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Critique de filippo


Il y a beaucoup plus de génie dans La Cousine Bette qu'il n'y paraît au premier abord. C'est l'un des premiers Balzac que j'ai lu - par opposition au Cousin Pons qui est l'un des derniers - et j'en garde un impérissable souvenir.
La Cousine Bette - comme l'indique son titre - c'est d'abord un roman de personnages. Et ils sont réussis dans les moindres détails : Balzac parvient, une fois encore, à croquer d'irrésistibles caractères, que ce soit dans le jeune sculpteur ingénu, la femme éplorée et soumise, le mari luxueux et débonnaire, l'arriviste aux dents de scie, et surtout - dans un des plus vertigineux portraits de notre littérature - la grande Bourgeoise au sourire sanglant qui dévore petit à petit tout ce monde. Et derrière tout cela, se dissimulant sous un masque hypocrite qui ne s'effritera jamais, se tient la plus bouleversante des anti-héroïnes de la Comédie Humaine.
Jugez si avec de tels ingrédients on ne peut pas tirer une oeuvre !
La pluralité des thèmes de la critique est aussi intéressante. On retrouve avec plaisir le critique d'art du Chef-d'oeuvre inconnu, qui cette fois-ci explore le monde très peu étudié de la sculpture, tandis que le terrible usurier de la Maison Nucingen dissèque une nouvelle fois les rouages de la finance française au XIXème siècle. La Beauté, au centre de ce Paris très bipolaire, oscillant entre les bas-quartiers où réside Marneffe et l'apanage de luxe dans lequel se roule allègrement Hulot, et, en contre-pied, la vieillesse et l'impuissance de ses personnages qui peinent à se faire vraiment aimer. Il y a du bon dans ces victimes qui triomphent sans même le savoir sur leurs ennemis, mais ils sont encore plus méprisables, et je regrette presque la déconfiture finale - le mécanisme impitoyable de la Cousine Bette aurait pu ne pas s'effondrer.
Une autre chose que je m'étonne que l'on ait pas soulignée, c'est la lenteur avec laquelle le ménage Hulot s'effondre, je veux dire par là, la lenteur avec laquelle Bette parvient à satisfaire sa vengeance. C'est là que le roman est vraiment jubilatoire, à mon sens : cette délicatesse et cette douceur dans l'anéantissement ont tout des éloges donjuanesques.
Le seul regret que j'éprouve, c'est de voir à quel point cette oeuvre est excentrée des autres. Il n'y a pas beaucoup de personnages reparaissants, et des thèmes de la Comédie, comme l'animalisme ou l'Etude de Paris au regard de la province, sont vraiment non-traités. Pour le dernier roman De Balzac, c'est sûr que j'aurais préféré un grand tableau qui mettrait en scène tous ses personnages importants - comme on vient saluer après un spectacle. Ne serait-ce pas là le meilleur moyen de clôturer la COMEDIE humaine ?
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