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Critique de mfrance


Cet ouvrage, reçu dans le cadre d'une Masse Critique, et j'en remercie chaleureusement Babelio et Archipoche, a pour mérite de détailler très précisément les étapes de la collaboration entre 1940 et début 1945. Il s'agit avant tout d'une chronologie destinée à replacer les hommes et les événements dans l'optique de l'Occupation nazie. (Ce qui fait également ses limites, car chaque sujet n'est qu'abordé. Au lecteur donc de se procurer les ouvrages détaillant précisément les sujets qui l'intéressent le plus.)

Tout d'abord Pétain, qui, six jours après avoir échangé une poignée de main avec Hitler, lors de l'entrevue de Montoire, annonçait aux français :" j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration" ; ensuite tous ceux qui eurent un rôle plus ou moins important au sein du gouvernement de Vichy : Les Laval, Darlan, Darnand, Déat, Doriot, Henriot, etc., dont l'auteur trace un portrait succinct tout en mettant chaque personnage en situation, et abordant la question du statut des juifs, la collaboration policière et la création de la Milice, entre autres.
Cette collaboration était, au point de vue du maréchal, basée sur le "donnant, donnant" lui permettant par ailleurs d'administrer la France à sa convenance et entamer d'une main de fer sa "Révolution Nationale" destinée à redresser moralement la patrie.
Or, ce "donnant, donnant" n'était rien d'autre qu'une vaste fumisterie, le pays ayant été économiquement pillé ! En outre, au titre d'une disposition de la convention d'armistice, l'état français devait assurer "les frais d'entretien des troupes d'occupation" et le Reich ne se priva pas d'exiger des sommes exorbitantes, largement supérieures à ce qu'il fallait pour l'entretien des troupes, ce qui lui permit de financer en partie son effort de guerre !

Installé à Vichy, ce gouvernement n'avait que peu de prises sur les événements parisiens où se déroulait la vie culturelle et intellectuelle. D'où l'éclosion de mouvements collaborationnistes à Paris où un certain nombre de personnalités n'hésitèrent pas à se commettre avec l'ennemi.
Paris était la prestigieuse vitrine de la culture européenne et un lieu de repos et de loisirs pour les soldats allemands qui y séjournaient ou y venaient en permission. Il fallait évidemment pourvoir à leur distraction. Donc, cafés, théâtres, salles de concert, champs de course... furent très vite réouverts, et ce également pour le bénéfice des français, afin de faire oublier les rigueurs de l'Occupation.
Bien entendu, ceci devait se faire sous encadrement allemand. Otto Abetz, le francophile ambassadeur du Reich à Paris y pourvut, sous la houlette de Goebbels. Il était important de contrôler l'information, presse, édition et radio, mais aussi la vie culturelle (cinéma et théâtre) et l'orienter discrètement afin de faire ressortir l'excellence allemande.

Contrairement aux assertions du gouvernement de Vichy, la Collaboration n'a pas été l'engagement de deux états, et au fil du temps il devint de plus en plus évident que Hitler ne songeait qu'à asservir la France, ce qui a permis à Goebbels de noter : "c'est la collaboration du cheval et du cavalier."
L'Etat français est donc devenu peu à peu un simple satellite du Reich ! mais il convient de retenir que le principal objectif de Pétain était avant tout "le redressement intellectuel et moral" du pays, et pour cela il a créé le régime le plus autoritaire que la France ait connu au cours du vingtième siècle.

L'ouvrage aborde également, dans le cadre de l'épuration, outre le devenir des responsables politiques et des artistes, la relation économique et commerciale des entreprises françaises avec l'Allemagne, les domaines professionnels, édition, fonction publique dont la police et l'armée, mais aussi les académiciens et même l'église (des évêques et des responsables de mouvements catholiques trop favorables à l'occupant ont été discrètement mis à l'écart). Cependant, cette épuration est restée fragmentaire, ce qu'a parfaitement résumé l'historien Henry Rousso :"le dilemme était le choix entre une justice imparfaite et la vengeance contre les vaincus. On a choisi la première solution".

L'auteur pointe également la responsabilité de l'Etat français, (voulant prouver sa bonne volonté auprès du Führer), dans l'arrestation et la déportation des juifs, juifs "étrangers" mais aussi français, n'en déplaise à certains qui nient ou minimisent ce fait !

Pour finir l'auteur propose une série d'ouvrages éclairant la Collaboration d'état dans des domaines peu abordés jusqu'à maintenant : l'attitude des serviteurs d'état affrontés à l'Occupation, des inspecteurs des finances, la collusion entre les moyens répressifs de l'Etat français et l'occupant ...
Bref un tour d'horizon très complet et très concis de toute cette période, destiné à en donner un aperçu qui permettra au lecteur curieux d'approfondir ses connaissances en consultant d'autres ouvrages, dont l'auteur nous fournit une abondante bibliographie.
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