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Critique de Blok


Avec La promesse de l'Est de Christian Ingrao, paru en 2016, ce livre est la seule étude parue en français sur les projets du Troisième Reich en matière de réaménagement de l'Est européen après une guerre victorieuse et ses bases et prémisses idéologiques, depuis le pangermanisme et le mouvement volkisch. Ces derniers ont posé les prémisses, grossièrement résumées : le peuple allemand est biologiquement supérieur et il lui appartient de dominer le monde ; au préalable, tous les Allemands d'origine (Volksdeutsche) et les territoires qu'ils habitent doivent être réunis au Reich. le peuple allemand doit en outre disposer d'un espace vital (Lebensraum) suffisant pour permettre son développement biologique . Cet espace ne peut se trouver qu'à l'Est, parce que l'Allemagne a été très mal servie dans le partage de l'Afrique, mais aussi et surtout parce que l'Est de l'Europe est le prolongement naturel de l'espace allemand qui y a exercé une poussée depuis le nettoyage(Chevaliers Teutoniques) et a conquis entre autre la Prusse et la Mazurie sur les populations slaves autochtones. Hitler ambitionne de reprendre cette poussée (Drang nach Osten) mais sur une beaucoup plus grande échelle, éventuellement jusqu'à l'Oural. Pour germaniser ces territoires, il ne suffit pas de les conquérir, il faut aussi les vider de leurs habitants,qui devront être exterminés ou refouler en Asie, ce qui revient pratiquement au même, pour faire de la place aux colons allemands, sauf ceux qui seront gardés sur place dans un statut confinant à l'esclavage, mais aussi certains éléments racialement valables "qu'il sera possible de germaniser.
Cette politique est mise en oeuvre dans la Pologne conquise dès novembre 1939: déplacements de populations, confiscation de terres, installation de premiers groupes de colons allemands, internement et aussi exécution par fusillade de milliers de polonais, opérés par les bataillons d'Ordnung Polizei ( police de maintien de l'ordre -:il s'agit d'un organisme civil, qui opère aussi dans le Reich pour des missions de maintien de l'ordre ( voir à ce sujet le livre de Christopher Browning sur le comportement à l'Est d'un bataillon d'Ordnung Polizei de Hambourg, dans le cadre de la "Shoah par balles en Ukraine et en Biélorussie).
La conquête du Lebensraum est une des finalités de l'invasion de l'URSS en juin 1941, qui ne répondait à aucune nécessité militaire, Staline n'ayant aucune intention agressive à l'égard du Reich (contrairement à l'idée fausse parfois développée du caractère préventif de l'attaque allemande, qui était contraire aux intérêts économiques de l'Allemagne que l'URSS fournissait en pétrole et en matière première, et dont les généraux allemands ne voulaient pas. A noter d'ailleurs qu'alors qu'Hitler a poursuivi très longtemps le rêve d'une paix séparée à l'Ouest, cette paix séparée aurait pu être acceptée par Staline au moins jusqu'en 1943, mais Hitler n'accepta jamais cette idée.
Dans les territoires soviétiques occupés, on continua et amplifia ce que l'on avait commencé en Pologne. Si les Allemands utilisèrent les fusillades de masse sous le prétexte de représailles contre des actions de partisans, ils recourent surtout à la famine en détournant massivement la production agricole. On estime que dix à vingt millions de Soviétiques moururent ainsi de faim et de froid.
En ce qui concerne les modalités territoriales du Drang nach Osten, les Allemands hésitèrent entre plusieurs modalités : la solution maximaliste jusqu'à l'OurAl, mais aussi d'autres solutions "limitées" à la Biélorussie, l'Ukraine, la région de Leningrad et le Caucase, ou même une Ukraine indépendants, restée slave et protectorat du Reich. Ces hésitations s'expliquent par la pluralité des instances décisionnelles aux compétences enchevêtrées et contradictoires qui caractérisaient l'administration du troisième Reich et furent évidemment transposées dans l'Est. On peut citer : les services de Rosenberg, ministre pour les territoires de l'Est, Hans Frank et sa "principauté du Gouvernement Général, la SS naturellement, le Haut Commandement de la Wehrmacht en zone d'opérations militaires, tous ces organismes ayant des objectifs parfois divergents, mais sans que cela entrave les massacres en quoi que ce soit. Il faut souligner que les massacres avaient souvent lieu en zone d'opérations, sous les yeux de la Wehrmacht qui y a parfois participé, ce qui détruit la légende de "la Wehrmacht aux mains pures" et du "Nous ne savions pas"
Tout ceci est connu et l'auteur n'apporte pas de révélations. Mais le grand mérite de l'ouvrage est de rassembler et de synthétiser toutes ces informations, permettant ainsi une vision globale du phénomène, guère connu en France, au moins sous cette forme synthétique. moins sous cette





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