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Critique de maevedefrance


Whaou ! Une fois le livre refermé, on reste sonné par ce roman noir ! Un vrai brûlot pas très catholique, en effet au regard du sujet auquel il s'attaque. Bien davantage qu'un simple roman policier, Benjamin Black, pseudonyme volontaire de John Banville (dont il ne s'est jamais caché) écrit un livre bien ficelé qui démonte l'Eglise toute puissante des années 50 en Irlande et la haute société irlando-américaine. Un roman d'amours tragiques, sur fond de trafic de bébés, de meurtres, d'histoires de "famille" bien alambiquées à l'irlandaise .

Quirke est un héros attachant. Il n'est pas policier mais médecin légiste. C'est l'anti-héros par excellent. Un picoleur au grand coeur, mais un coeur blessé et pas trop fier de son passé. Un Irlandais orphelin de surcroît, comme beaucoup de gosses de sa génération. Il a épousé Délia au lieu d'épouser Sarah, la femme qui s'est finalement donné à Malachy, son faux frère, médecin des vivants, alors que lui est le médecin des morts... Pourtant il va faire ressurigir le passé pas très glorieux d'une certaine Irlande des années 50...

Au fil des pages, le lecteur croise des personnages abîmés par la vie, les femmes du peuple en particulier : cette pauvre Claire Stafford, infertile et malheureuse mère adoptive de la petite Christine au triste sort, la pauvre Moran qui finira mal également, cet abruti d'Andy Stafford qui ne sait pas consoler bébé Christine qui pleure... Et c'est justement par ce mystérieux bébé qu'est hanté tout le livre. Quirke et le lecteur sont entrainés par une spirale infernale et irrémédiable. La condition féminine en Irlande, le rôle de l'Eglise et de la haute société catholique sont étalés au grand jour et ce n'est pas joli à voir. de plus, même la justice est pourrie... alors où va-t-on ? C'est la question que l'on se pose en refermant le roman alors que Quirke remet à l'inspecteur Hackett le journal secret tenu par la Moran, témoin gênant pour la haute société : "Ca va produire beaucoup de poussière si on abat les piliers de cette société. Beaucoup de poussière, de briques et de gravats. Il serait sage de se tenir à distance." déclare le policier. Ca promet...

Heureusement qu'il y a Phoebe, la pseudo-nièce de Quirke (oui, parce que rien n'est simple) : elle représente la jeunesse, l'avenir et la modernité. Une jeune femme de 20 ans qui pose un regard dur sur la génération de ses parents (qui l'ont empêché d'épouser son protestant d'amoureux alors qu'eux ont fait des choses pas franchement "clean").

Ce roman, paru en France fin 2009 mais écrit en 2006 attend une suite en cours de traduction, que personnellement j'attends avec impatience (encore un série à lire !). Merci à John Banville d'avoir eu l'idée de cette excellente série qui ne mâche pas ses mots (un style brut et sans détour pourtant élégant) et ne lâche pas le lecteur.

Mon seul reproche concerne la traduction du titre (une fois de plus !). le titre VO est Christine Falls et il a tout son sens.
Mais John Banville n'y est pour rien, c'est l'éditeur qui choisi les titres traduits.
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