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Critique de 974JerLab34


Merci à Marie-Laure alias Kirzy, précieuse aiguilleuse du ciel littéraire qui m'a guidé vers ce livre. Elle, ainsi que d'autres vigilants babéliotes, veillent à ce que, parmi les astres qui attirent facilement le regard, notre attention soit attirée vers des météores plus petits et pourtant brillants.
Sonia Pierre fut une étoile. Une étoile éloignée de notre galaxie occidentale mais qui irradie le ciel caribéen. Il en est des humains comme des corps célestes, leur lumière agit encore même après leur mort, dans les souvenirs intimes ou dans la conscience des peuples. Sonia Pierre consacra sa courte vie, au prix de sa santé, à défendre les droits des travailleurs migrants haïtiens et de leurs descendants en République Dominicaine. La crise migratoire que nous connaissons actuellement est le plus souvent résumée à une opposition Nord/Sud. Or, dans d'autres régions du globe, des très pauvres vont chez des moins pauvres. Mais, pauvres quand même ! Quand le gâteau à se partager n'est pas très important, la solidarité entre damnés de la terre n'est pas toujours de mise et le malheur qui frappe cette communauté haïtienne depuis des décennies est révoltant. Si l'on ajoute le poids de l'histoire compliquée d'Hispaniola, il n'est pas difficile d'imaginer le drame que représente ce destin de « déracinés ».
Catherine Bardon a eu la judicieuse et salutaire idée de narrer le parcours de cette « Fanm vanyan » sous la forme d'un roman même si, parfois, elle cède à un style trop documentaire, sans doute effrayée à l'idée de trahir la mémoire de cette héroïne. Cette maladresse vénielle est pardonnée car l'essentiel est magnifiquement préservé : porter à la connaissance d'un large public le combat de cette femme épatante et ainsi perpétuer son action. Catherine Bardon imagine des personnages secondaires romanesques, mais en fine observatrice de cette île plurielle, Kerline ou le père Anselme paraissent plus vrais que nature. « Anticlérical fanatique, gros mangeur d'ecclésiastiques », j'ai pu également rencontrer certains hommes ou femmes d'église qui s'engageaient auprès des populations pauvres de cette Haïti chérie. En découvrant la prose sensible et honnête de Catherine Bardon, je songeais à ces petites soeurs du Limbé, dévouées à la cause des orphelins, aux volontaires catholiques de Corridon qui réparaient les pompes indispensables à l'agriculture, et à tant d'autres… « Que l'un fut de la chapelle et l'autre s'y dérobât » n'a que peu d'importance au regard de ces engagements louables. Catherine Bardon, en évoquant cette grande dame, entretient une flamme humaniste qui est autrement plus précieuse que son homologue olympique.
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