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Critique de Bookycooky


Zsuzsa Bánk est une écrivaine allemande de parents hongrois qui furent contraints à l'exil suite à l'insurrection hongroise de 1956. La Hongrie , le lac Balaton, l'eau et la natation sont des constantes de son oeuvre, notamment dans ce récit autobiographique.
« La mort ne sied pas à l'été. La mort relève de l'hiver », pourtant c'est dans la chaleur de l'été, que Bànk retourne avec son père en Hongrie, à son passé et à celui de sa famille, alors que ce dernier compte ses jours. Un été sec et étouffant sous tension de la perte imminente de l'être cher, dont la plume d'une simplicité désarmante de Bánk nous en fait sentir la réalité au plus près. Sans entrer dans le pathos, elle relate la longue agonie vers la fin, , "il ne suffit donc pas que son corps l'abandonne, le voilà aussi lâché par sa raison….Non, il n'y a pas de bonne fin. Oui, toute fin est cruelle.” Elle alterne avec les souvenirs, les siens et ceux de ses parents, dont la majorité sont des souvenirs de Hongrie , le pays d'origine dont la nostalgie n'a jamais quitté les parents, et apparemment aussi la fille, bien qu'elle soit née et ait grandi en Allemagne.
Un livre qui me touche personnellement ayant vécu la même expérience avec un père adoré avec le même diagnostique et ici je retrouve mes propres ressentis et mes propres mots face à la douleur d'une séparation définitive, que je n'ai finalement jamais accepté comme définitive, «  Moi aussi, j'ai ces morceaux de lien avec mon père, des ponts minuscules vers notre temps commun, qui me montrent que c'est vrai, oui, nous avons existé, nous étions authentiques, nous étions là ». Même si la mort de nos parents est logiquement inévitable , quand elle fait de nous ses protagonistes, nous ne sommes pas préparés, nous savons rien et nous ne pouvons recourir à rien. Nous seuls le vivons, nous seuls le vivons à notre manière. Nous sommes toujours seuls dans notre douleur.
Pour qui ne connaît pas encore Zsuzsa Bánk je conseille expressément ses très beaux livres, « Le nageur » et «  Les jours clairs ». C'est une superbe écrivaine , pas pour tous les goûts , sûr, mais cela vaut largement la peine de la rencontrer.


L'ÉTANG
 
Il repose, serein, dans la lumière du matin,

En paix, comme une conscience pieuse ;

Quand la brise d'ouest embrasse son miroir,

La fleur de la rive ne le sent pas ;

Les libellules vibrent au-dessus de lui,

Baguettes d'or, d'azur et de carmin,

Et à la surface de l'éclat du soleil,

L'araignée d'eau danse ;

L'iris se dresse sur la rive

Et écoute les berceuses des roseaux ;

Un doux chuchotement arrive et passe,

Comme un murmure : Paix, paix, paix !

Annette von DROSTE-HÜLSHOFF
( une poétesse que partageait le père et la fille)


« Au bout du compte le paradis est verrouillé et nous devons faire le tour du monde pour voir s'il ne serait pas ouvert quelque part à l'arrière. »
Kleist
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