Citations sur Sous la ceinture : Unis pour vaincre la culture du viol (8)
Je te regarde sauter dans les vagues avec ton père, tous les deux en sous-vêtements et insouciants, et je me dis que je voudrais que tu grandisses en pouvant dévoiler tes épaules si tu as chaud. Grimper dans les arbres sans qu'on sexualise ta culotte-rose-du-jeudi. Porter des jupes courtes si tu en as envie.
(...)
-Maman? Pourquoi tu ne viens pas dans l'eau?
-Je n'ai pas mon maillot de bain.
-Maman! Baigne-toi en culotte! On s'en fout! C'est pas important, tout ça!
J'aimerais tant que tu aies raison, ma puce.
Ne nourrissez pas votre souffrance en l'emprisonnant dans le silence.
S'il vous plaît, parlez.
[p181]
On peut pus rien dire aux femmes, se plaindra le chevalier galant des temps qu'il commence à trouver compliqués. C'parce qu'on lui a dit souvent qu'il est fort, qu'il domine, qu'il est bon là-dedans, gérer. C'est un prédateur ; son appétit à lui, il est naturel, il est permanent. La vie, c't'une game, pis y faut être on top. Les filles, c'toutes des folles, dit un bumper sticker.
Cette virilité qui ne tient qu'à un fil.
[p120]
Il n'y a rien de valorisant à coucher avec une femme qui ne vous donne pas son consentement, qui n'éprouve pas de désir à votre égard.
Le fait de savoir garder une érection ne fait pas de vous des hommes.
[p118]
Montrer aux jeunes filles à être davantage que leur apparence, ne pas les y réduire ou ne leur offrir comme modèles que des princesses à coiffer, à habiller, à regarder attendre le prince charmant. Elles valent davantage que de se croire objets à plaire. Ou à être des ménagères. Elles valent plus que de se croire vouées à la passivité. Les garçons valent davantage que de se croire obligés à la force, aux camions, aux jeux de domination. C'est un peu pour tout ça que les stéréotypes de genre sont nocifs : ils circonscrivent le domaine des possibles, confinent l'individu à croire son identité valide uniquement dans le moule qu'on lui impose. Et lorsque, dans ces mêmes moules, ce qui est étiqueté comme étant féminin est souvent risible ("lancer comme une fille"), il n'est pas surprenant que certaines finissent par croire qu'un genre vaut mieux que l'autre. Il n'y a qu'un tout petit pas à faire pour se donner des droits sur lui.
-Véronique Grenier
Il faut encourager la parole, la voix, l'affirmation des besoins, des limites. Le "non" d'un enfant, certes, il gosse, mais c'est le tout premier pas vers cette capacité de se reconnaître une valeur, un pouvoir sur soi. Casser la capacité de refuser, obliger constamment à se plier à des volontés externes, c'est apprendre à l'enfant qu'il est adéquat d'outrepasser ses limites.
-Véronique Grenier
Quand on est privé de sa volonté, on fait les choix qu'on peut. L'illusion de contrôle, même si c'est un mensonge, est moins terrifiante que la réalité quand, dans la réalité, quelqu'un prend ton corps et se l'approprie comme un câlisse d'objet. Qu'il s'approprie ton corps, le seul que t'as, celui avec lequel tu vas devoir vivre jusqu'à la fin de ta vie, le fixer droit dans les yeux dans le miroir tous les jours, le regarder vieillir, celui dont tu te serviras pour voyager, aimer, nourrir tes futurs enfants, ton corps. [...] La réalité, elle laisse une tache qui partira jamais. Elle pâlit, tu t'habitues, et ça pourrait toujours être pire. Mais ton corps, le seul que t'as, tout ce que t'es, est taché un peu. Pour toujours.
[p176]
On ne peut se limiter à pointer du doigt quelques coupables - " Les machos ", " les médias ", " les tribunaux " - sans penser aussi à transformer la société pour que les rapports entre les sexes ne soient plus entachés par ce parti pris misogyne qui fait parfois sentir aux hommes qu'ils peuvent s'arroger l'accès aux corps des femmes. Je crois que nous sommes tous conviés à cette conversation et à ce travail de transformation. Si les hommes manquent à l'appel, s'ils ne se sentent pas concernés eux aussi par ce que les femmes dénoncent, nous n'arriverons à rien.
[p22-23]