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Critique de kielosa



À Tirana, la capitale de l'Albanie, Fahri Balliu, est un patron de la presse, fondateur du quotidien albanais "Gazeta 55" et un essayiste influent. Né en 1956, il a évidemment très bien connu les joies et les délices de la longue dictature communiste d'Enver Hoxha de 1941 à 1985. Peu d'Albanais, et à plus forte raison de non Albanais, connaissent aussi bien la face cachée de ce régime épouvantable que lui, pour l'avoir analysé sans la moindre complaisance entre autres dans le cadre de la préparation de plusieurs ouvrages, qu'il a publiés.

Un de ces ouvrages est une biographie de Nexhmije Xhuglini, la veuve d'Enver Hoxha. "La femme du diable" - comme l'auteur l'a rebaptisé - fêtera dans quelques jours, le 7 février, ses 99 ans ! Apparemment le pouvoir au sommet préserve !

Si l'actuel Premier ministre depuis 2013, Edi Rama, sera présent à la célébration est peu probable, puisqu'il a en ce moment des difficultés avec une loi contre le crime organisé qui violerait les droits de l'homme, selon certains.
L'ancien basketteur (il mesure plus de 2 mètres), artiste peintre à ses heures libres, et auteur de 3 livres (dont un sur ses tableaux) est un homme haut en couleur. Pendant les 11 ans comme maire de Tirana, il a d'ailleurs fait peindre plein de bâtiments du style soviétique tristounet dans des couleurs vives. Rama, qui a été mariė à une actrice de cinéma (Matilda Makoci) a 2 fils et a perdu récemment sa belle-fille, une des 51 victimes du séisme en Albanie de novembre dernier.

La très belle Kalina Matoshi, 18 ans et étudiante à la faculté des lettres de l'université de Tirana, passe comme la numéro un Albanais de beauté. le numéro un tout court s'appelle Enver Hoxha, et le numéro 5 du régime est le père de son mari Albert, qui lui n'est que le numéro 64 dans la nomenclature communiste albanaise. Notre jeune héroïne a fini par épouser son 64, parce qu'une vie commune avec son grand amour, Erion Kraja, poète et chanteur sans le sou et sans avenir, s'avérait trop délicat et hasardeux.

Kalina fait une fausse couche et est hospitalisée d'urgence. À sa sortie de clinique, elle retourne voir son bien-aimé chantre romantique Erion. Les 2 amoureux spéculent sur le fait que son mari soit un mollasson et que leur bonheur ne sera donc nullement entravé. Hypothèse risquée dans l'éden du camarade Enver, où les dirigeants du Parti unique sont supposés donner le bon exemple à leurs compatriotes moins fortunés !

Et entre bonzes du système politique on s'observait avec grande vigilance, car les rivalités personnelles étaient quasi institutionnalisées. L'auteur en donne une belle illustration au moment de la présentation d'un film en première dans la capitale. Un événement auquel aucun habitant de la "Cité Interdite" ne pouvait se soustraire. Bien avant l'heure de la projection du film les apparatchiks se réunissaient devant le cinéma pour aller occuper la place qui correspondait à leur rang et titre dans la hiérarchie, en attendant l'arrivée en grande trombe du "Guide" de la nation, entouré de ses "Sigurimi" (une espèce de KGB, modèle staliniste) armés jusqu'aux dents.

Juste avant l'entrée au cinéma, le numéro 4 albanais, qui n'est pas aveugle aux avantages physiques de Kalina et qui a visiblement des ambitions à son égard, fait une remarque qui ne laisse rien présager de bon, car il semble au courant de la "love story" extra-matrimoniale de notre héroïne. Ce qui est d'autant plus inquiétant que comme numéro 4 il occupe une place au-dessus de son beau-père dans le commandement, qui lui, sans avoir même entendu les propos de son supérieur, se montre tout à coup très nerveux.
Comme aurait dit le Jules César de notre Astérix le Gaulois : "dulce et decorum est pro patria mori" ou il est doux et beau de mourir pour la patrie !

Pour être honnête cet ouvrage m'a légèrement déçu. J'espérais en apprendre un peu plus sur la vie des Albanais du temps de leur despote et des dessous du régime, mais de ce point de vue-là la récolte a été plutôt modeste. Non pas que je m'attendais à des histoires osées comme la charmante couverture le pouvait à la rigueur laisser imaginer, mais Fahri Balliu en sait sûrement beaucoup plus de la réalité des faits et méfaits de la clique au pouvoir pendant la tyrannie d'Hoxha, qu'il ne nous rapporte ici. Dommage, mais j'espère me rattraper avec son autre ouvrage : "La femme du diable : Nexhmije Hoxha, veuve du dictateur albanais Enver Hoxha" de 2008.
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