AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Garoupe


Au choix : dada ou lipo

Le rédacteur de ce billet, dans un rare et très court accès de lucidité, tient à présenter toutes ses excuses à ses (rares mais pas forcément très courts) lecteurs avant qu'ils n'entament cette (rare et très courte) chronique car elle n'a ni (rare ni très courte) queue ni (rare ni très courte) tête et 2/ à en rejeter la faute sur l'auteur.

Le personnage de ce livre n'est autre que Pierre Barrault. Or le personnage de ce livre (et tout ce qui lui arrive) est totalement fictif. Donc Pierre Barrault n'existe pas.

C'est pourtant le très tangible auteur de cette beaucoup moins tangible fiction… sans parler de Claire sa femme.

Comment voulez-vous donc parler avec des mots concrets d'un tel livre, basé uniquement sur l'absurde, le décalé, l'abstrait, l'improbable. Alors que tout ce qui relève de ces créations de l'esprit fantasque de l'auteur est bel et bien réel, alors que tout ce qui paraît improbable n'a rien d'impossible, puisque tout cela est écrit…

Dans un voyage en absurdie
Que je fais lorsque je le lis,
Pierre imagina sans complexe
Quand le lisant je s'rait perplexe

Pierre Barrault prend l'absurde comme règle d'écriture, un peu comme s'il participait à un projet oulipien, l'étrange comme norme.

« Et pour cause : c'est pinailler sans doute, mais enfin, ne pourrait-on faire un jour le nécessaire pour que soient ajoutés systématiquement nos reflets aux miroirs ? Je pose la question. » Ainsi, nous n'aurions plus besoin de réfléchir, notre réflexion serait déjà présente dans les miroirs avant que l'on passe devant. Mais si on ne réfléchit plus, on ne pourra plus savourer à sa juste valeur toute la saveur des récits de Pierre Barrault.

« Comme tu as faim, tu vends tes dents, tes chaussures, tes cheveux. Plus tard, tu rencontres trois agents de police. Tu prends peur, donc tu te jettes à leurs pieds et te mets à les supplier. Tu expliques : tu as vendu tes dents, tes chaussures, tes cheveux, comme ça, sans trop réfléchir, parce que tu avais faim, tu sais qu'il est interdit d'avoir faim. Alors l'un des agents de police éclatait de rire et tu reconnais tes dents à l'intérieur de sa bouche. Tu es allongé sur le trottoir et le deuxième agent de police piétine ton visage en plaisantant. Tu réalises que les chaussures qu'il porte sont les tiennes. Contre toute attente, le troisième agent ne porte pas tes cheveux. » Et là encore, il n'a pas réfléchi. du coup, peut-être que le lâcher prise est en fait la vraie et seule méthode pour apprécier toute la valeur des récits de Pierre Barrault. Allez savoir… avec lui c'est impossible de savoir de toute façon. Et c'est tant mieux.

Catastrophes ? C'est en fait tout le contraire.
Kata-strophes ? Elles sont vivantes de langue, d'écriture, de style.
Qu'a ta strophe ? Elle a du rythme, elle possède un phrasé, elle pulse de poésie dadaïste et oulipienne.

L'auteur assume, peut-être parce qu'il se cache derrière ce costume, le démiurge qu'est l'écrivain, celui qui fait ce qu'il veut, comme il veut, quand il veut et à qui il veut, surtout à ses personnages quitte à les transformer en chat qu'ils le détestent ou critiquent son livre.

Vous comprendrez donc que je ne me risquerai certainement pas à émettre la moindre critique négative sur ce livre. Elle serait de toute manière totalement déplacée, complètement fausse, outrageusement empreinte de jalousie parce que, sauf à ce que l'auteur prenne en plume ma destinée de lecteur blogueur, je serai bien en peine de parvenir à écrire ses histoires avec son style… Je me permets de lancer ce message, ce cri du coeur, un cri plein d'amour : « Pierre Barrault ! Salaud ! le lectorat n'aura jamais tas peau ! » afin qu'il continue à nous éblouir, à nous étourdir, à nous esbaudir.

Lien : https://garoupe.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          10







{* *}