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Critique de traversay


A 89 ans, au crépuscule d'une vie émaillée de tragédies, Lilly n'est pas en colère. Ni contre Dieu ni contre la folie destructrice des hommes qui a provoqué la perte de ceux qu'elle aimait : frère, mari, petit-fils. Non, cette irlandaise émigrée en Amérique depuis longtemps n'a pas de colère en elle. Mais elle est lucide, mélancolique et prête pour le grand saut. Mais avant cela, il lui faut livrer son histoire, sa traversée du siècle marquée par les guerres dévoreuses de destins. Comme un testament, ultime témoignage avant d'écrire le mot fin. Sebastian Barry, l'auteur de du côté de Canaan, se glisse avec agilité dans la peau de cette vieille dame, digne et jamais geignarde. Dans ce roman écrit avec délicatesse et humanité, dans un style d'une belle élégance, Barry alterne petites riens du quotidien présent et retour sur un passé tumultueux. Une façon habile de s'écarter d'un récit trop linéaire où la mort frappe plus souvent qu'à son tour. Certaines coïncidences ou hasards sont à peine crédibles mais tout le talent romanesque de l'écrivain est de rendre tout plausible ou presque. Et on admire au passage l'art de portraitiste de Sebastian Barry, sa capacité à rendre palpable le passage du temps, sans s'appesantir, avec une sorte de légèreté qui contraste avec la douleur des deuils que connait son héroïne, petit soldat au coeur généreux, finalement brisé en mille morceaux. Même si leurs histoires n'ont rien à voir, la Lilly de Barry est comme une petite soeur de l'Emily de Stewart O'Nan. Deux femmes très âgées, qui ont su résister à toutes les tempêtes, droites et fières, désormais sur le point de tirer leur révérence. Un adieu qui sonne comme une délivrance.
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