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Critique de Seraphita


Roseanne McNulty avoisine les 100 ans. Elle vit à l'hôpital de Roscommon qui est une institution psychiatrique en passe d'être démolie. Afin de savoir si Roseanne peut être réinsérée dans le monde « ordinaire », le médecin psychiatre Grene mène l'enquête. Parallèlement, Roseanne a décidé de coucher sur le papier ses mémoires, à l'insu de son médecin : elle cache son testament sous les lattes du plancher de sa chambre. Vers quelles révélations va mener ce patient travail de mémoire à double voix ?

Voici un beau roman irlandais que nous offre Sebastian Barry. Il entremêle habilement deux récits, deux histoires de vie unies vers la compréhension du passé de Roseanne, le témoignage de cette dernière sur elle-même, en premier lieu, les carnets du docteur Grene, ensuite, psychiatre en chef à l'hôpital psychiatrique régional de Roscommon.

Dans un style à la fois poétique et mélancolique, l'auteur nous emmène sur les plages du passé de Roseanne qui nous raconte son vécu douloureux, s'attachant à des personnages qui ont marqué sa vie, tels son père, au destin tragique, ou de son mari, Tom. le regard croisé du docteur Grene nous offre des précisions, des compléments : il mène son enquête parallèlement, sans se douter que Roseanne de son côté écrit ses mémoires.

La figure de l'antipathique père Gaunt, un prêtre, est contée dans ce roman, faisant apparaître la dimension nodale de la religion et des mésententes religieuses qui secouent l'Irlande au XXème siècle. Une page de l'histoire de ce pays nous est retracée, notamment à travers la guerre civile et le rôle, en toile de fond, de l'IRA.

Ce roman conte une histoire difficile, douloureuse, qui laisse la part belle aux ressentis, mais l'espoir transparaît au final, dans un rebondissement que je n'avais pas pressenti, un rebondissement habile : la vie qui, jusqu'ici, paraît dénuée de sens retrouve une cohérence : des sentinelles ont veillé sur le destin de Roseanne.

Le thème de la vie et de la mort apparaît en filigrane :
« Ma vie est comme une plume sur le dos de ma main,
Attendant le vent de la mort » (p. 220)
Derrière cette phrase assez résignée, se cache malgré tout un espoir, la recherche d'un sens.

Des réflexions sur la mémoire parsèment également le récit de Roseanne ou du docteur Grene :
« Si j'accorde foi à certains souvenirs, ils me serviront peut-être de pierres de gué et je traverserai le torrent des « jours anciens » sans m'y enfoncer complètement.
On dit que les vieux conservent au moins leurs souvenirs. Je ne suis pas vraiment certaine que ce soit toujours une bonne chose. J'essaie d'être fidèle à ce que j'ai dans la tête. J'espère que ces souvenirs essaient aussi de m'être fidèles » (p. 224).

Un roman parfois un peu lent, à la croisée des souvenirs, sur les chemins de la mémoire qui éclaire et donne sens au présent.
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