AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de rotko


Reverdy thomas B, l'hiver du mécontentement, Flammarion.
Ce titre est un poème, un opéra rock, dont l'auteur, metteur en scène habile, gère les paroles et la musique.
L'ouverture, c'est Candice sur son vélo, ce coursier ailé qui délivre des messages urgents en gueulant des passages du Richard III de Shakespeare, la pièce dont elle interprètera le rôle titre, au sein d'une troupe exclusivement féminine, dans sa vie « hors des petits boulots ».
Sur la route, le chant du vélo contre les tas d'ordures et les rats, car l'Angleterre de 1978 est en grève, un thème qui se conjugue dans tous les secteurs, transports, usines, services, c'est la CRISE.
Les actes et les airs principaux se déroulent sur plusieurs portées : les activités précaires - de Candice, jeune fille de 20 ans, en délicatesse avec une famille instable où l'échec et les disputes sont données quotidiennes, - de Jones, pianiste quadragénaire, viré du boulot, qui jazze en des caves labyrinthiques, variétés modernes des taudis de la guerre.
L'Angleterre est un bateau à la dérive, elle prend eau de toutes parts : les syndicats et le parti travailliste sont à la peine, en mal de crédibilité, objets de moqueries partagées : c'est la convergence des …. railleries, « La crise, quelle crise ? », au service de l'ascension de la Tatcher, qui, coïncidence, répète son rôle avec les comédiens du Shakespeare Theater.
Les relations internationales, un réseau en parfait chaos, forment un macrocosme similaire à la scène londonienne - avec ses chômeurs oisifs et des retraités impuissants à combattre les rats.
Dans cet univers où l'ascension au pouvoir des conservateurs bronzés aux colloques internationaux, avatars du Roi Richard qui recherchera un cheval dans la débâcle, la dérision et le désespoir trouvent leurs voix dans les groupes de rocks, et bientôt dans l'esthétique No Future des punks, le destin de joy division et de Sid Vicious.
Le discours de Reverdy parcourt en brefs chapitres ce chaos général qu'il chante dans une langue violente et dense, avec reprises obsédantes, « ça ne marche pas »("it doesn't work") en fin de paragraphes-couplets, avec jeux de mots, « Labour is not working ». Vision dérisoire d'une Angleterre qui n' en a pas fini avec ses problèmes, et dont l'hiver de 1978, hiver du mécontentement, pourrait bien devenir avec le Brexit, la pièce classique, à l'image de « Richard III ».
J'ai adoré ce livre avec une bande son, morceaux cités en exergue de chaque chapitre, refrains caustiques, et reprises ironiques, au service d'une langue violente et percutante, celle du désespoir qui a l'insolence de chanter au bord du gouffre.
Merci à Flammarion de m'avoir envoyé ce « roman » via Babelio.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}