais aussi de plus terrible. Par là, nous ne sous-entendons pas des scènes « gores ». Certaines sont un peu dures pour les plus sensibles, c'est vrai, mais l'obscurité décortiquée de l'âme est amenée avec une sensibilité curieusement respectueuse et éclairée.


Le temps d'une étoile est un roman d'anticipation sensible, élégant et intelligent. La lecture est douce malgré les déboires, et les messages transmis, alarmants. C'est un appel au secours, une mise en garde qu'il est temps d'enregistrer pour agir. Une critique des gouvernements, de la société et de l'inaction humaine. C'est un présage de l'avenir et le porte-parole de la Terre.

« Stop. »
Lien : http://marmiteauxplumes.com/..
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