Mon roman ne cesse de s'écrire, en un sens, car j'ai des images, même si je n'ai pas d'histoire.
La tranquilité n'existe nulle part, Paul, même pas sur le tableau d'un peintre : on croit y déceler un bout de toile vierge, mais c'est encore là du travail.
Je ne serai jamais capable de parler pendant longtemps, car tout est long dans mon esprit.
Que faire d'un moment dont on a longtemps rêvé et qui enfin se réalise? On ne peut rien préparer à l'avance. Partons. Un peu de notre vie y restera. Un peu ce n'est pas peu de choses.
Une idée fracassée me fait perdre l'équilibre et je mets du temps à m'en remettre : il ne faut pas réveiller un somnambule - la vie, cette prise de mesures.
Reste secret, Paul, cela ne dérange personne, tu peux être ainsi ou autrement : je suis moi-même le décentrement, moi-même sans modèle, rien d'autre que de l'étrangeté.
Je ne pourrais pas, comme toi, noircir par mes souvenirs tant de pages, et par mon imagination non plus, car je ne suis pas capable de cohérence, et qu'une idée ne vient jamais seule, et ne s'arrête pas dans ma tête.
Je me rappelle le passé, mais je ne le comprends pas toujours. Chaque jour semble plus difficile, si on essaie de le comprendre.
C'est pour ça que je te dis : je ne pourrais vivre nulle part ailleurs que près de la mer - quelle immense alternative.
Pouvoir se dire Voici tout ce que veux et ne pas attendre le lendemain pour plus de plaisir.