"Tous ses livres sont puissants et vous emmènent à la rencontre de destins de femmes exceptionnelles." - Valérie Expert
- Une femme debout, de Catherine Bardon aux Éditions Les Escales.
Le parcours hors du commun de Sonia Pierre, militante des droits humains, qui fit de sa vie un combat. Devenue avocate, elle luttera toute sa vie pour les droits des enfants nés de parents haïtiens sans existence légale en République dominicaine.
À retrouver sur lagriffenoire.com
https://lagriffenoire.com/une-femme-debout.html
Et découvrez en poche :
- La fille de l'ogre
https://lagriffenoire.com/la-fille-de-l-ogre-1.html
- Les déracinés
https://lagriffenoire.com/les-deracines.html
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Elle parle français et anglais couramment, un peu d’allemand, connaît Ovide et Léonard de Vinci, Brahms et Verdi, la recette du bœuf bourguignon et celle des crêpes, maîtrise le point de boutonnière, sait distinguer un couteau à viande d’un couvert à poisson, elle joue au golf, au tennis, crawle, et surtout elle monte à cheval à la perfection. C’est là qu’elle excelle. Une cavalière à la hauteur de son père. Elle brûle de le lui prouver. Alors oui, ces années françaises lui ont été bénéfiques.
(page 53)
Elle a copié le style des mannequins des revues de mode et espère afficher une sorte d’élégance « à la française ». C’est un peu raté, Flor n’est pas très jolie, ni très grande, ni très classe. Ce n’est rien qu’une jeune fille de dix-sept ans aux allures de métisse, qui se cherche encore. Mais peu importe, elle est la fille du président et cela lui confère une aura très tangible.
(page 54)
L’image qu’offre son nouvel époux à Flor est catastrophique, mais finalement, c’est juste le reflet de ce qu’elle est elle-même. Un jouet, une carpette, un souffre-douleur au creux de la main d’un tyran qui lance et relance sans cesse le yoyo.
(pages 239-240)
« 95 % des votes, tu te rends compte mi’ja ? Le soutien de toute l’élite du pays, du jamais vu, un exploit ! » Ce qu’elle omet de préciser, Aminta, c’est que, menacés de mort, les opposants politiques ont préféré jeter l’éponge ; que, contraints à la démission, les membres de la commission électorale ont été remplacés par des hommes à la botte ; que la campagne électorale s’est déroulée dans un climat de véritable terreur.
(page 48)
Elle sait trop à quel point son cœur est avide de la reconnaissance et de l’amour de son père, à quel point exister à ses yeux, capter son attention, conquérir son approbation, le satisfaire est vital pour elle. Car si elle n’existe pas à ses yeux, elle n’existe tout simplement pas. Rien n’a vraiment changé depuis l’époque où elle examinait avec angoisse son carnet de notes de Bouffémont.
(pages 198-199)
L’Ogre des Caraïbes… On l’appelle aussi le César des Caraïbes, le Généralissime, le Bienfaiteur de la Patrie. Tout démocrate qui se respecte abomine le tyran qui règne sur la moitié de l’île qui se déploie à quelque 600 miles de la Floride.
(page 170)
Engourdie sous une chape de peur, Ciudad Trujillo est devenue léthargique à force de servilité. On n’ose plus sortir et on n’a plus guère le cœur à s’amuser dans cette ville agonisante, une ville de couleurs ternies, de parole muselée, de rires oubliés.
(page 244)
Je découvrais peu à peu ce que je n'avais pas soupçonné : le travail physique rend heureux. Non seulement cela vide la tête des pensées moroses et obsédantes, mais nos réalisations concrètes étaient immensément gratifiantes. Chaque pierre posée, chaque toit terminé, chaque mètre de route tracé, chaque puits creusé était une victoire sur la nature et le néant, un accomplissement total et totalement décisif, un pas en avant qui construisait notre nouvel univers. Notre rêve de bâtir une ville se concrétisait.
page 392 - La laiterie et la fromagerie fonctionnent toujours sous le label "productos Sosua". Les descendants sont toujours à Sosua où ils veillent sur la synagogue et le musée.
En bon époux latin, Porfirio attend de sa femme qu’elle lui soit soumise. Comme sa mère l’a été à son père. Et peu à peu, il découvre que Flor a un caractère bien trempé. De surcroît, c’est une enfant gâtée, susceptible et coléreuse. Des disputes éclatent souvent pour des petits riens. Il la rabroue. Elle le provoque. Il s’emporte. Ça s’envenime. Les noms d’oiseaux volent. Ils se rabibochent au lit.
(page 83)
Flor a vingt ans, un mari volage, un tyran qui régente sa vie en guise de père. Toujours pas d’enfant. Et aucune lueur d’espoir.
(page 94)