Et on s'inventera plein de nouveaux rêves et ils seront beaux parce qu'on sera tous les deux.
Lorsque le ciel commença à se dégager, elle était en train de jeter les restes de son sandwich aux canards et sursauta en entendant un klaxon. Il venait du bout du chemin. Affolée, elle sauta dans ses sandales sans les attacher et descendit à toute vitesse. Elle entendit rapidement des éclats de voix, puis elle aperçut, plus bas, un camion bloqué derrière sa voiture et un groupe de gens qui y étaient attroupés : une vieille femme et deux hommes d’une trentaine d’années. En arrivant, elle manqua à ce point de se casser la figure en dérapant dans ses sandales que seule la manière dont l’un des hommes la retint alors par le bras l’empêcha de s’encastrer dans la petite vieille. Horrifiée, elle leva les yeux sur celui qui l’avait empêchée de commettre une catastrophe et se perdit brusquement dans son regard. La dame attira son attention :
— Mademoiselle ?
Charlie se tourna vers elle, essoufflée. Celle-ci leva les mains dans une expression de surprise.
— Mais vous êtes… Mais. Oh ! La petite Paris !
— Oui, confirma-t-elle en forçant un sourire. Charlistiane.
Le prénom farfelu dont ses parents n’avaient rien trouvé de mieux que l’affubler.
— Mais vous… ? interrogea-t-elle, curieuse de savoir comment la vieille dame avait pu la reconnaître, bien qu’elle l’ait vue descendre de la maison.
— Mme Sabatier, se présenta-t-elle. Tu ne te souviens pas de moi, sûrement.
— Euh… si, en fait.
La petite vieille qui vendait des œufs. Son visage ne faisait écho qu’à des images confuses, mais son nom ne la trompait pas. Mais c’était tellement loin dans sa mémoire, désormais…