Il est rare que ceux dont les vies furent bouleversées par les grands troubles de l'histoire de l'humanité parviennent à faire oeuvre artistique de ce qu'ils ont vécu dans leur chair. Si l'on est souvent touché par des témoignages poignants et saisissants, il y manque souvent la richesse et la valeur de l'art.
Claude Aveline, ancien résistant de la Seconde Guerre mondiale, réussit à faire de son récit des persécutions de la Gestapo une oeuvre littéraire émouvante. S'appuyant sur les douleurs et les drames de plusieurs femmes résistantes qu'il rencontra au cours de son engagement pour la liberté,
Claude Aveline dresse l'histoire de Clémence, entre prison et humiliations, interrogatoires musclés et déportation, dans de courts chapitres à la manière d'un journal quotidien, rappelant en ce sens "
Le dernier jour d'un condamné" de
Victor Hugo. le grand art de
Claude Aveline est de retranscrire l'horreur humaine incarnée par l'oppression nazie sans tomber dans le bain de sang et le détail scabreux. Cette horreur se dessine à travers l'opposition d'une force brutale désespérée, consciente au fond d'elle-même de sa chute inévitable, à une autre force, beaucoup plus puissante, celle d'une volonté indéfectible, inexpugnable et sûre de son bien-fondé.
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