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Critique de MonsieurHyacinthe


On se lance parfois des défis. Celui de Beba, venir à bout de 110 pipes en 24 heures. le mien, venir à bout de ce chef-d'oeuvre de viduité. Curieux de nature et bavard avec ça, très vite, je me suis étonné à ne plus piper mot. Je me suis retrouvé à sec. Que voulez-vous, on se frotte au monde, ça fait partie des productions humaines, on veut voir de quoi est capable l'humain. Ma démarche émane de la pure sociologie, le scientifique en moi s'éveille dès qu'il voit le mot "pipe" sur une couverture de magazine, passionné de toute sorte de calumets depuis l'enfance, le coeur oscillant toujours entre cowboys et indiens.

Alors, pour ceux qui se posent la question, non, ici, il ne s'agit en rien de brûle-gueule ni de l'art de s'envoyer sa dose de nicotine, bien que l'héroïne fasse une pause cigarette toutes les 20 pipes. Il s'agit d'autre chose. de moins nocif pour les poumons. Sur ce point, allez-y sans crainte. Pour le reste, je serai moins incitatif.

Le scénario est simple. Simple. Oulàlà, c'que c'est simple ! On s'y tient. Pipe après pipe. C'est usant. Si Roberto Baldazzini était désireux de pondre une critique de la prostitution, alors, c'est réussi ! Malheureusement, ça ne semble pas le propos ni l'engagement de l'ouvrage.

Le trait du dessin est beau, c'est vrai. En revanche, contrairement à la description de l'ouvrage par l'éditeur, je cherche encore l'élégance dans ces pages. C'est très dur. Les hommes (souvent mal cadrés d'ailleurs) sont tous à visage de cochons, porcs, sangliers, très laids, façon Bebop et Rocksteady dans les Tortues Ninja. Ça fait froid dans le dos (la encore, on s'imagine une critique de la société de consommation, qui tombe à plat ensuite). Si l'ouvrage a vocation à échauffer quelques esprits, je ne vois pas comment ces personnages peut aider à l'émoustillement des sens, à part, peut-être, si vous êtes une tortue et que vous pratiquez par ailleurs les arts martiaux avec passion et docilité envers votre maître, à condition que celui-ci soit un rat d'égout, mais l'on s'éloigne peut-être un peu du sujet...

Toujours en quête de raffinement et de bon goût annoncé, l'on se penche alors sur la prose avec entrain ! Vite, vite ! Filez-moi ma dose d'élégance, chuis en manque, j'ai besoin d'un shoot. C'est alors que des phrases telles que : "(...) J'avais les lèvres en papier de verre et le trou du cul poncé ! (...)" (p. 35) ou "(...) Et glup ! Et gloub ! Et slop ! (p. 20) (...)" font écho en vous. Ou pas. Peut-être, y'a-t-il là une dimension poétique qui m'échappe quelque peu, je n'ai pas relu Rimbaud depuis un bon bout de temps, préférant Norge et Henri Michaux ces temps-ci. Mais soit. Cela parlera peut-être à d'autres.

Voilà. C'est porno, SM, scato. Ça ne défend rien, ça se contente de montrer. Pour ma part, j'ai ri, un moment, du décalage avec mon monde. Puis, j'ai ri par moquerie. Puis je me suis ennuyé. Fermement. J'ai fini dépité devant tant de talent, au service de cette gratuité sans ambition perceptible. Et si on parlait scénario, pour voir ?
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