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Critique de Presence


Ce tome fait suite à "Liens de sang" (épisodes 1 à 6) ; il s'agit du deuxième depuis la réinitialisation complète du personnage dans le cadre de l'opération New 52. Il contient les épisodes 7 à 12, parus en 2012. Il faut avoir lu le premier tome pour comprendre celui-ci. Tous les scénarios sont de Brian Azzarello. Cliff Chiang a dessiné et encré les épisodes 7, 8, 11 et 12. Tony Akins a dessiné les épisodes 9 et 10, encrés par Dan Green.

Wonder Woman (Diana), Hermès et Lennox sont à Florence (en Italie) pour requérir l'aide d'un autre dieu. Pour la mission que souhaite accomplir Diana, ils ont besoin d'armes possédant des caractéristiques bien particulières. Une fois le prix payé, Hermès peut emmener Diana aux enfers pour négocier avec Hadès. Il s'agit de sauver Zola (toujours enceinte) qu'il a enlevée. de son coté, Strife essaye de se rapprocher d'Arès, Héra prépare sa vengeance contre Wonder Woman. Apollon continue ses manigances, et Zeus est toujours absent.

Dans le premier tome, Brian Azzarello avait montré aux lecteurs qu'il avait pris sa lettre de mission au premier degré : réinventer le personnage de Wonder Woman, sans s'encombrer de la continuité. Il a gardé l'île du Paradis et les Amazones, le panthéon des divinités grecques et leur propension à la confrontation, et tout le reste est à découvrir.

Ce deuxième tome est tout aussi divertissant que le premier : il se lit vite (un tiers de temps plus vite qu'un autre recueil de même pagination), les péripéties s'enchaînent sans temps morts, et les intrigues secondaires ne sont pas étirées au-delà du raisonnable (par exemple la grossesse de Zola arrive à son terme, dans des circonstances que je vous laisse découvrir). le personnage de Diana ne se définit que par ses actions et ses réactions. Il n'y a pas de voix intérieure, pas de dialogues révélateurs, juste de l'action et quelques réactions qui en diront plus au lecteur qui connaissait déjà le personnage qu'aux autres (l'attitude de Diana face à l'épreuve de vérité à laquelle la soumet Hadès).

Azzarello utilise au mieux le redémarrage pour donner une nouvelle vision des dieux grecs. Il s'agit là d'un ressort significatif du récit puisque le lecteur se demande quel est le prochain que rencontreront Diana et Hermès, quelle sera sa situation dans cet environnement renouvelé et comment Azzarello et Chiang auront délimité ses capacités et son apparence. Azzarello maintient un bon rythme dans son récit en changeant régulièrement de lieu à un rythme rapide sans être frénétique. C'est ainsi que le lecteur passera de l'Italie aux Enfers, ou de Damas au Mont Olympe. Azzarello ne se contente pas de définir cette nouvelle incarnation du panthéon grecque, il évoque également le renouvellement démographique des amazones, d'une manière qu'aucun autre scénariste n'avait osé mettre en scène.

Cliff Chiang reste le responsable de la définition graphique des personnages. Dans ce tome il est à nouveau possible d'admirer sa propension à proposer de nouvelles approches. Hadès (et son trône), Apollon, et les autres présentent des apparences mêlant aussi bien les tenues de la Grèce Antique, que des composantes de récit d'horreur ou surnaturelle (voire animale pour Hermès). Cela demande parfois un temps d'adaptation au lecteur pour accepter ce parti pris visuel affirmé, mais le résultat procure un dépaysement garanti, ainsi qu'une ambiance très particulière. Chiang compose des pages comprenant en moyenne 4 ou 5 cases, ce qui concourt à la rapidité de lecture. Il ne cherche pas le réalisme, mais plutôt la cohérence interne du récit. Son approche n'est pas de faire ressembler les personnages à des photographies, il simplifie les contours et les apparences, ce qui lui permet d'intégrer sans difficulté dans ses images des éléments mythologiques, des éléments horrifiques, une jeune femme légèrement vêtue (Wonder Woman), des monstres (un centaure très réussi), et une jeune humaine perdue au milieu de tout ça. L'approche graphique d'Akins et Green est calquée sur celle de Chiang, et c'est à peine si le lecteur remarque la différence.

Cliff Chiang soigne aussi tout particulièrement les couvertures qui sont magnifiques et légèrement second degré car elles marient une vision un peu pin-up de Wonder Woman, avec un coté pulp, et des situations qui mettent en valeur son courage et son audace, le tout avec un soupçon de dérision.

Avec ce deuxième tome, Azzarello continue de tirer le meilleur parti possible de la page débarrassée de continuité dont il bénéficie. Il construit son récit sur le principe d'une fuite en avant dans laquelle Wonder Woman essaye désespérément de rattraper son retard dans les machinations des uns et des autres. Cela procure une solide dynamique au récit. Il surprend le lecteur au fur et à mesure de l'apparition des nouvelles versions des personnages (grâce aux visuels originaux de Cliff Chiang). On peut éventuellement regretter qu'il s'intéresse plus à l'intrigue qu'aux personnages. Ce qui reste fort agréable est qu'Azzarello, Chiang et Akins rendent ce personnage crédible, sans s'appuyer des éléments racoleurs, mais sans oublier non plus qu'elle est une femme.
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