Citations sur La Châtelaine de Shenstone (28)
Je me suis souvent dit, que si jamais j'affrontais encore une fois l'aventure du mariage, ce ne serait qu'avec une femme sans beauté, et d’un cœur noble, — quoique au fond, je sache que je n’arriverai jamais à désirer le visage sans beauté, — nonobstant, pareil à l'enfant qui a été brûlé et craint la flamme, je m’efforce de me détourner de la beauté. Seulement, oh ! ma princesse des contes de fée, oserais-je le révéler, voici des jours et des mois que j'éprouve la certitude qu'en vous, « Vous », en lettres majuscules d’or, la beauté et le cœur se trouvent réunis.
Il m'était impossible de la considérer autrement que comme ma femme. Elle avait fait de ma vie un enfer, m’avait volé toutes mes illusions, empoisonné ma jeunesse. Mais devant Dieu, j'avais déclaré la prendre pour femme jusqu'à ce que la mort nous sépare; et aussi longtemps que nous vivions tous deux, qui pouvait me relever de ce serment ?
C'était le passé ! Le présent, pour quelques heures au moins, était l'oubli miséricordieux. Qu’apporterait l’avenir ? Elle avait vaillamment éloigné la tentation d'apprendre d'un autre que de son époux la gloire de vivre et la force de l'amour. Et lui, avait failli à sa tâche. Les sourds peuvent-ils enseigner l'harmonie, ou les aveugles révéler la beauté de la couleur ? Mais les jours à venir ne détenaient-ils pas une réserve de bonheur ? Le jardin clos n'était plus défendu à tous par un possesseur qui en ignorait le parfum. La barrière, dorénavant, ne serait fermée qu'au loquet, et lorsqu’une main ardente s'y appuierait, elle s’ouvrirait toute grande.
Il lui avait toujours semblé essentiel qu’un homme pût comparaître, sans honte, ni susceptible d'aucun genre de reproches, devant la femme aimée. De sorte, que se trouver forcé de confesser le fait qu'une fatale erreur de sa part avait été pour celle-ci, la cause d’une perte irréparable, le fustigeait comme une
humiliation insupportable.
Une seule chose est certaine pour moi : c'est qu’avant de vous connaître, je ne savais pas ce qu'amour voulait dire.
Une femme une épouse, compagne et part de lui-même, n'était pas une nécessité dans la vie de ce penseur, de cet inventeur, de cet érudit, de ce saint. Il pouvait apprécier un dévouement muet, il était capable d'une infinie bonté et indulgence.
Je ne puis rien imaginer de plus atroce que d’aimer un homme et d'être forcée de vivre avec un autre.
Et là, où le péché intervient, une note fausse trouble la divine harmonie, et la corde majeure de l’amour mutuel ne sonne plus sa note juste.
Dans leur parfait amour, Jim Airth introduisit la discorde du mauvais orgueil. Cet orgueil était devenu la base de sa conduite, et la symphonie de vie des amoureux, si harmonieuse d'abord sous l'épanouissement de l’amour mutuel et confiant, perdait son harmonie, et grinçait
L'amour, pour l’âme virile, est, dans ses qualités essentielles, naturellement égoïste. Il y a trois notes, la première : «Je la désire », la seconde : « Je la veux », et la troisième : « Il faut qu'elle soit à moi ».
D'autre part, l'amour de la femme est dépouillé de tout égoïsme, et se résume par l'aspiration de se donner tout entière. Dans le Cantique des Cantiques, le plus grand poème d'amour jamais écrit, le cœur de la femme s'élève dans un crescendo.
« Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui », puis « Je suis à mon bien-aimé et il est mien », et dans l'apogée « Je suis à mon bien-aimé et son désir va vers moi. »
La tendresse, l'approbation, le respect, étaient pour moi expériences si nouvelles, qu'elles m'eussent tourné la tête, si mon exaltation n’eût été contre-balancée par une reconnaissance sans homes; et une terreur folle de retomber dans les mains de maman, qui m’eût fait consentir n'importe quoi.