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Critique de MadameTapioca


Lisbonne 1968 : au pouvoir depuis 1932, le vieux dictateur Antonio Salazar est frappé d'une hémorragie cérébrale. Ce n'est pas la fin du totalitarisme pour les Portugais, loin de là.  Marcello Caetano lui succèdera à la tête de l'Estado Novo et il faudra attendre 1974 avec la Révolution des oeillets pour que le peuple portugais connaisse enfin la liberté. Pourtant l'accident de Salazar marque le début du réveil du pays, tout doucement, après un sommeil de 33 ans. A tâtons, comme au sortir des ténèbres, inquiet de son avenir, le Portugal, sans forces politiques, sans syndicats, déshabitué de la démocratie commence à penser à un autre destin. C'est dans ce contexte que Nicolas Barral a choisi de planter le décor de sa BD.
Fernando Pais, est médecin. Il s'occupe de sa petite clientèle et occasionnellement des membres de la PIDE, la terrible police politique. Pourtant Fernando n'est pas ce que l'on pourrait appelé un pro-salazar. Dans sa jeunesse il a même frayé dans les milieux militants contre le pouvoir. Mais depuis il s'est coulé dans son confort et dans l'indifférence. Il est un citoyen comme un autre, il se laisse porter, il s'accommode, il profite de la douceur de vivre et de ses maitresses. Sa rencontre imprévue avec un gamin rebelle va le confronter à tout ce qu'il ne veut pas voir, à son passé et l'entrainer vers des chemins qu'il n'imaginait pas.

Nicolas Barral mêle le parcours individuel d'un homme à celui d'un pays et il le fait brillamment. Son récit est profond, sensible, respectueux, sans réponse toute faite. En suivant les interrogations de Fernando, l'auteur nous questionne indirectement sur l'engagement, sur notre propre comportement si notre pays venait à connaitre la dictature. Je ne veux rien divulguer mais sachez que  « Sur un air de fado » n'est pas qu'une chronique sociale, qu'une histoire politique, c'est aussi une histoire d'amour. Une façon très humaniste de plonger dans le Portugal fasciste. Avec en toile de fond l'interminable guerre des colonies africaines et des petits clins d'oeil à Pessoa, cette bd aux tons sépias, propre à la mémoire, est une très belle réussite qui rend hommage à l'âme portugaise.

PS: Lisboa, sinto tanto sua falta
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