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Critique de mjaubrycoin


L'année 2017 marquant le tricentenaire de la naissance de Marie-Thérèse a été en Autriche, l'occasion d'offrir au public de nombreuses expositions toutes plus passionnantes les unes que les autres qui ont permis de découvrir l'oeuvre immense de cette souveraine qui a tant marqué son pays.
En France, elle est davantage connue comme la mère de Marie-Antoinette, celle qui ne cessait de harceler sa fille en transmettant par la voie diplomatique de multiples conseils que la jeune femme s'empressait d'ailleurs de ne pas suivre.
Marie-Thérèse, femme propulsée par la volonté de son père, à la tête d'un immense empire, dut dès son accession au pouvoir alors qu'elle n'avait aucune expérience politique, faire face à la férocité de ses voisins et notamment de Frédéric II, certes encensé par Voltaire comme le parangon des despotes éclairés, mais particulièrement retors et guerrier.
Alors qu'elle défendait becs et ongles ses territoires, et ses peuples, elle a quand même trouvé le temps de lever des fonds pour ses armées, de réformer l'administration, de mettre au monde 16 enfants et de s'occuper de leur éducation.
Avec son talent d'historienne, Elisabeth Badinter a su instruire le lecteur sur les grandes lignes de la politique internationale de la période avec une pédagogie souriante et érudite.
Mais elle a surtout tracé le portrait d'une femme confrontée à des conflits intimes qui parlent encore aux "executive women " d'aujourd'hui. Comment concilier l'amour qu'elle vouait à son mari avec l'intérêt bien conçu de l'Autriche qu'il paraissait bien ignorer sans doute par manque de lucidité et d'expérience militaire ? Comment empêcher son fils de mener une guerre perdue d'avance sans blesser sa fierté ? Les deux hommes de sa vie, son époux tendrement aimé et Joseph le fils qui lui succèdera, lui ont donné bien du fil à retordre et loin de l'autocrate que l'on croyait trouver, c'est une femme soucieuse de ménager les susceptibilités que l'on voit à l'ouvrage.
Elle est parfois hésitante, elle prend aussi à quelques reprises les mauvaises décisions, elle connait des coup de blues, elle s'en veut de ne pas consacrer assez de temps à sa nombreuse progéniture...Bref c'est une femme de notre temps !
Le portrait qu'Elisabeth Badinter dresse de la souveraine est remarquablement documenté historiquement car elle s'est appuyée sur les correspondances conservées dans les archives nationales ou au Ministère des Affaires étrangères. Il n'est pas hagiographique car les travers et les faiblesses de Marie-Thérèse ne sont pas occultés, comme sa jalousie même justifiée et son insupportable bigoterie à la fin de sa vie. C'est un récit vivant et enlevé qui se lit avec plaisir et qui retrace avec beaucoup de précision plus de quarante années d'histoire européenne.
Cette lecture peut utilement être complétée par l'essai qui vient de paraître et qui est consacré aux rapports entretenus par Marie-Thérèse avec ses enfants tout aussi passionnant et érudit.
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