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Citations sur Karitas, tome 2 : Chaos sur la toile (L'art de la vie) (13)

L'art ne demande jamais où en est le temps.
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Elle se délectait de parler islandais, s'appliquait soigneusement à chaque mot avec une expression de satisfaction sur le visage et les bonnes choses coulaient à flots dans la cuisine comme les mots de sa bouche, biscuits de flocons d'avoine, petits pains enroulés à la farine, le tout fait maison, mouton fumé froid, pâté, fromage de tête, poisson séché, fromage de petit-lait sans oublier le café. En fait on peut difficilement appeler ça une ferme, dit-elle tout à son occupation, je n'ai pas une seule bête sinon le chat et quelques poules, mais j'ai un carré de pommes de terre et un potager, pêche la truite dans les lacs ici au-dessus, achète de la viande d'agneau de l'été au fermier de la propriété voisine, fait du boudin de sang et de la saucisse de foie que je mets à conserver dans le petit-lait, la nourriture sure islandaise est la meilleure chose que j'aie ici, puis je sale la viande dans un tonneau, je me fais souvent du mouton salé le dimanche, ça me rappelle l'Eisbein, le jarret de porc allemand à l'os, et puis je me procure quelque fois du poisson frais, du fromage blanc liquide et de la crème fraîche à Borganes, j'y suis allée pour la dernière fois maintenant avant Noël, mais en règle générale je ne bois pas de lait aussi ça n'a pas d'importance de ne pas avoir de vaches. En dehors de ça je descends jusqu'à Reykjavik en voiture au printemps et à l'automne, vais à la banque et achète livres et denrées alimentaires. J'ai lu toutes les sagas islandaises depuis que je suis venue ici et presque tous les romans des écrivains contemporains, de fait j'ai une fort bonne bibliothèque comme vous voyez, ce qui me manque le plus peut-être est de n'avoir personne pour parler de ces histoires. Et puis j'ai un peu étudié les plantes et les oiseaux ici, je tiens de bons rapports sur ces derniers. Le rare phalarope à bec large était là-haut sur un lac l'été dernier, c'est mon favori.
Mais ne te sens-tu jamais seule? plaçai-je lorsqu'elle fit une pause.
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Les montagnes à l'ouest s'offrirent à mes yeux lorsque je fus arrivée au sommet de la paroi de rochers et moi qui n'avais jamais été fascinée par les montagnes, je fus émue aux larmes. Elles étaient si paisibles et majestueuses dans le soleil du soir. A l'est je vis le glacier de Langjökull, au sud la barre de haute lande de Skarö, l'immensité me posséda toute entière, je sentais se ramifier en moi ce profond sentiment de liberté qui ne se trouvait nulle part ailleurs que dans ce pays. Et je compris alors la cohérence. Compris pourquoi les Islandaises étaient poussées en avant vers la liberté, je compris pourquoi elles ne laissaient pas la banquise entraver leur route, la terre d'ici les avait dotées de cette liberté à leur naissance. On n'échappe pas à son destin. En montant vers le haut prolongement escarpé de la montagne avec le chat sur mes talons je pensais aux femmes qui devaient cacher leurs cheveux et leur visage pour satisfaire le patriarcat, je me rendis pleinement compte de leur soumission et de leur obéissance. Comment est-il possible de se battre pour la liberté lorsque la liberté n'est pas déjà dans la poitrine?
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Seules les filles connaissent les deux côtés de leur mère. Les mères épargnent à leurs fils leur pire côté.
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L'enfant se réveille en pleine nuit en sanglotant, elle soutient qu'un méchant bonhomme la suivait et voulait la jeter dans un trou.
Je dois poser mes couleurs, me glisser près d'elle sous la couette, la tenir serrée fort contre moi pendant qu'elle se rendort. Le petit corps est rouge de chaleur, nous ne sommes pas encore habituées à la douceur du printemps, aux jours de mai ainsi calmes et chauds, à la moiteur qui recouvre l'atelier jusque tard dans la nuit. J'embrasse ses mains potelées brûlantes, pense au printemps froid chez nous en Islande. Verse des larmes quand je me souviens des lumineuses nuits d'été, de l'immensité, je revois l'océan et les montagnes, les cairns solitaires sur la lande de bruyère, entends le courlis cendré pousser son long sifflement ondulé dans le calme profond, le pluvier dorré lancer son appel mélancolique, la bécassine des marais chevroter dans l'air, je bride des chevaux dans un pré, chevauche à toute allure en remontant le fjord, suis incapable de travailler à cause du mal du pays.
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Les carreaux de faïence noirs et blancs de l'élégante salle de bain de mon frère Olafur me font penser aux jours dans ma vie. Aux jours clairs, quand je peignais du matin au soir, aux jours sombres quand je ne pouvais pas peindre. Il n'y avait pas d'autres jours dans ma vie. Je ne trouvais jamais de bonheur profond ailleurs que dans mes oeuvres, lorsque tout allait bien, lorsque les formes et les couleurs s'unissaient comme un couple amoureux, lorsque l'imagination gouvernait le pinceau, alors ils ne pouvaient pas entrer, le temps et la mort, ces frère et soeur magnifiques.
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C'est l'atmosphère elle-même qui crée l'ambiance de la nature, les vents, la pluie, le brouillard, la chute de neige avec la lumière d'un blanc immaculé comme centre de gravité, les ombres de l'obscurité hivernale arctique sur le pourtour et les environnements extérieurs et intérieur s'affrontent d'une telle manière, que le spectateur perçoit l'image comme une expérience psychologique.
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On peut confusément distinguer une séparation entre le ciel et l'océan que les flocons de neige sont sur le point d'effacer et c'est comme si l'image d'un blanc neigeux murmurait au spectateur que bientôt il se passera quelque chose, si ce n'est dans l'environnement, alors au plus profond de lui-même.
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Ma petite fille veut habiter chez moi et je veux l'avoir mais ma demeure n'est pas assez décente pour elle selon l'appréciation de ma sœur. Bjarghildur à emmené Silfà de force avec elle hier, c'est la deuxième fois qu'elle me la prend et la troisième fois qu'elle me prend un enfant.
Les femmes artistes n' ont absolument pas le temps de s'occuper d'enfants, ceux-ci ont seulement été un obstacle et un frein à leur art, alors joue cartes sur table, pourquoi veux-tu avoir ta petite fille dans ta maison ?
J'ai simplement beaucoup d'affection pour elle.
Les femmes artistes n'aiment qu'elles mêmes.
J'ai envie de l'élever. Je veux qu'elle reçoive une éducation dans une maison rayonnant de culture où elle sera encouragée à étudier et à se battre, où la peinture, la musique et la littérature tiendront la place d'honneur afin qu'elle devienne une citoyenne du monde indépendante et ne doive jamais s'incliner devant la volonté des hommes ou des femmes qui voudront la soumettre.
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J'avais l'impression qu'on fouillait dans ma vie, que l'on effeuillait un à un mes pétales jusqu'à ce qu'apparaisse le coeur, petit et misérable, raté.
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