Citations sur La tyrannie du divertissement (24)
Le divertissement est comme une drogue. Plus on s'amuse, plus on vide le temps de sa substance, plus l'amusement est convoqué comme illusoire solution. Il est comme une boisson maudite qui attiserait la soif qu'elle serait censée étancher.
C'est, hélas !, le divertissement qui a conquis nos vies, absorbant comme une éponge les minutes de temps libre gagnées.
Nous n'avons jamais autant tous fait la même chose que depuis que nous avons la possibilité d'agir différemment. Le grégarisme règne en maître. Les réseaux sociaux sont de vastes plaines où des gens s'agrègent en troupeaux d'affinités, pour mieux s'opposer à d'autres.
Notre problème, à bien des égards, c’est la facilité de la vie. On a oublié combien elle était difficile pour nos aïeux. Et pourtant, ces gens qui mouraient souvent jeunes étaient capables d’édifier des œuvres qui figurent parmi les plus belles productions de l’humanité. Ce qu’il faut comprendre peut-être, c’est que la force de tant de créations et d’exploits était donnée grâce aux obstacles de la vie, et non en dépit d’eux.
L’occupation de son temps libre est un art
qui n’est pas enseigné.
...
Le loisir est tout sauf un élément anecdotique de nos sociétés : il est à la fois leur plus grande faiblesse et la
clé de leur évolution.
Il faut avoir « fait » tel pays. Cocher le plus de cases possible. Les voyages à répétition ne sont au fond que les nouveaux signes de distinction sociale. L’équivalent du nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux. Les clichés des premiers alimentant d’ailleurs l’accroissement des seconds.
En 1950, on recensait en France 3 794 téléviseurs. Soixante-dix ans plus tard, on compte 200 millions d’écrans dans notre pays, soit plus de 7 par foyer.
(GFK, étude Référence des équipements connectés (REC), 2015)
La bonne nouvelle, c'est que nous vivons à une époque où le loisir triomphe.
La mauvaise, c'est que ce triomphe est, sans qu'on s'en doute, l'un des plus grands défis jamais lancés à l'humanité.
La mort des personnes aimées est toujours une souffrance. C'est aussi une opportune remise en cause de sa propre vie. On parvient, dans ces moments-là, à prendre beaucoup de distance avec ce qu'o tenait pour important.
Petit, je pensais mon père ennuyeux et austère. Il m'a fallu plus de maturité pour comprendre qu'il était en fait un homme passionné, éperdument épris des délices de l'esprit. Ses aventures à lui ont été intellectuelles. Je revois cette attitude qu'il avait souvent lorsqu'il lisait, levant les yeux dans le vague; immobile et concentré comme Socrate à l'écoute de son daimon, profondément absorbé par des pensées que sa lecture venait de faire naître.
Léo Strauss disait : « si toutes les cultures se valent, le cannibalisme n’est qu’une affaire de goût ».