Mum Poher savait la tentation des hommes battus d'en finir. L'atteinte à leur dignité, à leur identité, la difficulté à se regarder dans la glace et que tout cela était parfois trop dur.
Elle savait aussi mieux que personne leur dire les rencontres à venir, l'inattendu, l'imprévisible, les surprises. Elle pouvait leur parler des heures des rebonds qui ne manquent pas de se produire, qu'il y avait toujours de belles choses à vivre, le printemps qui revenait, le chant des oiseaux, le goût d'un gâteau, et que sa simple présence sur leur route prouvait qu'un espoir était toujours possible.
C'était lénifiant. Des clichés, des poncifs, des choses dites et redites. Mais elle savait y mettre la sincérité qui convenait. Et ses mots faisaient mouche.
Il faut laisser les objets à ceux qui en ont l'utilité. Ne rien prendre de plus que le nécessaire. Ne pas s'alourdir du passé. Rester libre. Pouvoir repartir.