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Critique de Melisende


Lune Mauve c'est la nouvelle saga qui fait sensation et que l'on croise à tous les coins de blogs. Comme je suis curieuse et que les avis semblaient globalement très positifs, j'étais ravie de pouvoir, à mon tour, découvrir la plume et l'imaginaire de Marilou Aznar.
Après une première partie mystérieuse et plutôt agréable, j'ai bien cru que la deuxième allait me faire jeter le livre par la fenêtre… Heureusement, le troisième et dernier tiers du texte, complètement différent, m'a réconciliée avec l'histoire et me pousse à lire le deuxième tome très rapidement (en septembre, c'est sûr !).

Lune Mauve c'est l'histoire d'une jeune fille, Séléné, qui entre en seconde dans le lycée le plus coté de Paris, alors qu'elle a vécu toute sa vie retirée au fin fond de la Bretagne. Fille unique, une aura de mystère entoure son passé et notamment ses origines. Sa mère, magnifique femme sortie de nulle part, abandonne sa famille du jour au lendemain, laissant un mot très bref pour seule explication. A Paris, Séléné fait de nouvelles rencontres et découvre, bien malgré elle, la vérité sur son héritage…
Avec deux prénoms pareils - Séléné Sigismonde - on s'attend à suivre une héroïne hors du commun. Or, au début, lorsqu'on fait la connaissance de l'adolescente, elle n'est que ça justement, une adolescente lambda. Avec tous les travers liés à cette période ingrate. Guidée par ses hormones, incapable de voir plus loin que le bout de son nez (alors que c'est pourtant évident !), obsédée par sa propre personne (et par l'effet qu'elle peut avoir sur un garçon beau et mystérieux, évidemment…), Séléné incarne le cliché de l'adolescente débile qui ne sait plus penser dès qu'un beau gosse arrive dans son champ de vision.
Que cet état de fait soit une réalité sur notre Terre bien-aimée, je n'en doute absolument pas. Mais ça ne m'empêche pas d'être exaspérée. Je crois que je n'aime pas les adolescents (du moins ceux qui suivent le troupeau sans faire marcher ce qui leur sert de matière grise, entre les deux oreilles). Alors oui, le réalisme est poignant, on est parfaitement immergé dans ce monde ô combien horripilant de l'adolescence où ce qui compte c'est d'être branché dans les soirées de la capitale et où pour oublier son chagrin d'amour, on se noie dans une bouteille de vodka à un mètre du groupe qui veut nous faire la peau. Affligeant de conneries. Mais encore une fois, ce ne sont pas les scènes décrites par Marilou Aznar que je déplore (très réalistes) mais le comportement des gamins de 16 ans.
Je pense que j'aime aussi suivre des héros qui - sans être exceptionnels - savent réfléchir et ont une certaine conscience du monde qui les entoure. Dans les deux premières parties (surtout la deuxième), Séléné ne sort pas du tout du lot et je pense qu'elle m'a déçue. Malgré tout, suite à un évènement tragique, elle va ENFIN ouvrir les yeux, commencer à voir plus loin que sa petite personne et réfléchir sérieusement à sa situation. Et nous voilà dans la troisième partie que j'ai bien davantage appréciée que les précédentes car on y découvre alors une héroïne grandie, beaucoup plus mature et responsable ; en bref, une figure comme j'aime les suivre.
Je suis bien consciente que tout est voulu, que l'auteure a accentué le coup de l'héroïne « comme tout le monde » (pour que les jeunes lectrices s'identifient à elle) qui en fait est exceptionnelle. Je pense aussi que l'écart entre la Séléné du début et celle de la fin est un choix réfléchi : son comportement stupide entraine l'évènement dramatique qui produit le déclic qui la fait évoluer et accepter enfin sa mission sur Terre. Oui, je conçois et je comprends mais je trouve tout de même ça un peu « trop ». Les deux premières parties (surtout la deuxième à vrai dire, la première mettant assez bien en place l'héroïne et son petit univers parisien), auraient peut-être du être un peu raccourcies pour éviter les scènes répétitives (la vie d'une lycéenne n'est quand même pas hyper passionnante, quel que soit son prénom et sa destinée…) et donc mon exaspération.

Cependant, je me répète, la troisième et dernière partie du texte, bien que très courte, remonte considérablement mon appréciation générale. L'action s'accélère, des réponses nous parviennent et même si certaines révélations et retournements de situation tombent dans la facilité, c'est assez bien mené pour être pardonné et pour donner envie de lire la suite.
Finalement, de l'univers imaginaire inventé par Marilou Aznar, on ne sait pas grand-chose et les quelques éléments mis en place dans ce premier tome introductif, bien loin de nous rassasier, nous poussent à en savoir plus ! Je me suis demandée, après avoir tourné la dernière page, si l'auteure avait grandi avec Sailor Moon (dessin animé que j'adorais), puisque là aussi, il était question de la Lune et de… je ne vous en dis pas plus (non, Séléné ne se transforme pas en Sailor sexy portant une mini-jupe, rassurez-vous !).

J'ai envie de dire que le fond est bon mais que la forme pèche un peu, sur certains points. Et je pense qu'on peut mettre ceux-là sur le dos du « premier roman ». En effet, outre les deux premières parties un peu lourdes et maladroites à mon goût, les personnages secondaires se révèlent assez peu surprenants et sont exactement là où je les attendais (mais a priori pas Séléné puisqu'elle ne comprend rien à rien). le beau gosse hyper mystérieux versus le rebelle musicien asocial. Devinez vers qui se tourne la gourde d'héroïne, malgré tous les indices qui lui hurlent de s'enfuir à toutes jambes dans l'autre direction… ? Un peu trop évident à mon goût, bien que la révélation finale rattrape les choses (même si un peu brusque et un peu vite expédiée, non ?). Quant au gamin musicien qui quitte le lycée, signe pour une maison et affiche complet dès son premier concert parisien… a priori le fantasme de toutes les groupies adolescentes ; c'est pas un peu cliché ? (Et trop facile ? Comme si tous les ados musiciens devenaient des stars en claquant des doigts…). Encore une fois, ce n'est pas un mauvais choix, c'est juste très prévisible et typiquement écrit pour faire plaisir aux jeunes lectrices.

J'ai également relevé quelques maladresses dans le style (l'utilisation du « il y a » au milieu de tout un récit au passé me perturbe et une ou deux erreurs de concordance de temps m'ont stoppé nette dans ma lecture) et pourtant, malgré les bémols cités ci-dessus, je lirai la suite. Parce que la troisième partie du texte présente une héroïne plus mature et de ce fait, une narration à la première personne beaucoup plus agréable. J'ai décelé comme une mélancolie poétique dans ces dernières pages, ce qui promet de belles choses pour la suite, du moins je l'espère !

Je me rends compte que j'ai été un peu sévère dans ma chronique et pourtant, je reconnais beaucoup de qualités à ce premier roman et ai pris du plaisir à le découvrir (à part quelques moments d'exaspération dans la deuxième partie). L'intrigue et la plume sont très prometteuses et me poussent à lire rapidement la suite, en dépit des lourdeurs et maladresses de ces deux premières parties. La suite tiendra ses promesses, je l'espère !
Lien : http://bazardelalitterature...
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