- Ah, si seulement les gens adoptaient les gens, les différences et les autres cultures comme ils s'emparent des plats venus d'ailleurs. Si seulement on pouvait mettre de l'exotisme dans leurs vies avec autant de facilité que dans l'assiette. Si on avait autant de plaisir à dire sushi ou samoussa qu'à dire asiate ou chinetoque, tagine et kebab qu'à dire revue ou turc, la paix serait envisageable. Ce serait la fin de toute cette connerie, ce ramassis de conneries, oui.
Jours passés à ressasser ma débâcle. Et le silence d'une campagne-dortoir pour seul réceptacle de ma clameur. Je ne trouve consolation que dans ces carrés de chocolat que je savoure plus que de raison. Des petits morceaux pralinés tamponnés d'un symbole de fève, qui fondent en bouche et dissolvent les tracas.
Journées trépidantes ; mes retours à la maison le soir ont des allures de prise de recul.
La vie de cadre moyen offre une existence à la consistance tenue. Hygiène, toilette impeccable, ventre trop plein, habitat à crédit et profusion d'objets superflus. Liens par écrans interposés. Peu de place à la famille et aux loisirs, et encore moins à la rencontre entre soi et soi. Au fil des années, j'étais devenue la femme des fonctions et j'ai perdu le sens. La vie active consistait en cela : tenir des rôles qui laissent peu de temps à ce qui n'est pas le travail. On devenait un professionnel et la fonction s'immisçait dans l'identité. On vivait à cloche-pied et c'était normal.
La vie de cadre moyen offre une existence à la consistance ténue. Hygiène, toilette impeccable, ventre trop plein, habitat à crédit et profusion d'objets superflus. Liens par écrans interposés. Peu de place à la famille et aux loisirs, et encore moins à la rencontre entre soi et soi. Au fil des ans, j'étais devenue la femme des fonctions et j'ai perdu le sens. La vie active consistait en cela : tenir les rôles qui laissent peu de temps à ce qui n'est pas le travail. On devenait un professionnel et la fonction s'immisçait dans l'identité. On vivait à cloche-pied et c'était normal. Le jour : foyer vide, sans père ni mère. Le soir répondre à l'appel des slogans, dépenser son revenu en emplettes et naviguer dans la jungle des liens virtuels, des infos et des navets à sensations.
Sans m’avertir, ma mère maniait la propagande en mon nom. "Dija et Les Gens dans La Cuisine", c’est ainsi qu’elle a appelé la page Facebook dédiée aux amputés du travail et qui compte plus de trois mille abonnés.]