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Critique de magalibertrand


Que de fluctuations d'impressions et de sentiments à la lecture de ces Confluents, premier roman d'Anne-Lise Avril découvert dans la sélection des 68 Premières Fois…
D'abord, navrée pour cette remarque digne d'une lectrice débutante, totalement dépourvue d'imagination ou absolument inculte en matière d'art moderne (ou les trois…), mais passer l'austérité de cette couverture est déjà, en soi, une épreuve dont on s'acquitte avec circonspection et qui fausse, selon moi, la tonalité bien plus abordable du roman. Ensuite, pour peu que l'on ait, même de loin, suivi les sorties littéraires de ces dernières années, on se heurte à un format que l'on a quelques chances d'avoir peu ou prou croisé récemment : projection sur un avenir suffisamment proche pour être imaginé, suffisamment lointain pour être fantasmé, supposition de modes de vie survivalistes, récapitulation des événements ayant conduit à une situation devenue l'actualité en cours avant retour final à ladite situation. Pas de chance, Lorsque le dernier arbre était encore trop frais dans ma mémoire pour ne pas y créer un écho à la concurrence redoutable…Mais, foin de ces considérations peu amènes, ce qui est parfaitement réussi dans Les confluents, ce qui fait que la lecture en reste très agréable, en dehors de la très jolie plume de son auteure, ce sont ces deux êtres aux personnalités, aux convictions, aux espérances très honorables et très attachantes.
Elle, c'est Loubia, dont les racines et la mémoire demeurent tout entières plantées dans les accents russes de son prénom et sa volonté de témoigner de l'obstination de quelques visionnaires à faire refleurir le désert ou survivre les forêts, pour les hommes à venir, malgré ceux du présent. Lui, c'est Tala, dont les yeux se sont emplis de la beauté d'une île pour mieux affuter son regard sur le monde et partager avec ses semblables les images qu'il y capture çà et là. Eux deux, c'est une attirance spontanée née d'un travail et d'une volonté commune, c'est un « nous » fugace qui se doit de ne pas exister entre deux rencontres fortuites, c'est un sentiment sous-terrain qui sourd, par magie ou par accident, lorsque la vie offre une rencontre à ces deux confluents. C'est ce qui fait la force et la beauté de cet attachement particulier. C'est ce qui fait la singularité et l'élégance de ce premier roman porteur d'avenir et de promesses car la plume en est racée. C'est ce qui m'a fait regretter d'autant plus fort cette dernière partie dont la banalité semble désavouer tout ce qui l'a précédée et renier ce constat si juste de Loubia : « Leur relation était ancrée dans les circonstances. Née tout entière de la désorientation de leurs exils permanents. Une forme de constance dans leurs dérives. Étaient-ils davantage qu'une fiction, inventée à la lisière des histoires qu'ils disaient sur le monde? Une profondeur de plus, un supplément d'âme donné à leurs voyages, pour s'accrocher à quelque chose de stable, où qu'ils soient sur le globe, aux confluents de l'errance perpétuelle. »
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