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Critique de kielosa


Laure Barachin, habilement, commence son quatrième roman par une série de questions. Comme lectrice ou lecteur, on est évidemment tenté(e) de vouloir y répondre... et à cet effet, on tourne les premières pages et c'est parti : on est embarqué par sa dernière histoire.
Et il ne s'agit pas d'une mince histoire : 512 pages ! Mais n'ayez crainte, car les paragraphes sont agréablement espacés, aussi bien qu'on avance dans son récit à un rythme soutenu, sans effort. La lecture ne m'en a pris qu'une bonne journée en sautant un repas ou deux, il est vrai.

Après ma lecture et critique de "Krüger, un bureau ordinaire", un ouvrage historique par ailleurs intéressant de Nicolas Patin, j'étais heureux de laisser l'enfer de la Pologne occupée par les nazis derrière moi et de plonger dans l'univers de notre amie "Melpomene125" sur Babelio, qui, avec ses 3 romans précédents, ne m'a jamais déçu.

Le roman est subdivisé en 3 grandes parties. La première partie est située en France, sans spécification précise, dans une ville comme Paris, Lyon ou à la rigueur la ville natale de l'auteure, Toulouse ; la seconde partie, en revanche, a comme décor New York et la dernière se déroule en Bretagne et en Argentine.

Il m'est impossible de présenter un bref résumé du début du roman sans trahir le déroulement du récit. Laure Barachin a conçu son oeuvre de telle façon que les touts premiers paragraphes ont des incidences importantes sur la suite. Sur des pages volantes, j'ai essayé différentes approches dans ce sens, mais à chaque fois j'ai, hélas, dû constater que j'en avais déjà dit trop pour ses futurs lecteurs. Il en va de même pour la présentation des personnages principaux, ce que de coutume je fais, mais pas cette fois-ci de peur de gêner justement ces prochaines lectrices et lecteurs.

Bien qu'il ne s'agisse pas d'un thriller, les premiers chapitres sont tellement captivants que l'on ne désire qu'une chose : connaître le reste des aventures des protagonistes de son roman, qui est à la fois un conte philosophique et une étude des moeurs. En effet, l'auteure confronte ses héroïnes et héros aux caractéristiques humaines fondamentales, telles la loyauté, la fidélité, l'empathie, l'amour du prochain .... et leurs contraires : la médisance, la duperie, la perfidie, la trahison ....

Célia, l'héroïne centrale de l'ouvrage dispose d'un don surnaturel : elle "entend" ce que les personnes à qui elle se trouve confrontée "pensent". Un don dont on a tendance à croire qu'il s'agit d'un considérable avantage dans les rapports interhumains, mais qui est en même temps une source de grandes déceptions et d'affreux maux de tête. En plus, son don "n'était pas fiable. On ne pouvait pas toujours compter sur lui". (page 325). Mais il lui permet par exemple de percer l'hypocrisie de sa tante, qui, sous des gestes et mots pleins d'amabilité, cache de vilains sentiments à son égard.
Heureusement que ce talent particulier ne soit pas trop répondu, sinon ce serait l'enfer pour nombre de politiciens !
Pour notre Célia c'est une énigme dont elle essaie d'éclaircir les origines.

Cette Célia, personnage-clé du roman, une jeune tzigane, m'a fait penser à l'artiste peintre et écrivaine tzigane, Ceija Stojka (1933-2013), qui, à ma connaissance du moins, a été la seule à avoir publié des ouvrages sur le sort horrible des Sintis et Roms que les nazis ont réservé à son peuple. Comme rescapée d'Auschwitz, Ravensbrück et Bergen Belsen, c'est surtout son autobiographie "Nous vivons cachés" de 1988, qui témoigne de cette horreur, en fait, absolument comparable à la persécution et extermination du peuple juif. Quand bien même que cette Rom talentueuse d'origine autrichienne ne disposait pas de dons surnaturels comme la jeune Célia.

Laure Barachin, mon amie sur Babelio que je n'ai pas encore eu le privilège de rencontrer personnellement, a une fois de plus démontré sa magnifique aisance littéraire tant dans son style que dans son langage. Ayant lu (et chroniqué) ses 3 romans précédents, je suis content de pouvoir constater que dans son oeuvre chaque nouveau roman constitue, d'un point de vue artistique, un pas de plus en avant dans sa vocation créatrice.

J'espère qu'un éditeur sérieux ou groupe actif dans le domaine des livres comme par exemple France Loisirs, prenne très prochainement Laure Barachin en charge ou sous contrat, de façon à ce que cette jeune écrivaine n'ait plus à perdre son temps précieux avec toutes sortes de formalités chronophages liées à l'auto-publication.
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