Ce Séchard était un ancien compagnon pressier, que dans leur argot typographique les ouvriers chargés d'assembler les lettres appellent un Ours.Le mouvement de va-et- vient, qui ressemble assez à celui d'un ours en cage, par lequel les pressiers se portent de l'encrier à la presse et de la presse à l'encrier, leur a sans doute valu ce sobriquet.En revanche, Les Ours ont nommé les compositeurs des Singes, à cause du continuel exercice qu'ils font pour attraper les lettres dans les cent cinquante-deux petites cases où elles sont contenues.
( p.11)
En préface
Honoré de Balzac, de 1825 à 1828, a exploité à Paris, dans l'actuelle rue Servandoni, une imprimerie, doublée d'une fonderie de caractères ; cela ne lui a pas réussi sur le plan financier, car il a gardé de sa faillite une dette qui l'a poursuivi sa vie durant.Mais il en a tiré une connaissance du métier et du milieu qui lui ont permis d'écrire les pages qui suivent.La plume de Balzac est toujours aigüe, souvent cynique, parfois à la limite de la misanthropie. Son portrait du père Séchard et de son atelier ne laisse rien dans l'ombre, ni de la médiocrité du personnage, ni des détails de l'installation, de l'outillage et du fonctionnement de l'imprimerie. Laquelle est d'une époque plus ancienne encore que la nôtre, avec ses presses manuelles, à plat, en bois. (...)