AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de PtitVincent


Le docteur Fernando Pais semble vivre des jours heureux, dans une capitale portugaise sous le joug des militaires et du dictateur Salazar. La quarantaine bien portant, il visite tranquillement sa patientèle, pratique un humour courtois avec sa concierge et profite des soirées lisboètes pour partager vin, nourriture et rires avec ses amis et rencontrer de futures maîtresses.
Et même lors de ses visites quotidiennes au PIDE (police politique de la dictature) pour soigner un de ses membres, le praticien sait fermer les yeux si certaines portes restent ouvertes.
Mais la rencontre inopinée avec un enfant farceur, justement devant le QG du PIDE, va l'amener à s'interroger sur son mode de vie. Et se souvenir que durant ses années étudiantes, Fernando s'était engagé dans le militantisme pour les beaux yeux de Marisa, une jeune communiste.
Peu à peu, Nicolas Barral nous révèle le portrait d'un homme à l'allure débonnaire mais au parcours plus complexe qu'il ne semble. Afin de protéger l'enfant, il s'interpose face à un militaire, puis part à la recherche du gamin. Sa rencontre avec la famille de Joao va l'amener à reconsidérer sa vie et son attitude. Mais le passé peut ressurgir à tout instant.
En nous racontant un pan peu connu (en France en tout cas) de l'histoire du Portugal, l'auteur nous interpelle sur la notion de l'engagement, nous montrant une société dirigée par la peur. Une peur qui régit toutes les strates du pays. Évoquant par la même occasion, l'engagement militaire et colonial au Mozambique et en Angola, mais aussi un exode important d'une grande part de la population (ne serait-ce que pour éviter d'être enrôlé pour ces guerres). Et bien d'autres thèmes encore.
Nicolas Barral avait jusqu'alors principalement dessiné des albums scénarisés par d'autres. On lui connait notamment "Les aventures de Philip et Francis" (pastiche hilarant de Blake et Mortimer) et les loufoques Sherlock Holmes qu'il a signé avec Pierre Veys ("Baker Street"). Ou les albums de Nestor Burma, adaptation des romans de Léo Malet. Sans oublier quelques albums avec Tonino Benacquista. Pour son premier album en solo, Nicolas Barral, plus sérieux qu'à son habitude, signe ici une bande dessinée particulièrement réussie, avec des dessins semi-réalistes qui apportent beaucoup d'empathie à ses personnages. Un trait généreux qui met en valeur notamment le meilleur ami de Fernando, l'écrivain Horacio Antunes, un homme discret et altruiste…
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}