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Critique de lilylitblog


Je ne connaissais pas l'autrice Sophie de Baere, et je dois lui reconnaître de vraies belles qualités stylistiques. le début du récit m'a rapidement attrapée, nous plongeant d'emblée dans l'historique de la famille d'Alizia, déroulant date à date ses souvenirs d'enfant et de jeune femme. Entre l'emprise d'une mère qui veut à tout prix faire de sa beauté un trophée et une clé du succès, un frère dont le handicap devient un rayon de soleil et une soeur en retrait, Alizia pousse comme une plante prête à dépasser son tuteur et sortir les racines du pot pour rejoindre la pleine terre. Ce qui m'a plu, dans le style assez travaillé de l'autrice, ce sont ses images, des comparaisons et des métaphores originales, avec un lexique choisi, parfois assez audacieuses, qui surprennent et réveillent la lecture. L'histoire familiale n'est pas extraordinaire au début, mais très bien écrite et ceci compense cela.

Puis vient le point de rupture, et là, on m'a en partie perdue. Je n'ai pas adhéré à la révélation de la mère d'Alizia, j'ai trouvé le rebondissement trop improbable, digne d'une série d'access prime time, ces feuilletons coutumiers des familles « en tuyau de poêle ». Peut-être parce que je n'ai pas de frère ni de soeur, je n'ai pas trouvé la situation si atrocement choquante qu'elle ne l'est d'abord pour la protagoniste, en tout cas rien qui justifie cette fuite silencieuse. Dès lors, j'ai tourné les pages rapidement pour voir quand elle sortirait de son mutisme ardennais.

Mais la situation dure et se prolonge en un concert de lamentations. Complètement mélo, le roman perd un peu de sa superbe stylistique à mesure qu'il insiste sur le chagrin, le manque, la souffrance, toute une litanie douloureuse qui s'incarne dans des symptômes physiques tels que le vieillissement prématuré (car la mère indigne doit payer par le sacrifice de sa beauté, façon méchante reine de conte, ce qui n'est pas inintéressant comme réécriture d'ailleurs).

J'aurais aimé que les personnages soient plus développés en tant qu'esprit et moins en tant que coeurs endoloris. Finalement, on sait assez peu qui sont Alizia, Jean, Charlotte. Qu'aiment-ils ? Que font-ils dans la vie ? Qui sont leurs ami(e)s, leurs idoles ? Quels sont leurs rêves, leurs projets ? On ne peut pas croire que le malheur initial éclipse tout, que le tabou dévore la personnalité des personnages jusqu'à ne leur laisser que des loisirs en ombres chinoises : pour l'une, la poésie dont on ne verra pas trace dans ses écrits qui ne nous sont pas livrés, pour l'autre, le même cerf-volant balancé contre le ciel avec panache pour en faire une projection fantasmatique d'homme idéal.

Le tout se lit vite, et sans déplaisir, mais manque de profondeur sous l'intensité exaltée.

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