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Critique de Fortuna


Ce récit commence à Guérande au début du XIXème siècle. le jeune Calyste, irlandais par sa mère et breton par son père, est élevé dans une famille de cette Bretagne profonde où les moeurs sont immuables depuis le Moyen Age. Entre une tante de 80 ans, un père guère plus jeune et une mère qui lui est dévouée corps et âme, les soirées passées au jeu de la mouche avec le curé, une vieille fille du voisinage et un militaire sur le retour, son existence dans une antique bâtisse n'offre guère de distractions…
Le paysage breton bordé par la mer et les marais salants, la lenteur du temps, la pérennité des habitudes que rien ne vient troubler, le peu d'ouverture sur le monde extérieur, forment le décors de la première partie. Calyste a 20 ans, il a comme perspective d'avenir un mariage avec une jeune fille sans charme ni esprit. Mais depuis quelque temps il fréquente avec assiduité le manoir d'une certaine Félicité Des Touches, Camille Maupin de son nom de plume, une femme artiste qui a le double de son âge et pour laquelle il éprouve une fascination bientôt détournée par l'arrivée de Béatrix…Cette dernière a quitté mari et enfant pour suivre un amant musicien dont elle commence à se lasser des infidélités…Après avoir allumé la passion dans le coeur de Calyste, elle l'abandonnera entre la vie et la mort.
Cette première partie romantique dans le cadre sauvage de la Bretagne se poursuit à Paris dans les intrigues des salons parisiens. Calyste qui a épousé la belle Sabine de Granlieu, épouse aimante et dévouée, grâce aux soins de Félicité qui s'est retirée dans un couvent, va retomber sous le joug de son ancien amour… La mère de l'épouse malheureuse va faire jouer ses relations pour déjouer le destin…et que dans un chassé-croisé vaudevillesque chaque mari retrouve une femme légitime…les affaires de coeur étant gérées comme des transactions commerciales permettant de fructueuses alliances.
Ce roman De Balzac, dont l'intrigue est un peu bâclée, est intéressant par son opposition entre Paris et la province, l'étude des moeurs contrastée entre l'austérité provinciale et la liberté de la grande ville et ses figures de femmes qui déclinent les différents visages de la condition féminine à cette époque : l'écrivain, femme presque masculine, la maîtresse, l'épouse, la mère, la courtisane, la vieille fille, la soeur… La vie qui s'écoule avec lenteur à Guérande s'accélère brusquement dans la capitale. D'où ce récit en deux temps, qui s'étire en longueur lors d'une partie de cartes et de la naissance d'un amour, pour s'accélérer dans le tourbillon de la vie parisienne dans un scénario rocambolesque...
Ce n'est pas mon Balzac préféré mais la puissance de son style nous emporte malgré tout. A découvrir ou redécouvrir pour ses personnages féminins et ses vues de Guérande...
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