AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Christophe_bj


2003. Paul et Ana se marient. Ana fait une surprise à son mari : elle invite un groupe d'amis qu'il a connus dans sa jeunesse puis perdus de vue, dont Joseph Kahn. C'est qu'elle ignore la nature des relations qui ont existé entre son mari et Joseph vingt ans auparavant, lorsqu'ils étaient adolescents en classe de Troisième dans une petite ville côtière d'Ille-et-Vilaine. ● Une analepse qui s'étend sur la moitié du roman va nous faire connaître ces relations, et aussi leurs graves conséquences, dans les années 1983 et 1984. Dans une seconde partie, nous revenons à 2003 et au couple formé par Paul et Ana. ● C'est typiquement le genre de romans dans lequel je m'engage parce que le début semble intéressant et attirant (je commence toujours par lire l'extrait Kindle, c'est-à-dire le plus souvent les premiers 5 %) – et aussi parce que la moyenne sur Babelio est élevée. ● Pourtant, l'écriture m'a d'emblée rebuté, à la fois par sa présentation fragmentaire sous forme de mini-chapitres d'une page et demie en moyenne, et par son style lyrique trop évident, trop démonstratif – avec notamment une abondance désagréable de phrases nominales. ● Beaucoup de choses sonnent faux dans ce roman où les clichés abondent, notamment une vision stéréotypée et biaisée de l'homosexualité masculine ; en fait je me suis bien demandé ce que l'autrice y connaissait – pas grand-chose apparemment. Elle transpose l'hétérosexualité qu'elle connaît sur l'homosexualité qu'elle ne connaît pas. Quant à la vraisemblance d'un personnage qui serait hétéro sauf pour un seul garçon, elle me laisse plus que dubitatif, c'est à mon avis complètement ridicule. ● Une autre caractéristique de ce roman est son manque total de profondeur. On reste à la surface des choses, même dans les scènes que l'autrice imagine les plus violentes. Pour avoir une idée du harcèlement en collège en raison de l'homosexualité d'un élève qui devient une tête de Turc, et du retentissement sur cet élève, il vaut mille fois mieux lire En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis, d'une authenticité et d'une précision d'analyse infiniment plus grandes. ● Il y a aussi un côté tire-larmes que je déteste et qui d'ailleurs (en tout cas sur moi) n'a absolument pas fonctionné – mais si j'en crois les autres avis, parfaitement sur d'autres. ● La seconde partie me semble un peu meilleure que la première, même si à la fin on retombe justement dans ce pathos détestable et si artificiel. ● Pour finir, je vous offre un petit florilège de cucuteries : « L'amour d'un enfant, c'est la liberté. La vraie liberté. le reste n'a finalement pas beaucoup de valeur. le reste, bien souvent, c'est des prisons. […] On dit que le temps qui passe ôte le granuleux et le tranchant, qu'il taille et polit. On dit que chaque année, chaque mois, chaque seconde se mue en un rabot magnifique. Pourtant, encore aujourd'hui, Paul porte son enfance comme une blessure sous la carcasse. […] Avoir subi le mal. Regretter de l'avoir fait. Au fond, qui peut dire ce qui est le plus douloureux ? […] Tu sais, Paul, mon Joseph disait que les amours des hommes sont comme les arbres : pareilles au bois, même abattues, même clouées, elles continuent de travailler. Une part d'elles perdure et vit toujours. »
Commenter  J’apprécie          6018



Ont apprécié cette critique (57)voir plus




{* *}