Le Colonel Chabert est l'un des trésors que nous a légué
Balzac et auquel je témoigne le plus grand respect. On y sent souffler les accents sublimes qui deviendront, sous la plume d'Hugo, Les Misérables.
Dans ce petit roman, l'auteur nous mène sur les sentiers d'une quasi résurrection, celle d'un brillant et brave grognard de Napoléon que tout le monde a cru mort et enterré à la bataille d'Eylau. L'histoire se corse lorsque réapparaît le vieux colonel bien des années plus tard et que sa légitime épouse, remariée, devenue comtesse et richissime s'aperçoit que l'essentiel de son bien pourrait être revendiqué par son ancien mari...
Honoré de Balzac cisèle dans la dentelle une narration impeccable, et dresse un portrait surprenant de l'avoué Derville, qu'on sent mi honnête homme, mi canaille, pouvant verser de l'un ou l'autre côté selon d'où vient le vent, à l'image de Petit-Claud dans les
Illusions Perdues, mais qui, pris d'une commisération, rare en cette engeance, et tel que nous le connaissons par ailleurs, dans
Gobseck par exemple, va tout mettre en oeuvre pour secourir le vaillant vieux soldat.
J'en ai assez dit si je ne veux pas trop déflorer cette perle, ce grand chef-d'oeuvre de littérature, mais bien sûr, tout ceci n'est que mon avis, dont la validité ne tient qu'à un coup de sabre, plus ou moins bien placé, c'est-à-dire, pas grand-chose.