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Critique de justeuneligne


Je découvre la plume délicate et sensible de Dominique Barberis avec ce roman du souvenir et de la mélancolie, aux antipodes de ces histoires à multiples rebondissements qui font généralement recette.
L'argument est assez mince : la narratrice contemple une petite photographie à bords dentelés au format d'un biscuit LU ( j'ai adoré ce rapprochement !) représentant sa tante Madeleine ( soeur aînée de sa mère) donnant la main à sa cousine Sophie . La photo est datée de 1958, elle a été prise à Douala au Cameroun. La narratrice admire l'élégance de sa tante, son faux air de Michèle Morgan, et se souvient de paroles sibyllines au sujet d'une grosse bêtise qui n'a finalement pas eu lieu...c'est ainsi que l'auteure emporte ses lecteurs dans une sorte d'enquête qui est aussi une reconstitution très incarnée de ce que Madeleine, jeune mariée, provinciale a pu vivre de cette « confrontation » avec l'Afrique à une époque où l'indépendance est en marche. Cette jeune femme timide, voire apeurée, a du mal avec les bestioles, la chaleur humide, le bruit de la ville , le microcosme et les intrigues des expatriés qui vivent entre eux. Dans ce contexte où elle est « nerveuse » et assez seule , elle fait la connaissance d'un administrateur colonial à la réputation de séducteur qui lui fait une cour platonique. le talent de l'auteure est de nous tenir en haleine avec ce presque rien par la grâce d'une écriture toute en finesse. Je n'en dis pas plus !
Je ne cache pas qu'il m'a fallu un peu de temps pour m'immerger dans cette atmosphère, mais en y réfléchissant, je trouve que la lenteur est un ingrédient qui participe au charme indéniable de ce roman. Je me demande simplement si ce charme opère aussi sur un jeune lectorat ( moins de 30 ans) dont l'univers est très éloigné de ce que décrit Dominique Barbéris . Mais ce livre a le mérite de laisser trace d'un monde disparu, de témoigner « d'une façon d'aimer » en silence et dans une forme de renoncement à ce qu'on pourrait être, condition partagée par beaucoup de femmes dans ces années -là.
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