AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de cecilestmartin


Un immense roman, une magnifique découverte, acheté par hasard dans une de mes librairies favorites, je ne connaissais pas l'auteur, séduite par la quatrième de couverture.
Le narrateur, Léo Proudhammer, est un acteur de théâtre réputé, afro-américain. le roman débute alors qu'il est victime d'une crise cardiaque et qu'il manque y restait. On est dans les années 60, Léo est quadragénaire. Il a brûlé sa vie et cette alerte l'amène à revenir en arrière. Il se souvient ...

Il se souvient de son enfance à Harlem, de ses parents qui peinent à assurer un quotidien frugal, de son père qui noie sa vulnérabilité et l'humiliation sociale dans le rhum, de son frère Caleb tenté par une carrière de délinquant. Très jeune, Leo a été confronté à la discrimination raciale, à la ségrégation : s'éloigner de son quartier, pénétrer sur le territoire des blancs représente un danger : le risque de se faire contrôler, rosser, humilier est sans cesse présent.

Alors, Léo grandit avec cette rage intériorisée, ce sentiment de totale injustice, cette domination subie. L'incarcération du frère adoré laisse une blessure béante qui jamais ne se refermera. Rongé, le jeune homme cherche un moyen d'exister socialement. C'est grâce au chant et au théâtre qu'il va tenter de se faire une place mais, malgré son talent, il reste un nègre. Ses amours avec Barbara, jeune héritière du Kentucky, blonde et blanche, vont le soutenir. Ensemble, ils braveront le regard et les préjugés ; ensemble, ils arriveront à percer et deviendront des acteurs réputés.

La souffrance de Léo palpite à chaque page, rarement j'ai lu un roman où l'angoisse imprègne tant le récit. le jeune homme ne s'engage pas vraiment en faveur des droits civiques, il n'adhère pas à un mouvement politique. C'est seul, contre tous, contre lui-même qu'il lutte – abritant une haine qui le consume. Son combat, c'est seul qu'il le mène, pour avoir droit au bonheur, malgré le poids de la discrimination raciale.

Là où l'auteur est adroit, c'est qu'il ne victimise jamais son personnage : Leo fait des choix, professionnels, familiaux, amoureux. Il ne subit pas ce qui lui arrive mais, dans un contexte de violence sociale légalisée, arriver à devenir soi est un combat épuisant. Ne plus avoir peur, ne plus craindre pour son intégrité, lever les yeux et s'affirmer, c'est le projet de Leo.

Les 50 premières pages sont assez difficiles et il faut s'accrocher pour entrer dans le roman mais cela en vaut la peine. le style est magnifique, les dialogues authentiques : un grand roman à découvrir !

Challenge PAVES 2020
Challenge ABC 2019-2020
Commenter  J’apprécie          260



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}