Un livre qui ne dit rien sur Emil
Cioran. Pire que ça : un livre qui veut nous amener à croire que l'on connaît Emil
Cioran alors qu'il faudrait appliquer à cet auteur la maxime socratique suivante : la seule chose que l'on peut savoir à son sujet, c'est que l'on ne sait rien. le risque ? S'imprégner de quelques-unes de ses péripéties biographiques –enfance rurale en Roumanie, études et engagement politique, désillusion et exil- et croire que le bonhomme figure enfin derrière une apparence cohérente.
Ecrire un essai biographique sur Emil
Cioran est forcément une affaire ratée d'avance.
Stéphane Barsacq, plutôt talentueux, échoue à moitié. Lecteur apparemment avide et avisé de l'exilé, il aurait pu se contenter de ce conseil de lecture à l'usage des rétifs :
« Ceux qui lisent
Cioran avec gravité en ratent l'essentiel : il ne propose pas des idées. Il vise une expérience, et fait état de la sienne, avec une frénésie continue. Peu de littérature moins intellectuelle que la sienne, car partout, il dresse la carte de ses humeurs et de ses désirs. Il se contredit ? Non. Il va de nuance en nuance. »
Et comme la littérature est une affaire d'hommes plus qu'elle n'est l'affaire d'un homme,
Stéphane Barsacq nous permet également de relier
Cioran à ses influences formatrices dostoïevskiennes et pascaliennes, ainsi qu'avec ses ressemblances ou dissonances contemporaines.
« Plus il écrit, plus il fragmente ; plus il excelle, plus il est court. »
La perversité d'Emil
Cioran ? Ramener la quintessence de la littérature à son minimalisme. Après lui, le risque majeur devient le suivant : ne plus apprécier ce qui ne tient pas en une ligne.
Lien :
http://colimasson.blogspot.f..