Le fil conducteur de cette histoire, où nouvelle et lettres s'enchâssent, est un peu cliché, ce qui m'a poussé à retirer un étoile à un récit qui, sur la forme, est irréprochable.
L'originalité du livre réside presque exclusivement dans le personnage principal, Rosalie de
Watteville, qui, sans avoir jamais parlé à Albert, décide de mettre son intelligence politique démesurée à le détourner de ses projets pour y substituer les siens. Personnage paradoxal et calculateur, conscient des ressorts des autres, qui maîtrise parfaitement son image, Rosalie, sans être négative pour autant, manipule son monde pour acquérir son indépendance, apprendre l'histoire d'Albert et parvenir à ses fins le concernant. Un personnage qui plaira aux féministes contemporaines
même s'il s'avère le méchant de l'histoire et que ça ne se termine pas bien pour lui .
Par ailleurs, l'auteur dépeint la bonne société de province avec une férocité tantôt drôle, tantôt cruelle, qui n'a pas dû plaire à tout le monde dans la petite ville de Besançon à l'époque. Il y a un vernis historique intéressant sur la cooptation institutionnalisée en France, et sur plusieurs personnages authentiques. Enfin, j'invite les malheureux dont les douces exigent des lettres d'amour à se référer aux splendides exemplaires présents dans cet ouvrage.
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