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Critique de Tlivrestarts


Autant vous le dire tout de suite, j'ai été bouleversée par la lecture de ce magnifique 1er roman.

Dès l'incipit, je suis happée :

Seuls ne meurent vraiment que ceux que l'on oublie.

Nous voilà au Château des Arts à Talence en Gironde. Là, le Docteur Albert Barraud et son épouse élevèrent leurs enfants, deux garçons, Max aujourd'hui kiné et le père de la narratrice, dentiste. Sur fond de 2ème guerre mondiale, une voix résonne au château "Maman, maman, papa a été arrêté !" Dès lors, la vie de la famille Barraud ne sera plus jamais la même. le Chef de famille deviendra Directeur du Service de Santé de l'Organisation Civile et Militaire (O.C.M.), il sera ensuite déporté en 1944 à Neuengamme et mourra au large de Lübeck à bord d'un navire, le Cap Arcona. L'histoire de cet homme sera cachée jusqu'à ce que la narratrice, Marie, la petite fille d'Albert Barraud, se mette en quête de l'itinéraire de son grand-père.

Ce roman m'a profondément touchée tout d'abord je crois, par l'initiative prise par une petite fille qui veut comprendre ce qui s'est passé, et à travers l'histoire de son grand-père, découvrir qui elle est, d'où elle vient. Elle savait ne pas pouvoir compter sur son propre père qui restait muet sur la génération d'avant, marquée à jamais par l'absence de cet homme, et qu'elle ne savait pouvoir affronter, un peu comme si le respect et l'amour qu'elle vouait à son père l'empêchaient de pouvoir échanger avec lui.

"Il est le seul adulte avec qui je ne sais pas être adulte. Je ne parviens pas à me défaire de cette parole sacrée et remets systématiquement en question mes opinions quand elles lui sont opposées." P. 22

Marie Barraud sait que sa vie dépend de ce passé dont le secret devient trop lourd à porter, elle mesure à quel point sa vie à elle s'inscrit dans les pas des deux hommes, son père et avant lui son grand-père :

"Notre vie peut prendre chaque jour la forme de nos folies, mais elle reste finalement, le prolongement des vies de ceux qui nous ont précédés." P. 74

Avec cette quête, Marie Barraud focalise sur les souvenirs et leur fragilité. Elle va rencontrer un survivant du camp de Neuengamme qui va l'aider à découvrir le rôle de son grand-père dans cette grande guerre. Elle va mesurer avec cette rencontre à quel point il est difficile d'assurer ce devoir. le fardeau de ceux qui ont vécu les événements et en sont revenus pourrait bien être aussi lourd à porter que celui de ne pas s'avoir et de s'évertuer à le découvrir.

"Il semblait s'être promie de ne jamais oublier. Rien. Pas le moindre détail. Au nom de tous ceux restés là-bas." P. 87

Mais plus encore, en cherchant à découvrir le passé de son grand-père, Marie Barraud va apprendre, un peu malgré elle, beaucoup de la vie des deux enfants, son père et son frère, les rivalités entretenues entre les 2 garçons pendant leur plus tendre enfance et qui ne manqueront pas de s'accroître avec les années. Elle va ainsi apprendre à cerner ce personnage qu'elle vénère tant aujourd'hui et à qui elle va dédier ce livre qui se trouve à la limite entre un roman et un récit de vie. Elle offre une profonde marque d'amour à ce père et espère pouvoir le libérer d'un poids dont lui-même n'a jamais voulu ou pu s'émanciper, rongé qu'il était par les regrets.

Enfin, grâce à cette initiative, la narratrice va aussi créer des ponts avec son propre frère, Benjamin, qui va lui aussi jouer un rôle aux côtés de Marie, une bien belle manière de donner du sens à ce que peut représenter une fratrie.

Les dernières pages sont d'une très grande émotion. D'ailleurs, en parlant d'émotions, je trouve que la plume de Marie Barraud sait décrire avec les mots justes les sentiments et cette incapacité de l'individu à pouvoir maîtriser leur expression :

"Mais la plus belle comme la plus sombre des émotions ne peut être saisie par des mains, même les plus courageuses." P. 124

Ce livre témoigne s'il en était encore nécessaire que le simple fait de pouvoir poser des mots sur ce que l'on ressent peut être un premier pas vers un mieux-être, une meilleure santé psychique.

"Parce que cette douleur n'a jamais été soulagée par des mots, elle s'est exprimée par des maux qui, sans ton intervention, auraient hanté encore ta descendance." P. 183

S'agissant d'un livre, nous pourrions bien parler là de bibliothérapie, non ?
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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