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Pierre Barrault (Autre)
EAN : 9782374911533
132 pages
Quidam (05/11/2020)
3.43/5   7 notes
Résumé :
Enigmatiques ou délirants, les fragments dont ce livre fantasque est constitué sont, tout comme ce que le physicien Paul Ehrenfest a nommé «la catastrophe ultraviolette», d’évidentes aberrations.
D’une logique imparable, ils empruntent aux codes du rêve, du cinéma et des séries aussi bien qu’à la physique quantique, dont il n’est ici pourtant jamais question, ou de manière très implicite. On y croise un maître-nageur à huit bras, un certain Lomax, le sosie de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
De secrets fragments quantiques pour prétendre, en beauté, évoquer l'absurde et ce faisant, en poésie, dévoiler le réel.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/12/16/note-de-lecture-catastrophes-pierre-barrault/

Sous le signe mystérieux d'une catastrophe ultraviolette (qu'un inspecteur aux allures de Derrick ou un commissaire de chez Falco confirmera bien en UV-Katastrophe – le moment venu, ce sera au tour du narrateur de trouver un assassin), évoquant des marins ivres dans un port qui n'est pourtant pas celui d'Amsterdam, identifiant le pouvoir des clichés grâce à des choucroutes et à des tartes flambées, oscillant par moments dans d'ineffables décors de dessin animé, croisant régulièrement Patrick McGoohan dans son personnage du « Prisonnier » (Est-ce que « le parfum du jour est fraise » ?) et devant se méfier bien plus souvent des sosies de François Berléand, dont on sait depuis un certain épisode de « Dix pour cent », et même sans canard géant, à quel point, paradoxalement, les piscines ici presque inaccessibles et les baignoires ici presque omniprésentes peuvent les attirer, résolvant comme on le peut le problème des miroirs (qui ne se limitent pas à la création de sourires terrifiants), repérant d'étranges boucles temporelles lorsque, par exemple, une scène se répète, et observant trop souvent des bugs dans la matrice (pardon, des dysfonctionnements holographiques), « Catastrophes » évolue dans un continuum espace-temps à part entière, adjacent par moments à ceux de Philippe AnnocqueMémoires des failles ») ou de Frédéric FiolofLa magie dans les villes »), un lieu mobile et métamorphe où évoluent à l'occasion des animaux-bogue (comme en témoigne la superbe illustration de couverture conçue par Hugues Vollant), des éléphants mécaniques empruntés aux Machines de l'Île, ou une très borgésienne preuve par les passagers du bus Ejecutivo 033 de l'existence de Dieu. Et c'est bien en compagnie des physiciens théoriques Paul Ehrenfest et Bernard d'Espagnat (dont certains fragments de philosophie de la mécanique quantique surgissent en rappel à la dernière page de l'ouvrage) que Pierre Barrault apporte ici son précieux atome de sagesse paradoxale, dissimulé dans de lumineux protocoles fantômes, à la recherche d'un réel diablement voilé.
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« Catastrophes » est un remède contre la morosité actuelle. Plus de Covid, plus de confinement ! Lisez ces échappées, ces morceaux d'architecture et vous verrez que tout peut changer au vent de la vie. Il fait un bien fou. Ose le pas de côté. le style original, avant-gardiste est une réussite hors norme, tant Pierre Barrault semble « le Diogène » d'une littérature décalée, cubiste. Une mise en abîme d'un champ littéraire époustouflant, curieux et captivant. Doué, Pierre Barrault affûte ses mots, à la limite d'une chronique qui flirte entre la dérision, la satire, le libre-arbitre. On devine un auteur empreint d'humour. Les signaux sont vifs, clins d'oeil au conventionnel, qui, ici n'a pas sa place. « Je dois pour je ne sais quelle raison me rendre à Beaupréau, au sud-ouest du Maine-et-Loire. » Rappelez-vous ce nom d'une petite ville charmante que je connais… Elle est le point fixe de ces fragments, pavlovienne et réelle. « Pour avoir une chance de gagner Beaupréau je me suis offert les services d'un guide. Il ressemble à Frédéric Lopez. » « Catastrophes » est un patchwork de couleurs, de séquences, d'une subtilité rare. Des séquences qui sont des odes de surprises, des éclats de rire. Des tiroirs que l'on ouvre à fantaisie. Un pied de nez face à l'adversité, au pragmatisme. « Catastrophes » sous ses airs de détente, de folie douce, est la preuve des détournements d'un réel que l'on croyait inéluctable. On peut choisir Sa logique, l'image vue comme certifiée ou pas. « Notre toute petite fille a trouvé sur la terrasse un animal très étonnant. Il ressemble à une bogue de châtaigne sans châtaigne à l'intérieur. Il parle beaucoup… » On est en assise dans un livre qui rassure et pourvoit au doute. « Catastrophes » est un saut dans la flaque des aprioris qui sont les fléaux de notre contemporanéité. Il est bannière. Une traversée dans une littérature d'ouverture et de réenchantement de tous les possibles. Il est aussi un modèle d'écriture et de construction à analyser pour tous les étudiants en littérature. Original et crucial pour notre monde. Publié par les Editions Quidam éditeur.
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Ce petit livre de 120 pages est bien plus complexe qu'il pourrait paraître. 63 séquences, qui vont d'une demie à quelques pages, se succédant sans répit. Dans ces séquences, des actions vécues par le narrateur, souvent au côté de Claire (qui va pourtant disparaître puis réapparaître, à Strasbourg, bref). Enfin, vécues, rien n'est moins sûr, une partie pouvant se présenter sous forme de rêves ou de pressentiments, voire de manière moins rationnelle.



Des textes à première vue absurdes voire improbables ou surréalistes, seulement identifiables après une trop forte consommation de psychotropes, à l'image de la couverture, le fameux animal-bogue.



Il est question de portes qui s'ouvrent, se referment, de transports en commun ou non, de corps démembrés, de baignoires qui se remplissent toutes seules sans ensuite pouvoir se vider, des situations impossibles mais burlesques. Car Pierre BARRAULT n'a pas oublié de se munir d'une bonne boîte à humour. Les dialogues entre le narrateur et Claire sont très drôles et vifs. La « toute petite fille » qui les accompagne reste quant à elle muette.



Certains éléments présents dans une séquence réapparaissent dans d'autres, ce qui est vrai aussi pour quelques personnages ou leurs vêtements. Des personnages qui ne se trouvent jamais où ils devraient être, dans des situations impossibles, des détails sans queue ni tête, sans explication, pour des postures parfois beckettiennes. « Je suis dans la rue et ma jambe droite remonte la rue sur le trottoir de droite tandis que ma jambe gauche la descend sur le trottoir de gauche. À mi-chemin entre ma jambe droite et ma jambe gauche, donc au milieu de la chaussée, mes bras font de grands moulinets, mes poings gigantesques défoncent les parebrises et écrasent les automobilistes à l'intérieur de leurs véhicules ».



En fait seule la version officielle ne peut se permettre d'envisager une explication quelconque. Celle de l'auteur tient de la physique quantique en mode gaz hilarants, de trous noirs farceurs, d'espaces-temps libres. Et là tout devient possible. Si l'on ne se trouve pas à un endroit au moment où l'on croit, mais plus tôt, ou plus tard, ou sous une autre forme, alors tout peut être réécrit. C'est ce s'amuse à faire Pierre BARRAULT dans un récit vitaminé et haletant, qui déconstruit les codes du genre. C'est grâce à ce subterfuge qu'il lui est notamment possible de dialoguer avec Patrick Mc GOOHAN dans la plus kafkaïenne des séries : « le prisonnier ». Ceci jusqu'à la « Catastrophe ultraviolette ».



« Claire me montre les photos qu'elle a prises lors de la visite de notre futur appartement, puis elle déclare que nous mettrons le canapé là, ou plutôt ici, et la bibliothèque ici, contre le mur du fond. Je l'arrête immédiatement : on ne peut pas mettre la bibliothèque contre le mur du fond puisqu'il y a déjà l'agent immobilier. Mais Claire lève les yeux d'un air agacé et me répond qu'il va dégager. Alors c'est jouable… ».



Livre inclassable et maudit puisque ajourné en mars dernier pour cause de confinement, et peinant à sortir aujourd'hui pour cause de reconfinement, jamais une « Catastrophe » n'aura aussi bien porté son nom, à moins que là aussi, la physique quantique ait agi d'une manière discrète mais efficace. Ce texte est cependant disponible chez Quidam éditeur qui vient de le faire paraître.

https://deslivresrances.blogspot.fr/

Lien : https://deslivresrances.blog..
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Au choix : dada ou lipo

Le rédacteur de ce billet, dans un rare et très court accès de lucidité, tient à présenter toutes ses excuses à ses (rares mais pas forcément très courts) lecteurs avant qu'ils n'entament cette (rare et très courte) chronique car elle n'a ni (rare ni très courte) queue ni (rare ni très courte) tête et 2/ à en rejeter la faute sur l'auteur.

Le personnage de ce livre n'est autre que Pierre Barrault. Or le personnage de ce livre (et tout ce qui lui arrive) est totalement fictif. Donc Pierre Barrault n'existe pas.

C'est pourtant le très tangible auteur de cette beaucoup moins tangible fiction… sans parler de Claire sa femme.

Comment voulez-vous donc parler avec des mots concrets d'un tel livre, basé uniquement sur l'absurde, le décalé, l'abstrait, l'improbable. Alors que tout ce qui relève de ces créations de l'esprit fantasque de l'auteur est bel et bien réel, alors que tout ce qui paraît improbable n'a rien d'impossible, puisque tout cela est écrit…

Dans un voyage en absurdie
Que je fais lorsque je le lis,
Pierre imagina sans complexe
Quand le lisant je s'rait perplexe

Pierre Barrault prend l'absurde comme règle d'écriture, un peu comme s'il participait à un projet oulipien, l'étrange comme norme.

« Et pour cause : c'est pinailler sans doute, mais enfin, ne pourrait-on faire un jour le nécessaire pour que soient ajoutés systématiquement nos reflets aux miroirs ? Je pose la question. » Ainsi, nous n'aurions plus besoin de réfléchir, notre réflexion serait déjà présente dans les miroirs avant que l'on passe devant. Mais si on ne réfléchit plus, on ne pourra plus savourer à sa juste valeur toute la saveur des récits de Pierre Barrault.

« Comme tu as faim, tu vends tes dents, tes chaussures, tes cheveux. Plus tard, tu rencontres trois agents de police. Tu prends peur, donc tu te jettes à leurs pieds et te mets à les supplier. Tu expliques : tu as vendu tes dents, tes chaussures, tes cheveux, comme ça, sans trop réfléchir, parce que tu avais faim, tu sais qu'il est interdit d'avoir faim. Alors l'un des agents de police éclatait de rire et tu reconnais tes dents à l'intérieur de sa bouche. Tu es allongé sur le trottoir et le deuxième agent de police piétine ton visage en plaisantant. Tu réalises que les chaussures qu'il porte sont les tiennes. Contre toute attente, le troisième agent ne porte pas tes cheveux. » Et là encore, il n'a pas réfléchi. du coup, peut-être que le lâcher prise est en fait la vraie et seule méthode pour apprécier toute la valeur des récits de Pierre Barrault. Allez savoir… avec lui c'est impossible de savoir de toute façon. Et c'est tant mieux.

Catastrophes ? C'est en fait tout le contraire.
Kata-strophes ? Elles sont vivantes de langue, d'écriture, de style.
Qu'a ta strophe ? Elle a du rythme, elle possède un phrasé, elle pulse de poésie dadaïste et oulipienne.

L'auteur assume, peut-être parce qu'il se cache derrière ce costume, le démiurge qu'est l'écrivain, celui qui fait ce qu'il veut, comme il veut, quand il veut et à qui il veut, surtout à ses personnages quitte à les transformer en chat qu'ils le détestent ou critiquent son livre.

Vous comprendrez donc que je ne me risquerai certainement pas à émettre la moindre critique négative sur ce livre. Elle serait de toute manière totalement déplacée, complètement fausse, outrageusement empreinte de jalousie parce que, sauf à ce que l'auteur prenne en plume ma destinée de lecteur blogueur, je serai bien en peine de parvenir à écrire ses histoires avec son style… Je me permets de lancer ce message, ce cri du coeur, un cri plein d'amour : « Pierre Barrault ! Salaud ! le lectorat n'aura jamais tas peau ! » afin qu'il continue à nous éblouir, à nous étourdir, à nous esbaudir.

Lien : https://garoupe.wordpress.co..
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J'aime bien les oeuvres farfelues.
Dans La nébuleuse du crabe, d'Eric Chevillard, Crab est tour à tour orphelin, fils unique, fils d'une famille nombreuse (ou à peu près). Il est des choses incompatibles les unes avec les autres.
Ici aussi. La différence c'est que Chevillard développe, et Barrault non. Tout ici est invalidé au bout de 2 ou 3 phrases. On n'a au final rien.
De mes souvenirs de spectacles d'impro, pour qu'on progresse, il faut qu'une proposition soit acceptée pour qu'une construction soit possible. Multiplier les négations, vous faites du sur-place. Rares exceptions, Detour, le film d'Ulmer, et le début de Radio Libre Albemuth de Philip K. Dick.
Là, on n'a que ça, des hypothèses invalidées deux lignes plus bas.
Les dialogues sont courts et nombreux, n'exprimant rien.
Si malgré tout le livre vous a plu, et si vous ne connaissez pas, tentez Flann O'Brien, le troisième policier. C'est farfelu mais ça retombe sur ses pattes et ça laisse des souvenirs.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le sourire terrifiant
Un matin, je constate grâce au miroir de la salle de bains la présence d’un sourire terrifiant sur mon visage. Je regagne aussitôt la chambre afin de demander à Claire ce qu’elle en pense, mais à peine suis-je devant elle que le sourire terrifiant quitte mon visage et va s’installer sur le le sien. Claire se regarde à son tour dans le miroir et commence à rouspéter. Je lui tapote un peu l’épaule, mais elle rouspète de plus en plus et se met à m’insulter et à me hurler dessus, toujours avec le sourire terrifiant, qui manifestement ne veut plus quitter son visage.
– Allons, allons, dis-je.
Ensuite, Claire me saisit par le col et me secoue si fort que je suis sur le point de m’évanouir, mais heureusement, à ce moment-là, on sonne. Je titube jusqu’à la porte et ouvre au voisin qui n’a qu’une main. Je l’aide à ouvrir un bocal de cornichons. Il me remercie et en le regardant je vois que le sourire terrifiant s’est installé sur son visage. Je m’abstiens de le lui faire remarquer. Je le salue poliment. Je referme la porte. Je retourne auprès de Claire et je lui tapote encore un peu l’épaule.
– Ça va mieux, me dit-elle, l’affreux sourire est parti.
– Terrifiant, dis-je. Le sourire terrifiant.
– J’espère qu’il ne reviendra jamais.
– Il est sur le visage du voisin, pour l’instant.
– Celui qui n’a qu’une main ?
– Oui.
– Il va le garder, tu crois ?
– Probablement, dis-je. Il ne sort jamais. Il ne croise personne à part nous.
– Alors il ne faut plus lui ouvrir. Tu m’entends ?
– C’est un peu délicat. Il ne peut pas s’en sortir tout seul avec ses boîtes de sardines et ses bocaux de cornichons. Nous allons passer pour des grosses merdes.
– Je m’en fiche. Il peut manger autre chose. De toute façon, les boîtes de conserve, c’est dégueulasse.
– Certes, mais là n’est pas la question… En même temps, nous allons déménager dans quinze jours…
– C’est vrai.
– J’aime autant ça.
– Moi aussi. Espérons qu’il n’ait pas de bocal à ouvrir durant les deux prochaines semaines.
– Oui, espérons.
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Notre petite fille a trouvé sur la terrasse un animal très étonnant. Il ressemble à une bogue de châtaigne sans châtaigne à l'intérieur. Il parle beaucoup...
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Intégrale de chemin
Je dois pour je ne sais quelle raison me rendre à Beaupréau, au sud-ouest du Maine-et-Loire. J’arrive à un carrefour. Il y a quelques panneaux, malheureusement les indications qu’ils me donnent sont pour le moins obscures : FRRAHZMPF (à droite ou à gauche), GRUMLHYC (à gauche), ORFLORMPPPFF (à droite), PLUGRRRRMPHG (tout droit). Quelle direction prendre ? Vite, je me scinde en trois, prends à droite et à gauche et tout droit en même temps. Trois trajets, trois histoires à raconter. Ou plutôt une infinité. Une infinité d’histoires qui, arrivées à destination n’en feront finalement qu’une…
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Brusquement je perds toutes mes dents, bientôt suivies de mes cheveux et de mes ongles et peut-être aussi de quelques-uns de mes organes internes. Un homme arrive à ma hauteur, aussitôt se penche, ramasse le tout à la hâte et disparaît au coin de la rue. Une pensée me traverse alors l’esprit. Et si ce malade avait l’intention de me reconstituer ? Peut-être bien, oui, mais dans quel but ?
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Videos de Pierre Barrault (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Barrault
"Casastrophes" c'est comme la vie, mais en mieux - Le replay de la rencontre avec Pierre Barrault est disponible, bon visionnage ! - avec les éditions Quidam
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