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Critique de Lutopie


Un trésor d'archéologie, vieux de plus de 3000 ans, qui reste méconnu ; un texte gravé sur des tablettes d'argile, en caractères cunéiformes, qui se déchiffre comme la pierre de Rosette, ce texte fragmentaire, n'a-t-il pas de quoi faire fantasmer tous les lecteurs ?

On découvre dans l'épopée de Gilgamesh une civilisation d'une richesse inouïe, fascinante, mésopotamienne. Depuis la lecture de ce texte, je me dirige automatiquement dans les musées vers le département des Antiquités Orientales, et j'y passe plus de temps que dans les départements d'Egypte antique ou De Grèce antique parce que j'y découvre quelque chose que je ne connaissais pas et puis ça me parle d'autant plus actuellement, parce que ces vestiges des peuples guerriers de l'Antiquité, ces énigmes, d'une civilisation inconnue, me laissent méditer sur les évènements actuels : ce qui se passe en Irak, en Syrie, etc. On essaie de comprendre la guerre comme on peut quand on aime profondément l'humanité mais qu'on est tellement horrifiée par la violence, qu'on se demande si l'homme n'est pas une créature monstrueuse. Au British Museum, il y a des pans de murs gigantesques, représentant - entre autres - une magnifique chasse aux lions et ça se déploie sur des dizaines de mètres. C'est très beau, ces détails qui nous viennent de Ninive, ces vestiges de l'empire néo-assyrien. Les lionnes mourantes, criblées de flèches, souffrantes mais majestueuses, me remuèrent quelque peu. Saviez-vous que ces trésors de la civilisation du Proche-Orient ayant résisté à l'épreuve du temps pendant des millénaires sont la cible des hommes qui font la guerre (à leur nature peut-être - sauf si c'est la nature cruelle de l'homme qui parle) ; qu'ils font la guerre à leur propre histoire, à leur culture ? Il est peut-être préférable que les hommes violents s'en prennent aux morts qu'aux vivants, mais je ne sais pas, je trouve ça profondément triste moi parce que c'est l'histoire de l'humanité, ces constructions en ruine, et ces destructions massives en font partie, certes. le Déluge - ce passage fondamental de l'Ancien Testament – trouve sa source dans ce texte fondateur – peut-être que le chaos fait partie de l'ordre des choses, après tout, que sais-je ?
Gilmamesh, roi d'Uruk mais aussi dieu des enfers : est-ce un roi ayant réellement existé ou bien n'est-ce qu'un mythe ? On parle dans ce récit poétique, allégorique, de la vie et de la mort, d'une quête vers l'immortalité, de l'initiation d'un roi guerrier, un demi-dieu, un héros orgueilleux, un tyran sublime. Il rencontre Enkidu, un sauvage, qui a grandi et vécu longtemps seul, comme un ermite, en pleine nature, et à qui on apprend ce qu'est la civilisation. Ces héros, qui se vouent une amitié éternelle, au-delà de la vie et de la mort, se lancent dans une série d'exploits, et combattent Humbaba, le gardien des cèdres ( un personnage que j'aime beaucoup, Humbaba), puis un Taureau sacré, envoyé par Ishtar (ou Inanna), la déesse de la vie, de la fertilité, de l'amour et de la guerre. le rôle des femmes et des déesses, de la sexualité, dans cette épopée antique, qui suit le chemin de ces deux héros si virils mérite qu'on s'y intéresse de plus près. D'autant plus lorsqu'on sait que Gilgamesh a une déesse pour mère : Ninsun, la protectrice, la "dame-bufflesse"en sumérien.
Gilgamesh, c'est un constructeur parce qu'il érige des villes, notamment grâce au bois – des cèdres - qu'il exploite - c'est l'homme qui se bat contre la nature – parce qu'il se bat contre le gardien de la forêt – contre un animal sacré. Gilgamesh, c'est encore celui qui se révolte contre la nature cruellement mortelle de l'homme et qui se lance dans cette quête de l'immortalité qui compose la seconde partie de l'épopée. Gilgamesh, ce roi, et Enkidu, son ami fidèle, rêvent, et interprètent leurs rêves, y compris les rêves d'Enkidu lui annonçant sa mort prochaine et la mort d'Enkidu marque un tournant dans la vie de Gilgamesh parce que c'est ce rappel de la mortalité de l'homme qui fait qu'il erre à son tour dans la nature, vêtu de peaux de bête, de lions qu'il tue de ses propres mains. Oui, l'homme combat la nature depuis l'Antiquité, parce que l'homme est un être "civilisé" ...
En tout cas, si vous aimez les mythes, ou L Histoire antique, je vous conseille cette lecture, ce trésor inestimable et je remercie ceux qui ont su préserver ce texte et qui ont su le recomposer, jusqu'à sa forme poétique et même si le texte reste inachevé, il n'empêche en rien que la vie de Gilgamesh prenne fin – à moins qu'il ne s'agisse pas de la fin ? Gilgamesh meurt-il ? Qu'y a-t-il après la fin d'une histoire sans fin, inachevée ?
Qu'y a-t-il avant et après la mort ? Qu'est-ce que la vie ?
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