Que voilà un ouvrage réaliste et passionnant, quoique un peu désespérant !
Olivier Babeau n'aborde véritablement
la tyrannie du divertissement qu'à partir de la 142ème page.
Il n'empêche que cette première partie qui peut paraître un peu longue est nécessaire pour comprendre l'évolution de la notion de loisirs vers la notion de divertissement.
Pendant des millénaires (le paléolithique), l'existence était encadrée, dominée par la chasse, la cueillette, l'itinérance, le groupe et une natalité limitée (les femmes avaient un enfant en moyenne tous les quatre ans du fait des déplacements réguliers des peuplades)
Lors de la sédentarisation (le néolithique) la natalité a beaucoup augmenté et les enfants sont devenus une force de travail supplémentaire.
Sédentarisation = plus de nourriture = plus d'enfants = plus de bouches à nourrir = besoin de plus de force de travail.
Puis, jusques et y compris le XIXème siècle, le loisir était principalement destiné à "l'élite" aristocratique ou des grands bourgeois pour la formation intellectuelle (le Grand Tour, par exemple).
Le temps des loisirs a été initié pour que l'ensemble des individus puisse se cultiver .
Aujourd'hui nous n'avons jamais eu tant de temps libre, mais qu'en faisons-nous ?
L'utilisation des écrans est désormais la principale occupation, nous y passons un temps considérable, au détriment des autres.
Conséquence : dépendance, baisse de l'attention dramatique, inintérêt pour la culture, effondrement du niveau scolaire.
Le problème et il est alarmant, est que l'école devient inaudible et impuissante.
Si les enfants (et leurs parents) n'ont d'intérêt que pour les écrans, l'école leur parait ennuyeuse, vide, demandant des efforts et une attention qu'ils deviennent incapables de fournir.
Mais et c'est le paradoxe, fournir des écrans en classe est une fausse solution, d'ailleurs il est à remarquer que les patrons de la Silicon Valley ont tendance à mettre leurs enfants dans des écoles sans écrans !
Le niveau baisse, les exigences baissent, la méritocratie devient une vieillerie réactionnaire.
Pendant ce temps, d'autres pays investissent (et pas seulement financièrement) dans l'excellence.
Il n'est qu'à remarquer les résultats assez calamiteux des écoliers français dans les enquêtes PISA.
En conclusion, l'auteur tente de donner des pistes pour résister à l'envahissement et à la dictature des écrans et des réseaux sociaux.
Oui, il tente...